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Sens théologique de la clôture

Lucien-Marie de Saint-Joseph, o.c.d.

N°1967-3 Mai 1967

| P. 135-143 |

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Lorsque le décret Perfectae caritatis expose les principes généraux qui doivent être à la base de l’ aggiornamento de la vie religieuse et de ses observances, il demande à tous de « peser sérieusement cette considération : les meilleures adaptations aux exigences de notre temps ne produiront leur effet que si elles sont animées par une rénovation spirituelle [1] ».

Un exposé d’ensemble sur la clôture et sa nécessaire adaptation [2] se doit donc de commencer par une étude des fondements théologiques et du sens religieux de ces prescriptions, dont beaucoup sont liées à une civilisation et des mœurs disparues. Pareille étude est d’autant plus nécessaire que rares sont les auteurs qui accordent l’attention qu’elles méritent à ces considérations, qui, pourtant, donnent aux prescriptions canoniques leur sens et leur valeur [3] ; comme nous le verrons, celle-ci ne consiste pas essentiellement dans la sauvegarde de la virginité féminine consacrée.

Pour comprendre le sens profond de la clôture, il nous faut la situer dans une théologie de la sainteté, plus précisément de la sainteté de la vie contemplative vécue en communauté dans l’Église.

Clôture et sainteté

« Vous serez pour moi des saints, car je suis saint, moi, Yahvé, et je vous ai séparés des peuples pour être à moi [4]. » De même que cette « loi de sainteté » est le leitmotiv qui explique les prescriptions, nombreuses et variées, que promulgue le Lévitique, ainsi aussi nous sera-t-elle une clef qui nous ouvrira l’intelligence de la clôture.

La séparation que Dieu veut et réalise trouve son sens dans l’appartenance qu’elle rend possible ou favorise. À cette appartenance, aucune autre limite n’est assignable que la perfection même de la charité à laquelle Dieu appelle tous et chacun de nous : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait [5]. » La séparation, elle, n’est qu’un moyen, devenu nécessaire par le fait du péché [6], mais qui ne se justifie et n’a de sens que dans la mesure où cette séparation favorise l’appartenance à Dieu.

Le motif dernier (et donc la mesure) de toute distance que le chrétien prend par rapport au monde n’est et ne peut jamais être la persuasion manichéenne que le monde ou certaines de ses réalités (la vie conjugale, par exemple) seraient mauvaises en soi ; il ne peut pas non plus être une « fuite du monde », si l’on entend par là un réflexe de crainte et une peur des efforts inévitables pour qui veut devenir adulte dans la foi, ou même simplement vivre en homme digne de ce nom [7] ; ce ne peut pas non plus être un « mépris du monde [8] », mépris orgueilleux qui naîtrait de la conviction que la vocation religieuse fait de nous une caste de privilégiés, appelés à une perfection à laquelle ne peuvent prétendre de simples laïcs. Puisque tous les chrétiens sont appelés à la perfection de la charité [9], la séparation, les renoncements ne trouveront leur justification chrétienne dernière que dans cette charité surnaturelle, qui peut certes informer tous nos actes [10], mais que seul le renoncement, précisément en tant qu’il est sacrifice délibéré de biens et de valeurs positifs, peut manifester [11].

Clôture et vie contemplative

Si nous appliquons ceci au renoncement particulier que représente la clôture [12], il nous apparaîtra que sa raison profonde est de favoriser la vie contemplative. C’est ce qu’ont bien remis en lumière les documents pontificaux récents.

Dans la Constitution Sponsa Christi, du 21 novembre 1950, Pie XII précise en ces termes le sens des modifications qu’il introduit dans la clôture papale des moniales :

« Et tout d’abord, en ce qui concerne la vie contemplative des moniales, ce qui a toujours été en vigueur selon le jugement de l’Église, doit être conservé fermement et inviolablement : savoir que tous les monastères de moniales doivent toujours et partout, au point de vue canonique, professer la vie contemplative comme leur fin première et principale. C’est pourquoi il faut que les travaux et les ministères auxquels les moniales peuvent et doivent vaquer soient de telle nature et soient disposés et ordonnés de telle sorte quant au lieu, temps, façon de les accomplir, que la vie vraiment et solidement contemplative de toute la communauté et de chacune des moniales soit non seulement garantie, mais encore constamment nourrie et renforcée. »

Dans l’Instruction Inter cetera du 25 mars 1956, la S. C. des Religieux fait écho aux paroles pontificales :

« Puisque les esprits de nos jours sont attirés violemment par les choses extérieures, il faut aussi que soit conservée plus fermement l’institution de la clôture, grâce à laquelle les moniales peuvent se donner plus complètement à Dieu. »

De nombreux textes font mention d’une double fin assignée à la rigoureuse clôture des moniales : l’une, prudentielle, est de mettre ces religieuses et leur chasteté à l’abri des dangers du monde, l’autre est de favoriser la vie contemplative et de faire du jardin fermé des monastères, selon la très heureuse expression reprise par Pie XII à Hugues de Fouilloy [13], le « vrai cloître des âmes ».

Le motu proprio Ecclesiae sanctae, du 6 août 1966, se montre plus nuancé : « La clôture papale des monastères doit être considérée comme une institution ascétique singulièrement cohérente avec la vocation propre des moniales ; elle est en effet le signe, la protection et la forme particulière de leur retrait du monde. » – Si le mot « protection » vise la vie contemplative elle-même, l’expression est parfaitement juste. La clôture « protège » le retrait du monde nécessaire à la vie contemplative. L’on peut même à bon droit se demander si la virginité consacrée n’est pas elle-même ordonnée à l’épanouissement de la vie contemplative. Pie XII n’a-t-il pas écrit, sur ce sujet, l’encyclique Sacra virginitas, du 25 mars 1954, dont toute la première partie mériterait d’être amenée en témoignage. Bornons-nous à en citer un extrait caractéristique :

« Telle est donc la première intention, telle est la principale raison de la virginité chrétienne ; à savoir d’aspirer et de diriger son esprit et son cœur uniquement vers les choses divines ; de vouloir plaire à Dieu en toutes choses ; de penser à Lui intensément et de lui consacrer totalement son esprit et son corps. »

Nous sommes loin – et c’est heureux – de l’optique dans laquelle devrait se placer la Constitution Periculoso (1298) de Boniface VIII, première loi universelle sur la clôture des moniales [14].

Les temps ont changé et les mœurs se sont modifiées. La finalité religieuse propre de la clôture n’en apparaît que mieux.

Maintenir comme finalité essentielle de la clôture la sauvegarde de la chasteté des moniales constituerait un anachronisme sociologique : cette finalité était valable au temps où l’on ne concevait pas qu’une femme puisse faire vœu de chasteté sans la protection d’une clôture. Si maintenant encore on soutient que la clôture est nécessaire à la protection de la chasteté des moniales, faudrait-il en conclure que l’Église se désintéresse de la chasteté des religieuses actives qui sont en plein monde, pour ne pas parler des Instituts séculiers ? Disons donc clairement que la clôture est essentiellement au service de la vie contemplative.

Or, la vie contemplative est pour l’Église, elle est une fonction d’Église. Elle a pour mission de rendre visible la sainteté consacrée à rendre hommage à la Transcendance de Dieu.

Mais il se peut que, historiquement, une certaine contamination de la philosophie néo-platonicienne ait exercé son influence jusque sur la conception de la clôture.

Car le Dieu Transcendant, auquel les contemplatives consacrent leur vie, n’est pas le Dieu des Idées pures de Platon, le Dieu séparé du monde, le Dieu Transcendant non-historique. C’est le Dieu de la Bible qui agit dans le monde et se révèle en réalisant son dessein dans le monde.

C’est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de Jésus-Christ et non le Dieu des philosophes. C’est le Dieu dont Melchisédech a dit : « Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut qui créa le ciel et la terre, et béni soit le Dieu Très-Haut qui a livré tes ennemis entre tes mains [15] », c’est-à-dire le Dieu Très-Haut qui inscrit son action dans l’histoire du monde.

C’est pourquoi la vie contemplative comporte un lien vertical avec le Dieu Transcendant qui est le Dieu Très-Haut et un lien horizontal de communion avec le monde où ce Dieu agit.

Mais il ne s’agit pas de n’importe quelle communion : il s’agit de celle qui alimente la vie contemplative. Donc une communion qui est l’objet d’un choix continuel entre ce qu’il faut accepter et ce qu’il faut rejeter.

Historiquement, c’est la communion avec le monde qui révéla à Thérèse d’Avila la finalité ultime de sa Réforme, au cours des conversations qu’elle eut au parloir au sujet de l’Amérique et des guerres de religions.

Même au parloir, c’est toujours le lien avec Dieu agissant dans le monde que doivent rechercher les contemplatives. La clôture assure donc une double fonction nécessaire à la vie contemplative : celle du retrait qui assure le lien vertical avec le Dieu contemplé, celle de la communion sélective avec le monde où se réalise l’histoire du salut et où s’alimente la contemplation. Fonction de retrait et fonction de communion sélective ne sont pas susceptibles de réalisations concrètes identiques partout et toujours.

Deux facteurs en déterminent le dosage : la vie chrétienne de l’Église locale (ou plutôt régionale), où le style de réalisation de la clôture peut avoir différentes significations selon les lieux ; puis la vitalité contemplative de la communauté, plus ou moins capable d’assumer la communion sélective avec le monde.

C’est pourquoi la théologie fonde la nécessité de la souplesse des lois concernant la clôture, et leurs réalisations variables selon les temps et selon les lieux, sous la direction de l’autorité de l’Église [16].

Clôture et solitude

Saint Jean de la Croix nous sera ici un guide compétent et sûr, car il joint à un très grand amour pour la clôture un sens aigu des dangers que recèle la vie cloîtrée. Pour traduire dans le langage de la psychologie moderne ce qui est un des thèmes de sa doctrine spirituelle, disons qu’il nous apprend à distinguer la solitude de l’isolement :

« La solitude est le creuset de l’amour. Elle est l’épreuve par où passent, à des degrés divers, l’époux, l’ami, le mystique. Elle n’est pas repliement stérile mais réalisation de la constante nouveauté du désir : désir de l’autre, désir d’ouvrir à l’autre cette part de nous-mêmes qui échappe à notre propre regard, cet autre qui nous est plus intime que nous-mêmes. Elle est fidélité à ce désir unique dont la réalisation n’est possible que dans l’invisible espérance qui est sa force et qui, de requête en requête, nous mène au cœur invisible du monde : Dieu. »

Comme le marque excellemment saint Jean de la Croix, la solitude, soledad, est refus, par amour de Dieu, de tout ce qui n’est pas Dieu ou ne mène pas directement à Dieu.

Étant le signe et le fruit d’une préférence, pareille solitude est le lieu de l’action de Dieu :

Solitaire elle vivait
Et en solitude elle a posé son nid.
Et la guide en solitude,
Solitaire, son Ami,
Lui aussi navré d’amour, en solitude

Ce que le Saint commente en montrant pour l’âme les richesses de « la vertu de solitude dans laquelle elle est désormais mue et conduite aux choses divines par l’Esprit de Dieu [17] ».

Cette doctrine nous élève bien au-dessus des finalités classiques de la solitude, telles que permettre la prière solitaire à l’exemple du Sauveur, ou préparer les voies de l’ascèse. Pour vraies que soient ces considérations, elles ne nous livrent pas la signification profonde de la solitude : celle-ci est à la fois la condition et le fruit de l’action de Dieu, car elle est le lieu où il agit [18]. N’est-ce point pour cela que le Paradis terrestre apparaît comme l’archétype de toute clôture [19], car il fut le premier « espace sacré » ? On connaît l’importance et l’universelle diffusion de cette notion dans l’histoire des religions. Comme le note Mircéa Éliade : « Si variés et si diversement élaborés que puissent être les espaces sacrés, ils offrent tous un trait commun : il y a toujours une aire définie qui rend possible (sous des formes d’ailleurs très variées) la communion à la sacralité [20]. »

Il est émouvant de voir un Père de Foucauld retrouver et vivre cette réalité dans ses ermitages du Sahara : une simple ligne de cailloux, protection dérisoire s’il en fut, marquait seule la clôture qu’il s’était imposée ; mais la faiblesse du signe ne mettait que mieux en lumière sa signification profonde : l’espace ainsi délimité était l’endroit privilégié de la rencontre avec le Seigneur.

Plus ce signe sera dressé dans toute sa transparence, plus aussi la vie contemplative cloîtrée remplira-t-elle son rôle providentiel de témoin de la transcendance de Dieu et de son dessein de salut dans le monde.

Clôture et vie apostolique

C’est précisément en cela, en étant pour ce monde qui s’étiole de l’oublier, le signe tangible de la Transcendance de Dieu, que la vie contemplative cloîtrée est essentiellement apostolique. Sainte Thérèse d’Avila l’a dit en des pages admirables. « Plusieurs fois, soit dans le récit de sa Vie [21], soit dans le Chemin de la Perfection [22], soit dans les Fondations [23], elle a mis en lumière le caractère apostolique de la clôture. Ce n’est pas tant pour elle-même que pour le salut des âmes et pour le bien de l’Église qu’elle a voulu une clôture si rigoureuse. Quoi qu’il en soit des formes concrètes qu’elle a données à la clôture – formes inspirées des usages de son pays et de son temps, – le principe de la clôture était pour elle un pur moyen de parvenir à une authentique intimité avec Dieu en même temps que le signe et l’instrument d’une fidélité dont la fécondité était entièrement destinée à l’Église [24]. »

Pie XII a rappelé ce même enseignement aux moniales :

« Que les moniales sachent donc bien toutes que leur vocation est pleinement et totalement apostolique, nullement restreinte par des limites de lieux, de choses ou de temps, mais s’étendant partout et toujours, à tout ce qui a trait, de quelque manière que ce soit, à l’honneur de leur Époux ou au salut des âmes. »

De même, son radio-message du 2 août 1958 se terminait par une exhortation à participer à la mission apostolique de l’Église. Après avoir signalé diverses formes d’apostolat auxquelles les moniales peuvent en certains cas s’adonner, le Saint-Père évoque « un apostolat plus vaste et plus haut encore, celui de l’Église, Épouse du Christ », que la moniale réalise par sa vie même de contemplative :

« En montant toujours plus haut, toujours plus près de Dieu, vous étendez vos horizons et devenez d’autant plus aptes à vous orienter sur cette terre. Loin de vous enfermer étroitement en vous-mêmes entre les murs du monastère, votre union à Dieu vous élargit l’esprit et le cœur aux dimensions du monde et de l’œuvre rédemptrice du Christ, qui se prolonge dans l’Église ; voilà ce qui vous guide, soutient vos efforts et les rend féconds en tout bien. »

On ne peut mieux fonder la fonction de retrait et la fonction de communion sélective de la clôture.

Vraie et fausse clôture

D’avoir ainsi dégagé le sens théologique profond de la clôture à la lumière de la grande tradition dont saint Jean de la Croix et sainte Thérèse d’Avila nous ont été des témoins privilégiés, et à celle des documents les plus récents du Magistère, nous a mis en possession d’une norme éprouvée pour discerner entre vraie et fausse clôture.

Est une fausse clôture celle qui est à elle-même sa propre fin au lieu de rester le moyen qu’elle doit être : telle serait, par exemple, une clôture recherchée comme un refuge, par peur infantile des réalités meurtrissantes de l’existence ; telle serait aussi une observance vidée de son sens : on conserve scrupuleusement l’interdiction, mais c’est à peine si l’on se rend encore compte que celle-ci n’a de sens que pour aider à créer le « cloître des âmes » [25].

Est aussi une fausse clôture celle qui n’est pas acceptée et comme assumée de l’intérieur. Pareille clôture subie est presque toujours subrepticement violée par des compensations de tout genre : on les recherchera dans les relations avec le dehors, désirées et parfois même provoquées pour elles-mêmes et pour la distraction qu’elles apportent ; on les recherchera aussi à l’intérieur du cloître, où l’on entretiendra des affections trop humaines qui, loin d’épanouir les âmes en Dieu, les referment sur la créature ; de cette même recherche de compensations naîtra aussi l’empressement à briguer ou à garder tel emploi parce qu’il est l’objet d’une préférence naturelle, l’occasion de succès flatteurs, etc.

Fausse clôture encore que la clôture narcissique, où dans un « splendide isolement », l’âme se retire dans sa tour d’ivoire pour y pratiquer le culte de soi et le mépris du monde qui l’entoure.

Quant à la vraie clôture, elle sera la recherche amoureuse de cette solitude qui est présence et ouverture à Dieu, et, à travers Lui et en Lui, au monde entier.

C’est à sa lumière qu’il faudra juger des nécessaires réformes de cette institution. Est usage périmé, et donc à supprimer [26] tout ce qui, loin d’aider dans la poursuite de cet idéal, l’entrave et met obstacle au témoignage que les moniales ont mission de donner à l’Église et au monde d’aujourd’hui.

Est au contraire à conserver jalousement, dans une rénovation adaptée, tout ce qui correspond à la finalité essentielle de la clôture, qui est de rendre visible la sainteté consacrée à louer le Dieu Transcendant qui agit dans le monde.

L’Esprit Saint, qui a inspiré le Concile et promeut l’aggiornamento auquel il a donné le branle, ne manquera pas d’éclairer religieux et religieuses et de leur suggérer les initiatives que le décret Perfectae caritatis souhaite [27] et que le Motu proprio d’application autorise [28].

5, Villa de la Réunion.
75 – Paris (16 e )

[2Cette nécessité avait été fortement marquée par Pie XII dans la Constitution Sponsa Christi du 21 novembre 1950 (cf. R. C. R. 1951, p. 50-51). Elle a été rappelée et imposée par le décret Perfectae caritatis, n. 16 (Vie consacrée, 1966, p. 27).

[3Pour n’en donner qu’un exemple, mais significatif, le Dictionnaire de Théologie catholique, t. III, 1908, col. 244-245, définit comme suit la clôture et son origine : « Prise en sa signification objective, la clôture est l’enceinte fermée, interdisant aux personnes du dehors l’entrée d’un monastère... l’opinion commune... attribue l’origine de l’obligation de la clôture à l’autorité des supérieurs qui ont le droit d’administration, de surveillance et de sauvegarde des monastères... Les violations de la clôture par les religieux placeraient le prélat dans l’impossibilité d’exercer ses droits... » (B. Dolhagaray).

[4Lv 20,26 (traduction Dhorme).

[5Mt 5,48.

[6« Il n’y avait pas plus de fondement à la virginité qu’à la clôture au Paradis terrestre : car aucune réalité créée n’était pour nos premiers parents un obstacle à leur union à Dieu ; tout leur était moyen. » Lucien-Marie de Saint-Joseph, O. C. D., « Valeur spirituelle de la clôture », dans La séparation du monde (Problèmes de la religieuse d’aujourd’hui, 16), Paris, 1961, p. 198. Voir toutefois, dans le même recueil, l’article du P. A. Motte, O. P., Théologie de la séparation du monde, spécialement aux pages 142-150, où l’auteur défend la thèse que « la charité théologale, qui est en nous le gage de l’appel céleste, a quelque chose de nécessairement séparant » dès avant toute considération du péché.

[7C’est évidemment en un autre sens, celui de la fuite du monde mauvais et des occasions prochaines de péché qu’il nous offre, que l’expression est traditionnelle en spiritualité.

[8Sur cette expression discutée, on peut lire le numéro spécial (n° 163) que la Revue d’Ascétique et de Mystique lui a consacré en 1965 (t. 41, p. 233-432). Ces études ont été reprises en volume sous le titre Le mépris du monde (Problèmes de vie religieuse, 22), Paris 1965. Il convient de lire aussi les nombreux articles de Robert Bultot et principalement l’ouvrage Christianisme et valeurs humaines. A. La doctrine du mépris du monde, en Occident, de saint Ambroise à Innocent III, Louvain, 1964 et 1965.

[9Cf. Lumen gentium, c. 5, n. 39-42 : La vocation universelle à la sainteté dans l’Église.

[10« Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Co 10,31).

[11On lira avec fruit, sur ce thème, les fort belles pages que Karl Rahner, S. J., lui consacre et qui ont été traduites dans le volume Éléments de théologie spirituelle (collection « Christus », 15), Paris, 1964, p. 51-64 : Pour une théologie du renoncement.

[12Ceci vaut en premier lieu de la clôture papale, désormais réservée aux moniales purement contemplatives. Toutes proportions gardées, les mêmes principes s’appliquent cependant aussi à toute vie religieuse et même à toute vie chrétienne dans la mesure où elle aussi tend à l’intimité avec Dieu, fût-ce sans l’aide extérieure de la clôture.

[13De claustro animae (P. L. 176, col. 1017-1182). Cette œuvre est l’un des rares documents riches en notations sur la signification spirituelle de la clôture (avec d’intéressantes remarques sur son symbolisme).

[14Cf. ci-dessous, p. 171-172.

[15Gn 14,19-20.

[16Pour plus de développements, voir l’excellente étude du P. Gabriel Tillmans, O. C. D., Vers une conception dynamique de la clôture des moniales, ci-dessous.

[17Ibid., p. 885-886.

[18La vive flamme d’amour, III, p. 1044 et 1046 ; Cantique spirituel, XV, 3-4, p. 791-793. Comme le marque la Lettre XIII (p. 1141), la solitude n’a de sens que si l’on est « solitaire en Lui ».

[19Cf. La nuit obscure, II, 24, p. 640 ; le Cantique spirituel, XXXII, 5, p. 878.

[20Traité d’histoire des religions, Paris, 1953, P. 316.

[21Ch. 32 ; dans l’édition du quatrième centenaire (Paris, 1962-1963) t. I, p. 297.

[22Ch. I et III ; ibid., t. II, p. 253-255 et 263-264.

[23Ch. I ; ibid., t. II, p. 20-22.

[24Lucien-marie de Saint-Joseph, O. C. D., L’impatience de Dieu (Lumière de la foi, 9), Paris 1964, p. 239.

[25Sans doute pareille perte du sens religieux de la clôture est-il plus facilement observable ailleurs que dans les monastères, dans les couvents d’hommes ou de religieuses actives, par exemple, tel ce couvent masculin employant un nombreux personnel féminin auquel le seul endroit interdit par la clôture est le couloir où se trouvent (oh ! ironie) tous les services administratifs dont ce personnel relève.

[26Perfectae caritatis, n. 16 : « on l’adaptera suivant les circonstances de temps et de lieux, en supprimant les usages périmés... » (Vie consacrée, 1966, p. 27).

[27Cf. n. 7 et 16 ;Vie consacrée, 1966, p. 21 et 27.

[28Cf. n. 10 et 31 ; Vie consacrée, 1966, p. 259 et 263.

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