Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.
Quand un missionnaire salésien chevronné, par ailleurs philosophe et professeur de théologie à Lubumbashi, parle à des membres de la vie religieuse en pause spirituelle, il arrive qu’il parle d’amour, d’un premier amour, même, qui porte à rendre grâce pour les fragilités de l’âge grandissant.
Depuis le Népal un père jésuite belge évoque pour nous sa longue présence « missionnaire » en Inde, puis son service à la Curie générale de Rome, et aujourd’hui, son expérience de formateur dans cette Région jésuite formée d’un tiers de jeunes. Imprégné par l’apport conciliaire de notre revue, il verrait bien que les religieux soient, au Népal et partout, plus clairement des « Témoins de la Cité de Dieu ».
Directeur du CRVR d’Évry, notre ami dominicain Jean-Claude Lavigne, ancien directeur d’« Économie et Humanisme », aujourd’hui président des éditions du Cerf, poursuit ses avancées sur tous les aspects de la vie consacrée, en prise avec les défis du temps ; cette fois, c’est la nouvelle provocation à dire Dieu qu’il s’agit d’entendre, de la part des congrégations religieuses plus anciennes aussi bien que des communautés nouvelles.
Philosophe, juriste renommé, écrivain bien connu de nos lecteurs, le père Dijon s’engage aujourd’hui dans tous les combats éthiques qui conditionnent notre civilisation : la question des migrants, du transhumanisme, de l’intégration sociale et non moins, comme ici, celle de l’euthanasie, examinée et réfléchie, à la lumière de la Parole de Dieu, dans toutes ses dimensions humaines.
Nos deux auteurs, du monastère dominicain d’Évry (Paris), sont directeur et directeur-adjoint du Centre de recherche sur la vie religieuse (CRVR), qui y dispense, depuis peu, formations et publications (voir pour l’une d’elles notre chronique, p. 70-71). Ils traitent ici de la difficile question du devenir du charisme quand il s’inculture.
Sœur Francine, des Pauvres Sœurs de Mons, fut un temps responsable de l’Union des Religieuses de Belgique ; elle a longtemps présidé aux destinées de plusieurs hôpitaux et œuvres caritatives de son institut, y travaillant à garantir des pratiques éthiques chrétiennes. Dans sa modestie, ce témoignage montre comment la vie religieuse apostolique, après des siècles de bienfaisance, aménage avec une sérénité inventive les moyens de servir le Christ autrement.
Souvent, le temps nous manque — ou peut-être lui manquons-nous. Qu’est-ce donc que ce temps qui passe, et semble emporter avec lui nos espérances perdues ? Comment le temps de nos vies est-il sauvé ? L’auteur nous entraîne à réfléchir au passage de Dieu « dans le temps que nous sommes » : que peuvent prophétiser les trois voeux, en cette époque de dépouillement ?
Le rapport conclusif d’un Chapitre par l’Abbé Général d’un Ordre particulier, lui-même au confluent d’autres Ordres monastiques, nous a paru très stimulant pour d’autres familles religieuses. Ce vigoureux appel à une authentique vie communautaire débouche d’ailleurs sur une autre interpellation encore : allons-nous vivre une logique de la fin, ou offrir au Christ et à l’Eglise le peu qui nous reste » ?
Comment donc les âges de la vie spirituelle s’ordonnent-ils, lorsqu’on vit la communion fraternelle, avec ses générations différentes ? Dans sa Règle, saint Benoît « n’établit aucun rapport explicite entre les âges de la vie et les âges de la vie spirituelle », tout en discernant implicitement un lien entre les deux. Le chapitre sur l’humilité, « pièce maîtresse de sa doctrine » n’y fait non plus aucune référence, car « l’Esprit Saint est souverainement libre dans l’octroi de ses charismes ». « Le progrès spirituel est en fait une descente dans l’abîme du cœur », nous indique pour finir le nouvel higoumène du dernier Monastère catholique de rite byzantin établit en Italie à suivre la règle de saint Basile.
« Les grands fondateurs d’Ordres religieux, eux, ne se sont jamais interrogés sur leur avenir, ni sur leur recrutement, ni sur leurs chances de durer. Poussés par l’Esprit ils ont répondu à un appel pour l’Église de leur temps. La continuité de leur fondation était dans les mains de Dieu ». Telle est l’attaque de ces pages dynamiques, qui interrogent avec humour sur le rapport de la vie contemplative à la société actuelle et surtout, invitent à se tourner vers Celui dont la jeunesse peut, si l’on y puise, tout renouveler.
Bien connu comme théologien de la vie consacrée, l’auteur vient de publier, en espagnol, une grande synthèse sur la vie religieuse postconciliaire, étude dont il nous donne ici la substance. On remarquera que pour lui, l’Esprit Saint a été le protagoniste principal de la rénovation vécue par les religieux, sous tant d’aspects importants. Les quelques ombres mentionnées sont réassumées dans cette lumière, qui permet un éloge vibrant de la fragilité d’aujourd’hui — avons-nous compris cet appel à la pauvreté ?
A l’heure où de nombreux pays d’Afrique fêtent le Cinquantenaire de leur indépendance politique, l’auteur s’adresse à des jeunes religieuses, les invitant à se prononcer sur ce qui les concerne le plus intimement, par delà les affres de la colonisation : le rapport de la tradition des ancêtres avec le christianisme récent. Il propose une triple confiance (dans le Christ, dans l’Église, en sa propre culture) qui permet de livrer toujours davantage leur champ au bon grain du seul Maître de la moisson.