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Saint Bénilde (1805-1862)

Vies Consacrées

N°1968-1 Janvier 1968

| P. 35-36 |

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Le 29 octobre 1967 a été canonisé Pierre Romançon, en religion Frère Bénilde des Frères des Écoles chrétiennes, originaire de Thuret (Auvergne). Rien de plus simple que cette vie religieuse marquée d’un intense esprit de prière, d’une parfaite fidélité à la Règle, d’un dévouement total à l’œuvre de l’éducation. Pie XI, se prononçant sur les vertus du Frère Bénilde, le saluait : « un héros du terrible quotidien ». On songe à un saint Jean Berchmans lorsqu’on entend Frère Bénilde déclarer : « Je serais heureux si je pouvais mourir en accomplissant un point de règle ».

L’œuvre apostolique la plus importante du nouveau saint fut l’établissement et la direction de l’École de Saugues (Haute-Loire), où il se dévoua pendant 21 ans, de 1841 à sa mort, le 13 août 1862.

Ce n’était pas uniquement sur ses écoliers que le Frère Bénilde exerçait une action puissante par sa modestie, sa bonté, sa sainteté ; mais toute la communauté paroissiale se transforma sous son influence. En 1869, sept ans après la mort du Saint, on comptait plus de 245 Frères des Écoles chrétiennes sortis de l’école de Saugues.

À la cérémonie de canonisation, accomplie par le cardinal Larraona sur mandat spécial de S.S. Paul VI, alors malade, lecture fut donnée par Mgr Benelli de la Secrétairerie d’Etat du discours que le Pape devait prononcer.

Après avoir dit la joie de l’Église dans la communion des saints, le Pape décrit ce qu’est la sainteté :

La sainteté est une forme de vie tout entière rapportée à Dieu. Saint Thomas fait coïncider essentiellement la religion et la sainteté (IIa IIae, q. 81, a. 8) : de Dieu nous vient notre première et effective sainteté, la grâce ; de lui vient la règle qui nous rend justes et bons : sa volonté ; de lui, dans le Christ Jésus, l’exemple à contempler et à imiter ; de lui, toute aide pour conserver et pour développer le don de la vie nouvelle ; de lui, l’invitation au colloque spirituel qui, dans la prière, alimente la vie intérieure ; de lui, l’amour, qui nous rend capables de l’aimer et de tendre à l’union avec lui, union perfectible en cette vie, consommée en plénitude, Dieu le veuille, dans la vie future.

C’est précisément tout ce que l’on retrouve de plus caractéristique dans le Frère Bénilde.

En lui également se rencontrent ces deux aspects de la sainteté authentiquement vécue : la liberté et la décision volontaire d’une part, la docilité et l’obéissance parfaite d’autre part.

C’est justement de cette composition originale de spontanéité et de conformité à la règle établie, que la sainteté transparaît, comme un art de vivre, une harmonie enviable, un équilibre admirable ; qui transfigure une existence, si humble soit-elle, en un phénomène moral de beauté humaine.

La note spéciale de la sainteté du Frère Bénilde est qu’il fut « un Maître » parfait.

Il fut un maître, un maître d’école primaire et populaire, un maître d’un Institut insigne et méritant entre tous, pour l’instruction et l’éducation de la jeunesse. Un maître humble, pauvre, de santé fragile, dans un pays de montagne. Est-ce que ce titre suffit pour le dire saint ? Nous sommes tentés de dire oui. Quel autre titre revendiqua pour lui Jésus lui-même, sinon celui de Maître ? (cf. Mt 23,8 ; Jn 13,14)...
La profession même de Maître renferme une exigence de sainteté ; elle possède en elle-même une vertu qui engendre la sainteté. C’est un principe qui projette sur tout le monde enseignant une grande dignité, et sur toute la Famille religieuse des Frères des Écoles chrétiennes une présomption fondée de perfection chrétienne.

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