Que faire, lorsque l’on se trouve, à vingt-trois ans, à la tête d’une communauté religieuse clandestine dont la fondatrice, les deux premières sœurs et le père spirituel sont emprisonnés ? La Correspondance de Monika Timar, éditée ici pour la première fois, mérite bien son titre : on y découvre peu à peu comment une jeune hongroise a pu répondre, jusqu’au prix de sa vie, à l’exigence radicale de l’Évangile, au milieu d’une tourmente qui devait s’étendre, pour son pays, sur toute l’après-guerre. On trouvera dans cet ouvrage plusieurs lettres d’autres émissaires, en particulier de ce destinataire privilégié que fut Agnès Timar, supérieure du petit groupe menacé, dont Monika avait choisi très tôt de porter le nom, afin de protéger les siens des conséquences de sa vie interdite. Une lecture attentive montrera, avant tout commentaire, quelle nouveauté représente, dans la littérature spirituelle de ce siècle, la beauté d’une relation filiale que l’Esprit transfigure en maternité du cœur, mais aussi, la puissance d’une vision de Dieu qui s’enchante des évènements de la culture autant que des signes de la création. La Collection Vie consacrée s’honore de publier un témoignage qui rappelle à tous qu’une épreuve vient à peine de s’achever, en Europe centrale, dont nous avons été, politiquement déjà, les bénéficiaires. Plaise à Dieu que nous recueillons aussi les fruits d’un courage qui nous manque trop souvent.