Proposer une « retraite spirituelle » en quelques jours de méditation accompagnés par un auteur, le projet n’est pas neuf, mais peut sembler attrayant lorsque l’auteur accompagnateur est Marie Noël, une laïque du siècle dernier à la vie paradoxale, tiraillée entre sa vocation à l’écriture et les services matériels qu’elle croit devoir assumer, entre l’étroitesse de sa vie provinciale, marquée par la maladie et le célibat, et l’absolu de son désir d’amour. « Marie Rouget, dit l’auteur, est une sœur en humanité qui nous accompagne sur un chemin d’amour. » Et on peut effectivement sur ce chemin se laisser saisir et enseigner par les nombreuses citations, chansons dissimulant la tristesse ou cris de désespoir se résolvant en élans de foi. Les Notes intimes, dans leur caractère brut, parfois inchoatif, souvent véhément, pourraient à elles seules être un bon guide pour traverser le désert d’une retraite. Mais pourquoi faut-il que l’auteur qui, de toute évidence, connaît et aime l’œuvre de Marie Noël, se soit cru obligée « d’encadrer » la retraite au point de dessiner un cadre si serré qu’il en devient artificiel et répétitif ? Pourquoi faut-il qu’elle convoque en plus, pour chaque jour de la « retraite », une sainte ou une Personne de la Trinité, ce qui disperse l’attention plus que n’éclaire le propos ? Pourquoi faut-il enfin qu’à la simplicité de l’écriture de Marie Noël – simplicité certes apparente parce que très travaillée – s’oppose un style si sophistiqué qui multiplie les phrases non verbales et les figures de style ? Mais la force des mots de Marie Noël – dont la cause de béatification a été introduite – saura bien toucher le cœur des lecteurs par son humanité désarmée. « Le saint, écrivait-elle, est bon conducteur de Dieu » (Notes intimes, citées p. 258).
Collection Retraite spirituelle
Éditions du Carmel, Toulouse, mai 2023
288 pages · 15,00 EUR
Dimensions : 12 x 19 cm
ISBN : 9782847138245