Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.
Le père abbé de Saint-Wandrille s’est fait connaître par sa thèse de théologie (La saveur de Dieu, Cerf, 2002, saluée par le futur Benoît XVI et recensée en 2003 dans notre revue), qui a reçu en 2004 le prix Henri de Lubac. Postulateur de la cause du professeur Jérôme Lejeune, il s’intéresse aussi, souvent mandaté par le Saint-Siège, à ce qui regarde la liberté et l’autorité dans les communautés de vie consacrée.
Comment donc les âges de la vie spirituelle s’ordonnent-ils, lorsqu’on vit la communion fraternelle, avec ses générations différentes ? Dans sa Règle, saint Benoît « n’établit aucun rapport explicite entre les âges de la vie et les âges de la vie spirituelle », tout en discernant implicitement un lien entre les deux. Le chapitre sur l’humilité, « pièce maîtresse de sa doctrine » n’y fait non plus aucune référence, car « l’Esprit Saint est souverainement libre dans l’octroi de ses charismes ». « Le progrès spirituel est en fait une descente dans l’abîme du cœur », nous indique pour finir le nouvel higoumène du dernier Monastère catholique de rite byzantin établit en Italie à suivre la règle de saint Basile.
Après nous avoir confié sa conférence sur « la paternité spirituelle au défi du monde contemporain », proposée dans le Grand Nord russe à un auditoire orthodoxe (VsCs 78, 2006-1, 5-17), l’actuel directeur de la revue Irenikon nous offre, avec cette présentation de la paternité spirituelle bénédictine, le volet occidental de la même tradition. Ici, l’abbé est père et pasteur, entouré d’anciens, mais c’est toute la communauté qui devient icône maternelle de l’Église ; la figure concrète de saint Benoît l’atteste, y compris dans sa relation à sa sœur Scolastique, avec cet épisode célèbre où « saint Benoît a trouvé son maître spirituel en sa sœur ».
La règle qui a modelé durant des siècles le monde religieux d’Occident propose en fait un chemin de bonheur,avec ses passages étroits,mais aussi la « délectation » que l’amour de Dieu apporte avec lui. Grâce à une autorité dont l’exigence ne peut masquer la tendresse, l’obéissance devient même douce et agréable, quand la « paix bénédictine » gagne le monastère tout entier.
La récente lettre de Benoît XVI au Père P.-H. Kolvenbach concernant le culte du Cœur de Jésus nous est brièvement présentée dans son originalité et la nouveauté de son langage : le regard posé sur « le flanc » du Christ transpercé redonne à cette « dévotion fondamentale » sa vraie profondeur, l’adoration de l’amour de Dieu qu’il s’agit de connaître, d’expérimenter, d’annoncer – et pour les religieux de la Compagnie de Jésus, de promouvoir activement.
La lecture toujours reprise de la Règle bénédictine permet de l’entrevoir comme un chemin, devenant plus ardu avec le temps. Un passage peut alors s’opérer, au plus profond de la misère de l’orant. Avec les anciens spirituels, Benoît montre dans l’humilité du « médecin qui se sait blessé » la vraie source de sa capacité à guérir autrui — « si vraiment il cherche Dieu ».
Un peu comme pour une « lectio divina », cette conférence spirituelle du P. Aymard nous oriente vers la droite recherche de Dieu, du Dieu de Jésus- Christ. Sans doute a-t-on trop souvent caricaturé le « Dieu terrible » qui se révèle dans la Première Alliance et opposé celui-ci au « Dieu tendresse » qui serait le propre de l’Évangile, manquant ainsi le mystère et de la Justice et de la Miséricorde. On le sait, aucun disciple de saint Benoît ne se trompe quand il lit dans sa règle : « Amore Deum timeant » (c.72, 9). Il reste pourtant toujours nécessaire de réformer nos images de Dieu qui se révèle à nous comme le Tout Autre et le Tout Proche.
Dans le contexte actuel de la construction de l’Europe, la Parole évangélique se fera-t-elle entendre ? Comment ne pas l’écouter dans une de ses réalisations les plus fécondes ? Le texte que nous proposons ici aidera certainement par sa richesse, tant du point de vue culturel qu’anthropologique, à prendre en considération cet héritage et à en reconnaître l’actualité féconde. Ne serait-ce pas aussi une manière de nous préparer au prochain Synode des Évêques d’Europe dont les lineamenta viennent d’être diffusés ?
Le millénaire... en vue de l’an 2000 ! Ce n’est pas un article de nostalgie que nous propose ce texte. Certes, il s’agit de recueillir la richesse de neuf cents ans d’histoire, mais surtout, en reconnaissant et discernant les expressions actuelles du charisme, engager un avenir. Celui d’un monachisme qui doit assumer le « signe de l’ombre » en relevant de nombreux défis, dont la rencontre d’une post-modernité bouleversée n’est pas le moindre. Reste et demeure le Présent de la Miséricorde dont l’existence cistercienne a, dans une « inclusivité verticale », toujours à témoigner.
Après un survol historique rapide, l’auteur invite vigoureusement la vie religieuse apostolique au retour à ses sources comme à l’écoute des appels de la mission. C’est là un plaidoyer pour une plus grande souplesse de la communauté apostolique, eu égard à ce que représente sa vocation : des « richesses spirituelles éprouvées » peuvent conduire à davantage de responsabilités et d’imagination.
Comme la grâce d’une rencontre, les exigences d’inculturation du monachisme en Afrique passent par le regard mutuel qui conduit à l’écoute, puis à la parole ; le parcours initiatique proposé par saint Benoît indique ainsi comment l’accueil de Dieu et l’accueil de l’hôte ne font qu’un. C’est que la voie de l’hospitalité demeure l’archétype d’un dialogue interculturel fondé sur les quatre dimensions de l’initiation liturgique : de même que le griot africain annonce la Parole de vie, les belles pages du P. Neyt nous ouvrent à la rencontre de l’hôte de Mambré. Version abrégée de la conférence inaugurale prononcée par l’auteur lors du Colloque international « Vie monastique et inculturation, à la lumière des traditions et situations africaines » (Kinshasa, 19-25 février 1989), tenu à l’initiative de S.Ém. le Cardinal J.A. Malula, décédé depuis, et de S.Exc. Mgr T. Tshibangu, lesquels nous ont aimablement autorisés à publier ce texte. Les Actes du Colloque sont confiés aux éditions de l’Archidiocèse de Kinshasa et aux soins de l’Aide à l’Implantation Monastique. À tous nos vifs remerciements.
Méditant sur le silence à partir de sa propre tradition monastique, l’auteur nous conduit du silence extérieur à la paix intérieure où Dieu se donne en vérité. De cette conversion personnelle procède aussi la disponibilité apostolique. Une fine analyse d’un sujet trop oublié.