Publié dans la Bibliothèque de la Revue thomiste, le cours du père de la Soujeole « donné depuis plus de 30 ans » (17) propose d’abord un schéma très classique : partant des origines historiques (les vierges et les anachorètes), puis du développement occidental, jusqu’à nos jours, il développe une théologie spécifique fondée dans le baptême et faite de ces éléments essentiels que sont les conseils évangéliques (longuement exposés, surtout l’obéissance) et la « vie commune », traitée selon les différentes formes de vie consacrée, réfléchies à la lumière de la typologie classique issue de saint Thomas d’Aquin. Après l’histoire et la théologie, une troisième partie s’intéresse à des questions diverses : le rapport de la vie consacrée au sacerdoce ministériel, le statut ecclésial de certains consacrés, exempts, convers, etc. C’est une somme qui fourmille de trouvailles (ainsi de la présence de communautés mixtes dans les hospices médiévaux, 49 ; ou de la corporation arabe des laveurs de morts qui aurait inspiré le « perinde ac cadaver » franciscain avant d’être jésuite, 174 ; ou du décret de 1890 interdisant déjà aux supérieurs la direction spirituelle de leurs sujets, 201) ; mais n’y manquent pas certaines approximations (l’organisation juridique de la Compagnie est-elle quasi militaire, 16 ? ; le réalisme de la virginité serait-il affaibli par le numéro 84 d’Ecclesiae sponsae imago, 147 ? ; n’y a-t-il vraiment aucun autre conseil évangélique que les trois canoniques, 196 ? ; Rome n’a-t-elle rien dit récemment sur la vocation de frère, 270 ?). C’est la force et la faiblesse d’une pensée qui trouve dans la tradition (thomiste et dominicaine du dernier siècle), plus que dans le ressourcement scripturaire ou même magistériel récent, son inspiration, notamment quand le conseil d’obéissance est traité avec des catégories de « pouvoir de gouvernement » ou de « pouvoir dominatif » aujourd’hui peu usitées. Mais il est surtout difficile de s’accorder à la réflexion sur la vie apostolique de certains instituts (231, 233, et par-dessus tout, 236, qui attribue à la « vie active » ce que le Concile a désigné comme vie religieuse apostolique dans Perfectae caritatis, 8) ; et de même, sur l’interprétation du rapport entre Église universelle et Églises locales qui semble aller à l’encontre de la lettre de Lumen gentium, 23 : deux points qui pèsent plus que l’excursus sur les signes distinctifs de la vie consacrée, toujours ouverts à la discussion. La bibliographie générale, significative de l’orientation d’ensemble, cite cependant aimablement la revue Vies consacrées. Quoiqu’il en soit, l’essentiel de l’apport de cette étude tient dans son titre, souvent honoré au fil de ces 275 pages : la vie consacrée ne peut aujourd’hui être entendue que dans le mystère du Christ et de l’Église.
Parole et Silence, Paris, mars 2020
296 pages · 27,00 EUR
Dimensions : 15,2 x 23,5 cm
ISBN : 9782889591763