Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Ignace de Loyola. Le pèlerinage intérieur

Michel Kobik

C’est une biographie d’Ignace très alerte que nous propose le père Kobik, dans cette « lecture commentée » du Récit du Pèlerin (on ne sait pourquoi, dans certaines éditions, les pages 5 à 8 sont redoublées). L’angle d’approche, énoncé en liminaire et qui se confirme tout au long, surprendra même les connaisseurs : « le pèlerin nous montre ce qui est engendré dans sa vie d’homme par la dynamique du renoncement à soi-même, dans la dépossession de tout projet personnel et l’obéissance à la volonté de Celui qu’il aime par-dessus tout » ; il s’agit du « renoncement comme préférence » qui fait entrer dans la liberté de l’Esprit, mais « ne consiste jamais à renoncer au désir de Dieu en moi » et où « la pénitence est l’exercice de la sortie de soi vers autrui ». Tout commence (ch. I) par la vaine gloire, la dame rêvée, le beau serpent, les scrupules, la tentation du suicide, et la fin brutale de la désolation, puis encore le glissement vers le désespoir dont Ignace sort enfin comme d’un rêve. Débute alors la suite du Christ (ch. II), « puissante renaissance dans la sphère du divin, comme une remontée de ses enfers intimes » (p. 21), où le Pèlerin, « s’il ne renonce pas aux excès ne renonce pas pour autant au “davantage” » (p. 30). Voici à présent les dangers du pèlerinage extérieur, qui le conduit à un autre renoncement, celui de rester à Jérusalem, car pour la première fois, la volonté du pèlerin se trouve en opposition à celle de l’Église (p. 79) ; après le renoncement de Loyola au statut social, et de Manrèse à l’image de soi, c’est le renoncement à un projet personnel où il s’est tout entier investi, pour suivre désormais le Christ obéissant jusqu’à la croix (p. 81) : « l’homme devient ce qu’il contemple » (p. 84). L’amour se fait donc discret (ch. III), de Barcelone à Alcala puis Salamanque, où la prédication est autorisée aux premiers amis, mais non « la direction spirituelle au for interne », puisqu’ils n’ont pas assez étudié. Ce sera donc Paris, les premiers « Compagnons de Jésus » (ch. IV), les échecs aussi, dans un genre de vie « pratiquement à rebours de celui qu’(Ignace) avait adopté à Manrèse » (p. 114), soit les longues études interrompues par la maladie – le thème de la maladie et celui de la peur accompagnent les notations d’Ignace, au point de symboliser son cheminement (voir l’excellente p. 128). Après Venise, l’itinéraire s’arrête à Rome, comme le Récit, en récapitulant tous les renoncements qui ont scandé la route : « chaque étape correspond à un combat intérieur... ces combats sont l’épreuve du désir, chaque fois rendu à sa liberté originelle et chaque fois à une profondeur nouvelle » (p. 138). « Un chemin de renoncement, mais à l’intérieur de la consolation qui emporte tout en Dieu » (p. 140) et, pour autant, voit le désir d’« aider les âmes » exaucé, pour la consolation de beaucoup.

Fidélité, Éditions jésuites, Bruxelles, Paris, décembre 2021

145 pages · 12,00 EUR

Dimensions : 14 x 21 cm

ISBN : 9782873568818

9782873568818