Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Amélie Ozanam

Une vie (1820-1894)

Matthieu Bréjon de Lavergnée

Depuis sa béatification par Jean-Paul II, durant les JMJ de Paris en 1997, la figure de Frédéric Ozanam, catholique social et universitaire chrétien, est devenue familière : depuis sa participation décisive à la fondation de la Société-Saint-Vincent-de-Paul et à la restauration des Conférences de Carême à Notre-Dame, à ses cours de littérature comparée en Sorbonne et ses recherches historiques en Italie et en Espagne, jusqu’à sa maladie et sa mort prématurée, en 1853, à quarante ans, le trajet intense de sa courte vie est bien connu. Il n’en allait pas de même pour son épouse, Amélie, restée dans l’ombre et ayant consacré son long veuvage à faire connaître les travaux de son mari, en travaillant à l’édition de ses œuvres complètes et en s’impliquant dans la querelle, née dès 1856, à propos de la Société et du rôle respectif de ses fondateurs. Ce livre, s’appuyant essentiellement sur sa correspondance, dont des extraits sont donnés en annexe, s’attache à montrer quels furent la vie et le rôle d’Amélie Soulacroix, fille du recteur de l’Académie de Lyon, mariée à 20 ans à un jeune professeur, difficilement mère cinq ans plus tard d’une petite Marie, et veuve, à 33 ans, pour les quarante années qu’il lui restait à vivre. Celle qui écrivait à son fiancé – songeant évidemment à la Béatrice de Dante, objet de ses recherches – n’avoir nulle envie d’être dans les siècles futurs un sujet de contestations, de dissertations ou de thèse pour les savants, afin de définir si je fus une réalité ou un mythe (p. 166), se révèle comme une femme de son époque, entièrement dévouée à sa famille, ses parents, son frère malade, puis son époux et sa fille, mais aussi comme une personnalité attachante, douée d’un certain humour et de qualités artistiques, sachant aimer et se réjouir. Et finalement libre dans son amour pour son mari, choisi en une rencontre après avoir éconduit deux prétendants, accompagné dans ses premiers succès universitaires comme dans sa difficile maladie et toujours chéri dans la fidélité de son long veuvage. Malgré les limites d’une biographie un peu convenue, fondée sur des sources familiales et tendant parfois à l’hagiographie, il est intéressant d’apprendre, à travers ses lettres, quelles relations une jeune bourgeoise du XIXe siècle pouvait entretenir avec ses parents, ses frères, un fiancé à peine entrevu devenu un époux passionnément aimé, quelles pouvaient être ses occupations et préoccupations, sa culture et sa foi. Il est non moins intéressant, pour l’histoire spirituelle du temps, d’entrevoir quelle influence, souterraine mais féconde, ont eu sa présence et son amour sur Frédéric Ozanam, lui qui avouait que la tendresse d’Amélie remuait dans son cœur cette sensibilité qui a pu donner quelque attrait à (sa) façon d’enseigner (p. 71) et le libérait de cet égoïsme involontaire auquel est condamné l’homme quand il ne s’entoure pas d’affections sacrées (p. 60).

Mots-clés Femmes Mariage Famille

Salvator, Paris, juin 2022

218 pages · 22,00 EUR

Dimensions : 14 x 21 cm

ISBN : 9782706722226

9782706722226

Sur le même thème : « Témoins »