Précisant beaucoup la première édition de 1996, la présente publication constitue une passionnante chronique historique des arrière-fonds politiques et ecclésiaux autour de cette Trappe en terre d’islam, surtout depuis les débuts de l’islamisme algérien, la naissance du Front islamique du Salut, les années 1993-1994 où le pays sombre dans le chaos : le monastère entre alors dans la tourmente, et la poudrière algérienne explose, tandis que les autorités françaises ne peuvent empêcher l’incendie de franchir la Méditerranée. Ces chapitres bien documentés retracent évidemment tout le drame, avec au sommet l’enlèvement des trappistes, l’angoissant silence qui s’ensuivit, les mystérieuses tractations et les divergences entre services secrets, la découverte des dépouilles et la courageuse reconnaissance des têtes (obtenue par le père A. Veilleux), le temps du soupçon qui s’étend jusqu’à nos jours (« Un manque de confiance qui perdure et qui crée un malaise évident de part et d’autre de la Méditerranée », p. 226). Vingt-deux ans après, Notre-Dame de l’Atlas s’installe à Midelt (Maroc) et un autre Tibhirine revit grâce à la communauté du Chemin Neuf, qui permet que se poursuive « le Ribaat, ce dialogue entre chrétiens et musulmans, religion et culture, initié par Christian de Chergé » et les siens (p. 236). En annexe sont donnés les portraits des moines martyrs, le communiqué n°43 du GIA adressé au gouvernement français (une proposition d’échange de prisonniers qui avortera), la lettre de Mgr H. Simon au Nouvel Observateur en août 1996 qui défend la présence des moines en Algérie. Voilà l’ouvrage qu’il faudrait lire avant tout autre, parce qu’il offre le cadre d’une aventure spirituelle qui en sort encore grandie.
Salvator, Paris, octobre 2018
256 pages · 18,00 EUR
Dimensions : 13 x 20 cm
ISBN : 9782706717192