Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.
Au moment même où paraissent ses « Portraits indiens » (dont on peut lire la recension par É. Degrez, jésuite, ici), en ce mois de janvier, Yann Vagneux, des Missions étrangères de Paris, que l’épidémie force à poursuivre ses va-et-vient entre le Népal et l’Inde, nous livre ici un récit très personnel de ses liens avec l’hindouisme : une borne miliaire sur son chemin indien.
Prêtre des Missions étrangères de Paris, Yann Vagneux vit à Bénarès, en Inde. La haute figure du Père bénédictin Henri Le Saux, de l’abbaye de Kergonan, proche de Jules Monchanin et de Raymon Panikkar, est suivie dans sa découverte de l’Inde et la transformation de sa vision du sacerdoce du moine chrétien en milieu hindou. Une source d’inspiration, à réfléchir.
Depuis le Népal un père jésuite belge évoque pour nous sa longue présence « missionnaire » en Inde, puis son service à la Curie générale de Rome, et aujourd’hui, son expérience de formateur dans cette Région jésuite formée d’un tiers de jeunes. Imprégné par l’apport conciliaire de notre revue, il verrait bien que les religieux soient, au Népal et partout, plus clairement des « Témoins de la Cité de Dieu ».
Le chanoine Jean-Luc Blanpain est un bon connaisseur de l’islam auquel il a consacré, après sa spécialisation en théologie et en langue arabe et islamologie, une part de ses activités pastorales et d’enseignement théologique. Nous avons voulu le rencontrer au moment des événements qui ont bouleversé plusieurs grandes villes d’Europe. Il nous parle des enjeux d’une situation que les consacrés ne sont pas les derniers à porter dans le dialogue de la vie, de la prière et de l’action.
Après l’article biographique de D. Milroy ([« Thomas Merton, 1915-1968, et la quête du Père », Vs Cs 81, 2009-4, 294-301>288]), voici retracé, à l’occasion du centenaire de sa naissance, l’itinéraire intérieur d’un pionnier dans l’exploration des spiritualités de l’Asie. Ce n’est que l’une des facettes de l’immense talent du célèbre trappiste, moine et écrivain tout ensemble, mais on peut y voir la source de cette influence qui marque toujours des multitudes de lecteurs.
La très haute figure du Père de Chergé permet à l’auteur de revisiter la situation de notre dialogue de foi et de prière avec d’autres traditions spirituelles. Le destin de la communauté de Tibhirine illustre ainsi l’exigence d’une vie nourrie des Écritures, portée au « martyre de l’Esprit » comme au partage eucharistique de tout le quotidien : ici, la Parole de Dieu s’incarne jusqu’à se faire entendre dans le Coran.
Dans le domaine très discuté de la théologie chrétienne des autres religions, le génial (et méconnu) Oratorien « rejoint certains accents de la théorie de l’accomplissement défendue par Jean Daniélou, Henri de Lubac, et dont on retrouve certains éléments dans les enseignements du concile Vatican II. Il renouvelle cette théorie par deux principes fondamentaux : le premier est que le rapport entre le christianisme et les religions doit être étudié dans le contexte d’une humanité comprise au cœur du cosmos ; le second est lié à l’action de l’Esprit qui ne cesse de féconder les efforts religieux de l’homme ».
Le plus court de tous les textes conciliaires n’est pas le moins important. Si la question des religions s’est lentement imposée à Vatican II, elle domine aujourd’hui la vie des sociétés et interroge notre foi. Après avoir situé la déclaration dans l’ensemble du Concile, l’auteur parcourt son contenu : vision positive de la pluralité des religions, cas de l’islam, reconnaissance d’un rapport singulier au judaïsme… La mise en œuvre postconciliaire s’intéresse enfin au dialogue multiforme et aux échanges spirituels, tous deux particulièrement honorés par les religieux.
Quelques personnes juives survivantes ont voulu œuvrer, depuis les États-Unis, Israël ou la Belgique, à ce que soit reconnue la résistance spirituelle d’un religieuse belge, courageuse figure, qui estimait, selon l’hommage écrit pour la cérémonie par l’une des juives rescapées, qu’« on doit faire ce qui est à faire » ; car « même si nous ne sommes qu’une personne agissant seule, nous avons le devoir et le pouvoir de protéger ceux qui sont sans secours devant les forces du mal ».
Pendant que l’Église passait de la doctrine de remplacement à celle de l’accomplissement, puis au dialogue interreligieux, l’auteur montre comment les religieux de vie monastique, pionniers dans le domaine s’il en est (Le Saux, Merton, etc.), ont pu allier un attachement exclusif au Christ et un accueil inconditionnel des « autres » en son nom. C’est qu’ils se sont portés au niveau de l’expérience spirituelle – dans le dialogue intrareligieux donc –, grâce à la rencontre des personnes, et non pas des doctrines ou des voies spirituelles. Ce pèlerinage montre, malgré ses risques, une fécondité paradoxale dont la théologie chrétienne pourrait s’inspirer.
La pensée et la spiritualité indienne offrent, quand on les explore par leurs versants hindou aussi bien que bouddhique, des ressources souvent inaperçues en Occident : être délivré de la peur et « faire don de l’absence de crainte » à tout être vivant, n’avoir plus de crainte et n’en inspirer plus aux autres, voilà qui suggère, notamment dans la figure du « renonçant royal », des résonances avec la tradition chrétienne qui peuvent nous provoquer.
La vie du très célèbre auteur de La nuit privée d’étoiles (1948) ou de Nul n’est une île (1955) nous est ici retracée sous l’angle de sa recherche du Père,avec toutes les nuances qu’offre la lecture de ses divers Journaux. Une biographie intellectuelle et spirituelle qui donne à penser.