Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.
Thérèse de l’Enfant-Jésus, « un joli brin de fille », selon son père, a vécu un itinéraire de chasteté chrétienne qui peut tous nous éclairer aujourd’hui ; sœur Noëlle Hausman, directrice de la revue et thérésienne de longue date, s’attache à le montrer.
Qui soutiendrait encore aujourd’hui la thèse de Grégoire de Nysse, voyant dans la virginité une « limite à la mort », un « rempart » contre la roue mortifère que tournent les époux qui ne font qu’engendrer « des gens destinés à mourir, tels des condamnés » ? Son Traité de la virginité (371) recèle pourtant d’inépuisables richesses, propres à nous interroger en vérité sur le sens de la virginité consacrée. « Retour au paradis perdu » ou « anticipation de la résurrection » ? Loin de choisir entre les deux motifs, Grégoire les éclaire l’un par l’autre. Témoignage de la véritable nature humaine, accomplie dans la perfection par le Christ, la virginité vaut moins comme rappel d’une situation révolue que comme signe prophétique. Dans son désir ardent de Dieu, celui qui choisit la virginité attend « sans plus créer par des générations intermédiaires aucun intervalle entre lui et l’avènement de Dieu ».
C’est un dossier complet sur la virginité dans l’Église primitive que nous offre le Frère Christophe, avec ses linéaments scripturaires et les discussions parfois anciennes sur la pureté rituelle, le lien à la résurrection des corps, les influences extérieures… Au terme, la virginité chrétienne se manifeste comme le fruit très précoce d’une évolution interne à l’Église, même si certaines tendances ascétiques ambiantes en ont favorisé l’apparition.
Quand un curé de Paris réfléchit au célibat auquel il s’est engagé, les repères qui marquent sa consécration apparaissent clairement dans leur profonde unité avec d’autres consécrations. En ouvrant ce dossier, nous offrons à qui a des oreilles pour l’entendre de poursuivre avec nous un chemin d’avenir.
On n’a peut-être pas encore remarqué la « doctrine » de Sœur Bénédicte de la Croix à propos des vœux religieux. L’auteur nous la propose, à partir des traductions nouvelles de l’œuvre, dont de larges extraits nous sont ainsi offerts. La vie religieuse est entendue par Édith Stein comme vocation, les conseils évangéliques comme signes de consécration, la chasteté, comme virginité, la pauvreté comme libération, et par dessus tout, l’obéissance, comme configuration au Christ, parce que, en définitive, la Trinité est le modèle de la vie des vœux. Un enseignement dont l’actualité n’a pas fini de nous impressionner.
La fidélité à Dieu dans le célibat est-elle comparable à l’alliance entre deux être humains ? Y a-t-il une connivence entre les célibataires « pour le Royaume », religieux ou prêtres, et la multitude des célibataires « non choisis » ? En ajoutant à la perspective des commencements celle de la venue du Christ au dernier jour, l’auteur, prêtre du diocèse de Paris et supérieur de séminaristes, rend compte de la pauvreté qui demeure dans les divers « célibats » ; et il en appelle à une nouvelle présentation de la « sacramentalité » de chaque état de vie.
Écrit pour les quatre-vingts ans de l’auteur, ce témoignage personnel raconte toute une vie consacrée en l’ordonnant autour des trois conseils évangéliques ; il s’enracine d’ailleurs dans une vision des trois Personnes divines — comme un grand appel à la liberté.
À cette heure de « difficulté retardée », le monachisme connaît lui aussi une situation d’indigence, vigoureusement analysée par l’une de ses plus notoires figures. Mais « lorsqu’il est ébranlé comme un chêne abattu, c’est alors qu’il est dans une condition pascale ». Le célibat et la communauté demeurent les chiffres de l’urgence, pour l’épiphanie d’un amour plus fort que toute gnose.
Découvrant l’exhortation apostolique Vita Consecrata, l’auteur détaille la mise en œuvre spécifique à la vie consacrée de la dimension « sponsale » de l’être humain déjà présente dans l’Alliance et qui façonne toute l’histoire d’amour de Dieu avec son Peuple et avec chacun de nous. Certes, le « par amour de Lui » qui justifie les trois vœux traditionnels de la vie consacrée fait de celle-ci une figure particulièrement lumineuse du lien entre le Christ-Époux et l’Église-Épouse. Il ne faudrait pourtant pas limiter l’engagement de la sequela Christi à la mise en valeur de cet aspect de la vie des baptisés (on se souviendra de la lecture prudente de Verbi Sponsa proposée dans nos pages, VC, 2001, 185-196). Si prégnante soit-elle, cette « structure sponsale » ne doit pas occulter d’autres dimensions que reflète avec des accentuations diverses la grande variété des formes de consécration dans l’Église et pour le monde.}
Ce n’est pas sans intérêt de lire, à la suite du précédent article (ou avant selon sa propre situation), celui que nous propose Sœur Marie-Ancilla. En effet, si dès son instauration (au IX e siècle), la clôture apparaît liée à la virginité consacrée il s’en suit qu’elle déploie un espace symbolique où différentes significations de la chasteté vouée pour le Royaume se trouvent rehaussées ; telle, par exemple, la sponsalité de la vie consacrée. Mais n’est-il pas excessif de « cadenasser » toutes les formes de vie religieuse contemplative féminine dans cette seule harmonique et de la lier si strictement à la pratique d’une clôture univoque ? La tradition dominicaine ne le pense pas et Sœur Marie-Ancilla attire notre attention sur la nécessité d’une perspective historique et surtout respectueuse du polymorphisme des traditions en cette matière.
Les conditions spécifiques de la vie religieuse apostolique semblent opposer les exigences de la vie communautaire et celles de l’engagement dans la mission. Est-ce inévitable ? En termes de tensions, peut-être. Mais alors, celles-ci se présentent, en régime de célibat consacré pour le Royaume, comme lieu d’une fécondité propre à ce choix de vie qui s’y révèle humanisant pour celles et ceux qui y confient leur propre vie et pour ceux et celles que ce choix rencontre souvent au plus blessé de leur humanité. Aucune dimension (vie commune, évidemment, prière, vie sacramentelle, famille, amitié...) de cette vie « à Dieu seul », pour tous et ensemble, « n’est laissée hors de cette bénédiction grave et joyeuse que représente une existence chaste en tous ces états ». Cette conférence, donnée à la Session de Naudières (France) en septembre 2000, est une version enrichie d’une communication faite au Centre Sèvres (Paris) à l’occasion de la Session du Département de Spiritualité et Vie Religieuse des 22-25 février 1999 et publiée en fascicule, avec d’autres sur le même thème, aux éditions Média-sèvres, 2000. Nous publierons encore des textes issus de cette très riche Session et nous remercions le Père F.-X. Dumortier, directeur des éditions Média-sèvres, de nous en avoir accordé la permission.
« L’avant lire » qui précède l’article le précisera, nous offrons ici un témoignage communautaire au style vif et évocateur rendant compte d’une option déterminée pour une vie pèlerine résolument « en clôture » où la fidélité à l’Évangile « sans gloses » est toujours à son « commencement ». François lui-même, à sa mort, ne disait-il pas : « Nous n’avons rien fait » ?