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Le bienheureux Charbel Makhlouf

L’Instruction du 23 novembre 1965

Vies Consacrées

N°1966-2 Mars 1966

| P. 98-99 |

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Le 5 décembre 1965, la béatification d’un moine et ermite de l’Ordre Antonien Libanais des Maronites, Charbel Makhlouf (1828-1898), a revêtu une haute signification religieuse et œcuménique. Paul VI s’est plu à la souligner ainsi :

Voici qu’au terme du deuxième Concile œcuménique du Vatican, un ermite de la montagne libanaise est inscrit au nombre des bienheureux, premier confesseur de l’Orient porté sur les autels, selon la procédure actuelle de l’Église catholique. Quel symbole de l’union entre l’Orient et l’Occident ! Quel signe de fraternité ecclésiale entre les chrétiens du monde entier ! Quel honneur aussi, rendu avec joie par l’Église de Rome à l’Église maronite et, à travers celle-ci, aux Églises orientales ! Un nouveau membre éminent de la sainteté monastique vient enrichir, par son exemple et son intercession, le peuple chrétien tout entier.

Né d’une famille modeste, Joseph Makhlouf est orphelin de père à cinq ans. Recueilli chez son oncle, il mène une vie de travail aux champs et à la garde des troupeaux. Il manifeste déjà alors l’amour de la solitude et de la prière. En 1851, fuyant le monde et résistant à l’opposition des siens, il entre d’abord au monastère de Maifuk, puis passe à celui de Saint-Maroun d’Annaya, où il prononce ses vœux solennels deux ans plus tard et prend le nom de Charbel. Ordonné prêtre en 1858, il donne, pendant dix-sept ans, l’exemple d’une parfaite fidélité à la règle, dans l’obéissance et les autres vertus monastiques et sacerdotales.

En 1875, il obtient de ses supérieurs l’autorisation de passer à la vie solitaire à l’ermitage des Saints Pierre et Paul d’Annaya. Il y persévéra pendant vingt-trois ans, dans une vie de prière et de pénitence, centrée sur le mystère eucharistique et soutenue par la dévotion à la Sainte Vierge. Après une longue préparation au Saint Sacrifice, il le célébrait vers la fin de la matinée et donnait deux heures à l’action de grâces, revenant ensuite à l’adoration silencieuse du Saint-Sacrement.

C’est au cours de la messe, en décembre 1898, qu’il fut frappé d’apoplexie. Il venait, après la consécration, d’élever l’hostie et le calice, en disant : « Père de la Vérité, voici ton Fils, victime de propitiation ; voici que son Sang intercède pour moi, reçois mon oblation. » Dans les douleurs de ses derniers jours, il rendait grâces et répétait souvent cette prière. Il s’éteignit le 24 décembre.

La réputation de sainteté, dont il jouissait de son vivant, ne fit que croître après sa mort, surtout à cause des guérisons qui se produisaient à son tombeau, notamment en faveur de mahométans. C’est précisément le concours de peuple auprès des restes du Saint Ermite et les faveurs qu’on y obtient qui ont fait commencer, dès 1926, la procédure qui vient d’aboutir à la béatification de Charbel Makhlouf.

Et voici la conclusion que Paul VI tirait de l’événement :

Nous sommes heureux, après la béatification récente de Jacques Berthieu, missionnaire jésuite et martyr, de présider aujourd’hui à celle d’un moine tout livré à la contemplation. À l’issue du Concile, où tant de fidèles se préoccupent à juste titre de ce que l’Église devra faire pour hâter la venue du Royaume de Jésus, comme il est opportun que le bienheureux moine d’Annaya vienne nous rappeler le rôle indispensable de la prière, des vertus cachées, de la mortification. Aux œuvres apostoliques, l’Église doit joindre des foyers de vie contemplative, d’où la louange et l’intercession montent vers Dieu en parfum d’agréable odeur.

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