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« Juste parmi les Nations »

Mère Marie-Véronique (Philomène Smeers) (1875-1973)

Noëlle Hausman, s.c.m.

N°2012-1 Janvier 2012

| P. 28-44 |

Quelques personnes juives survivantes ont voulu œuvrer, depuis les États-Unis, Israël ou la Belgique, à ce que soit reconnue la résistance spirituelle d’un religieuse belge, courageuse figure, qui estimait, selon l’hommage écrit pour la cérémonie par l’une des juives rescapées, qu’« on doit faire ce qui est à faire » ; car « même si nous ne sommes qu’une personne agissant seule, nous avons le devoir et le pouvoir de protéger ceux qui sont sans secours devant les forces du mal ».

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Une religieuse belge, longtemps supérieure générale d’une petite congrégation diocésaine, vient d’être déclarée « juste parmi les nations » par le Mémorial Yad Vashem de Jérusalem. De nombreux journaux et périodiques, sans compter des dizaines de sites internet, ont répercuté la nouvelle, qui a par ailleurs fait l’objet de plusieurs émissions de radio ou de télévision, en attendant d’autres développements. Il nous a donc semblé intéressant de retracer quelques fragments de l’histoire qui vient de sortir de l’ombre, pour honorer tous ceux qui, autrefois comme aujourd’hui, donnent leur vie pour leur prochain, en toute simplicité. Nous présentons d’abord Mère Marie-Véronique, avant de citer les témoignages qui ont été prononcés à Yad Vashem, le 3 novembre dernier. Nous remercions Emmanuelle Jowa, de Paris-Match Belgique, de nous avoir généreusement permis d’utiliser son remarquable reportage du 10 novembre dernier ; notre gratitude va également aux divers protagonistes de la célébration publique de Jérusalem, dont nous allons évoquer plus ou moins longuement les interventions.

Mère Marie-Véronique

Mère Marie-Véronique Smeers est née à Linsmeau, en Hesbaye brabançonne, le 12 octobre 1875, dans une famille de cultivateurs. Elle entre chez les Sœurs du Saint-Cœur de Marie de Malaise (autrefois commune d’Overijse, aujourd’hui de La Hulpe), le 28 août 1895 ; c’est que la Congrégation, mariale et ignatienne, avait établi, dès 1891, une petite école d’enseignement élémentaire dans son village natal. Le 10 janvier 1896, elle reçoit l’habit d’allure béguinale que l’institut tient de sa fondation (1859). Elle émet les trois vœux religieux, à titre temporaire, le 25 avril 1898 et les vœux perpétuels, le 4 septembre 1903. Un parcours sans encombre, semble-t-il, qui la voit, de façon pionnière pour l’époque, obtenir un diplôme d’institutrice de l’enseignement primaire (via l’école normale de l’Institut de l’Enfant-Jésus, à Nivelles), puis enseigner à Fumal, tout en s’occupant de l’école dominicale pour jeunes filles et de la catéchèse. Maîtresse d’école très appréciée, elle revint bientôt au Pensionnat de Malaise, où était établie la maison-mère, et y reçut la charge de surveillante des études secondaires – une fonction d’enseignement et de direction. Beaucoup de personnes, disent les vieilles notices, furent marquées par son éducation chrétienne. Après avoir été maîtresse des novices, elle fut élue supérieure générale le 21 août 1929 (à l’âge de 54 ans), charge qu’elle exerça jusqu’au 29 août 1951 (durant 22 ans donc). C’est en 1930 qu’elle présida au changement du costume religieux (gardant la couleur noire d’origine, assortie d’un monogramme marial bleu roi) et en 1931 qu’elle réalisa, avec l’aide du Conseil de la Congrégation et du Père J. Creusen, s.j. [1], la rédaction des nouvelles Constitutions, adaptées au droit canonique de 1917. Elle garda toujours le souci de la formation professionnelle des Sœurs en envoyant toutes celles qui le pouvaient à l’école normale primaire ou moyenne (le « régendat »). Elle fit réaménager les dortoirs du Pensionnat, acheter les machines qui faciliteraient le travail de toutes (à la buanderie, à la cuisine, pour le nettoyage, etc.) et entreprit, dès 1933, la construction d’un nouveau bâtiment. Malgré de très grosses difficultés financières, elle accepta toujours des enfants pauvres au Pensionnat, avant guerre et après [2]. Pendant la guerre de 40-45, elle porta courageusement, note sa nécrologie, de nouvelles responsabilités matérielles et morales, « notamment par l’accueil d’enfants juives ». Sa confiance en la Providence était remarquable. Elle s’éteignit à La Hulpe, le 19 septembre 1973, après plusieurs années d’un déclin intellectuel (une sorte d’entrée dans l’éternelle enfance) qui ne la vit jamais manquer à la discrétion propre à ses responsabilités antérieures ; elle avait 98 ans, dont 78 de vie religieuse.

La Médaille des Justes

Le nom de la plus haute distinction conférée par l’État d’Israël à des personnes non juives fait référence à l’un des versets du livre d’Isaïe : « je leur donnerai dans ma maison et dans mes murs un souvenir (yad) et un nom (shem) qui vaudra mieux que des fils et des filles ; je leur donnerai un nom éternel, qui nous lie pour l’éternité » (Is 56,5). Les « justes » sont ainsi inscrits à jamais dans la mémoire d’Israël, et on grave leurs noms sur les murs du « Jardin des justes », où ils rappellent la résistance à la barbarie qui faillit emporter, avec les juifs, toute l’Europe. Au début de 2011, 23.788 « Justes parmi les Nations » avaient été ainsi reconnus, dans 45 pays, dont 1.584 en Belgique, parmi lesquels de nombreux prêtres, religieux et religieuses. Sans doute brillent-ils comme de pauvres lumières sur un océan de souffrances et d’horreurs, mais ils manifestent aussi, comme le répétera l’un des témoignages lus à la cérémonie, qu’« une seule personne peut faire la différence ».

La cérémonie au Mémorial de Yad Vashem a été suivie par Sœur Paule Berghmans, actuelle supérieure générale, et Sœur Marie-Justine Dujardin, qui a vécu l’époque de la guerre au couvent. Y assistaient également l’Ambassadrice de Belgique en Israël, Madame Bénédicte Franquinet ; des représentants de la colonie belge ; des religieux de congrégations différentes, dont une délégation de Pologne ; et, bien sûr, des membres de la commission Yad Vashem, dont Jacky Hoffen, ancien enfant caché en Belgique ; le tout sous la direction avisée et très cordiale d’Irena Steinfeldt, responsable à Yad Vashem du département des Justes parmi les Nations. Commencée dans la Crypte du souvenir du Mémorial lui-même, la cérémonie s’est poursuivie dans la Synagogue et s’est achevée dans le Jardin des Justes, où a été dévoilé le nom de Mère Marie-Véronique Smeers. Au Mémorial, après qu’ait été récité un psaume de David (ps 23) et cantilée une prière au Dieu de Miséricorde (El Maleh Rachamim), Irena Steinfeldt a demandé à Sœurs Marie-Justine et Paule de ranimer la flamme éternelle, en mémoire de tous ceux qui, dans les camps ou l’insurrection des ghettos, ont été exterminés par les nazis.

Ce temps de recueillement fut introduit par I. Steinfeldt en ces termes :

En ranimant la flamme perpétuelle, dans cette Crypte du souvenir, auprès des cendres de nos martyrs, nous communions avec la mémoire des 6 millions de fils et filles de notre peuple voués au supplice, à l’immolation et à l’anéantissement par les nazis et leurs complices, des communautés et des familles de la maison de Jacob dévastées et détruites dans l’intention haineuse d’effacer le nom d’Israël de dessous les cieux. Nous nous rappelons avec respect la force d’âme de nos frères qui se sacrifièrent pour leur peuple en toute sainteté et pureté ; l’épopée des assiégés des ghettos et des combattants qui se dressèrent et allumèrent le feu de la révolte pour sauver l’honneur de leur peuple ; la lutte exaltée et persévérante des masses d’Israël pour préserver leur dignité humaine et leur culture juive. Et nous nous souvenons des Justes parmi les Nations qui risquèrent leur vie pour sauver des juifs.

A la synagogue, après l’introduction de J. Offen, Simone Berman (représentée par sa cousine Bluma Eckstein) et Élisabeth Steiner ont offert les témoignages qu’on va lire, puis les deux Religieuses et l’Ambassadrice de Belgique y ont fait écho. C’est ainsi que la médaille et le diplôme de « Juste parmi les Nations » ont été remis à la Supérieure actuelle, en l’honneur de Mère Marie-Véronique, qui fit simplement « ce qui était à faire ».

On notera que la synagogue est elle aussi un lieu du souvenir, comme l’expliquait I. Steinfeldt :

La synagogue dans laquelle nous nous trouvons est un mémorial des synagogues qui furent détruites pendant la shoah et qui étaient l’expression de l’âme juive. Autour de nous, les Aronôt kodesh, les armoires qui contiennent les rouleaux de la Torah, en provenance de Roumanie ; des objets de culte en provenance des synagogues polonaises et tchèques qui furent endommagées ou détruites pendant la shoah, et des synagogues dont les communautés furent envoyées à l’extermination. Chaque élément de cette synagogue est un vestige qui raconte l’histoire de sa propre communauté. Mais c’est aussi un endroit qui fait le lien entre le passé et l’avenir, et dans cette synagogue devenue aujourd’hui très active, nous sommes ici pour honorer une juste parmi les nations qui a sauvé des enfants juives de la shoah et qui va aussi nous servir de leçon pour le présent et pour l’avenir. Donc, l’endroit où nous nous trouvons est vraiment le bon endroit.

Revenons maintenant sur les protagonistes de l’événement.

Élisabeth Steiner

En 1942, Ilse Steiner a 13 ans. Elle comprend intuitivement la guerre, elle ne connaît que trop ses relents. Née en 1929, elle a déjà vécu la persécution, la traque et un exil forcé. Avec ses parents, elle a fui l’Autriche et est arrivée clandestinement en Belgique à l’âge de 9 ans. Scolarisée à Anderlecht où elle habite, elle apprend à vive allure les bases du français, le néerlandais aussi, proche de l’allemand. C’est elle qui guide ses parents dans les démarches administratives. Toute petite encore, elle assume tout comme une adulte et occulte son enfance volée. L’ostracisme infect la rejoint dans le quartier de la gare du Midi à Bruxelles. « On venait y ramasser les juifs. C’était intenable ». Elle voit son père partir, embarqué en décembre 1942 [3]. « En tant qu’émigré d’Autriche, il n’avait pas l’autorisation de travailler. Il est parti comme d’autres à Auschwitz. On leur avait fait miroiter du travail. De ce transport, très peu sont revenus, ils ont été rapidement gazés » [4]. Mais cela, la fillette ne l’apprendra qu’à la Libération. Sur ces entrefaites, elle vit avec sa mère trois mois d’angoisse, de souffrance intériorisée, de peur indicible, au milieu des rafles. Sa mère prépare une fuite en Suisse, grâce à un « contact ». Elle aimerait emmener Ilse avec elle, envisageant de la faire « passer » un peu plus tard, avec l’aide d’un guide de montagne, mais les risques sont terribles. Janvier 1943. Ilse a 14 ans et elle a reçu d’une amie juive, Anna Rosenberg, l’adresse du Couvent de Malaise où se trouve la sécurité ; mais Ilse cache à sa mère ce bout de papier, par peur d’être séparée d’elle. Un jour pourtant, il faut envisager le pire, et le petit billet doit sortir de l’ombre. Lors de son arrivée au Pensionnat, le 20 mars, Ilse est frappée par la paix, et envoûtée par une odeur de pommes ; c’est que l’enfant a faim, et le parloir où elle est accueillie est situé au-dessus d’un grand fruitier.

« Soixante-huit ans se sont écoulés depuis le jour où je me suis présentée avec ma mère au couvent des Sœurs du Saint-Cœur de Marie, traquée, blessée, en quête d’une main tendue. Mère Véronique est apparue au parloir, le visage soucieux puisqu’à l’époque le couvent hébergeait déjà une vingtaine d’enfants juifs et le risque était grand pour elle et toute sa communauté. Devant notre détresse, Mère Véronique n’a pas hésité. Elle m’a accueillie et, après moi, encore au moins une vingtaine d’autres enfants juifs dont l’une d’entre elles avec sa maman. Toutes ont survécu ; j’ai eu, moi, le bonheur de recréer une famille. Aujourd’hui Mère Véronique est honorée au Yad Vashem et reçoit le titre de « Juste parmi les Nations ». Je déplore que mon état de santé ne me permette pas d’être présente en ce jour mémorable, mais je suis avec vous, avec toute la force de ma gratitude envers Mère Véronique et tous les êtres bienveillants qui m’ont tendu une main secourable ».

Élisabeth sera hébergée au Couvent durant toute la guerre et choisira d’y rester longtemps après, car sa mère sera arrêtée, sur dénonciation, à la frontière franco-suisse et disparaîtra elle aussi à Auschwitz. Les élèves juives ne se connaissent pas entre elles, elles mémorisent leurs nouveaux noms et restent d’une discrétion infaillible. « On reconnaissait bien ça et là certains physiques plus typés, cheveux et yeux plus sombres, mais nous étions toutes discrètes ». « La communauté n’avait pas d’argent, pas de timbres de ravitaillement [pour elle], mais elle m’a accueillie. On m’a nourrie, logée, encadrée. L’hiver, les Sœurs coupaient les arbres du jardin pour nous réchauffer. Elles manquaient de beaucoup de choses mais ont toujours partagé, m’ont toujours soutenue et consolée. Elles ont fait preuve d’une force affective incroyable » [5].

Après son cycle secondaire, Ilse-Élisabeth sera employée, de manière rémunérée, comme surveillante, et effectuera de petits travaux. Élisabeth trouve, dès les débuts de son séjour, une seconde famille chez la sœur d’une religieuse, Louisa Dujardin, et son mari, qui tiennent une boulangerie et sont sans enfants. Avec sa famille d’adoption ainsi qu’avec les Sœurs, elle gardera, au fil des années, le meilleur des contacts. Partie s’installer seule à Bruxelles à sa majorité, elle y trouvera du travail (chez un importateur d’animaux sauvages !), et bientôt un mari, juif d’Europe centrale, rescapé d’Auschwitz et de Buchenwald, avec qui elle fondera une famille, dont les enfants poursuivent leur trajectoire en Belgique. La montée de l’extrême droite en Autriche, au temps de Jörg Haider, va pourtant la renvoyer dans les années 1980 aux épisodes terribles de son enfance, et l’obliger à un accompagnement psychologique intense. Aujourd’hui qu’elle gagne une émouvante sérénité, c’est pour elle une joie d’exprimer sa reconnaissance à tous ces chrétiens qui ne l’ont jamais trompée. Sans connaître les démarches parallèles de son ancienne condisciple, elle entamera la procédure pour que Mère Marie-Véronique soit reconnue « juste parmi les nations » – alors même que l’ouvrage de A. Scharz-Bart, Le dernier des justes, publié au Seuil en 1959, ne cesse de l’habiter [6].

Simone Berman

Née en 1931, à Bruxelles, place de Ninove, près du canal, Simone Najman est elle aussi enfant unique. Son père chapelier tient une boutique rue du Marché aux Grains, près de la Bourse. Un jour, en 1942, un officier de haut rang le sauve d’une rafle. « La même année, en 1942, le régime nazi qui occupe la Belgique émet une nouvelle ordonnance : toutes les écoles du pays avaient l’ordre d’expulser les enfants juifs de leurs classes ». Simone est envoyée par ses parents, qui se cachent à Uccle, au Pensionnat de La Hulpe. Elle y découvre la discipline mais aussi la solidarité et la force du secret. Les visites de la famille au pensionnat étaient naturellement prohibées. « Mes parents, qui avaient toujours été à la page, veillaient néanmoins à m’envoyer voir le médecin ou le dentiste ». Lors de ces petits déplacements à Bruxelles, Simone vit de grandes émotions ; elle ne doit son salut qu’à des inconnus bienveillants :

Je me rendais en train à Bruxelles pour aller chez le dentiste. A côté de moi, sur la banquette, une petite fille. Ses parents me faisaient face. Le train quitte La Hulpe, s’arrête et on annonce une alerte. Nous devions rejoindre les abris ou rester sur place. Paralysie totale. Quelques heures s’écoulent. Il se fait tard. On nous annonce qu’à Bruxelles, il faudra passer par la Gestapo pour avoir un permis de circuler et de regagner son domicile car il sera plus de 22 heures. J’avais si peur que je ne parvenais plus à me remémorer le téléphone d’amis non juifs de mes parents, ni leur adresse. Je me voyais déjà embarquée pour un camp. Le couple qui me faisait face s’est rendu compte que j’étais pétrifiée. Dès notre arrivée à Bruxelles, le monsieur m’a mis la main sur l’épaule et m’a dit : « Ce soir, j’aurai deux filles ». La Gestapo nous a laissés passer. Le couple et leur fille ne m’ont pas posé une seule question. Sentant que j’étais perdue, ils m’ont emmenée chez eux à Schaerbeek. J’y ai passé la nuit dans une chambre d’amis. Le matin, ils m’ont demandé si je savais où aller, je leur ai répondu que oui. Aucun autre mot n’a été échangé. Lorsque je suis sortie, j’ai regardé l’adresse, enregistré mentalement la maison en me disant qu’un jour, je viendrai les remercier.

Ce qu’elle fit bien plus tard. Durant les années de pensionnat, elle perd sa mère, des suites d’une intervention chirurgicale. À la fin de l’Occupation, le père de Simone vient reprendre sa fille pour la ramener à Bruxelles. Mais la ville a changé, la vie aussi. Simone broie du noir dans cet univers qui fut impitoyable. Elle décide de faire ses valises et met le cap sur le nouveau monde, où les cieux sont plus cléments. « Je voulais aller où les gens étaient heureux. J’ai décidé de partir pour les États-Unis et je ne l’ai jamais regretté… J’ai travaillé de longues années à New York, je suis partie ensuite à Los Angeles où la Compagnie qui m’employait venait d’ouvrir un bureau. J’y suis restée. C’est un autre type de culture, bien sûr. Tout y est différent ! Je mange européen, je pense européen. Je resterai toujours européenne dans l’âme. Et je n’oublierai jamais ces belles personnalités qui ont changé mon destin ».

En 1996 seulement, Simone-Suzanne réalise qu’elle n’était pas un cas isolé dans l’école. « Nous avions toutes adopté un nouveau nom (j’étais devenue Marie-Simone Van Laet). Lors d’une visite à ma famille en Belgique, je suis allée saluer les Sœurs. Tout à coup, j’apprends, en partageant un café, qu’elles ont dissimulé bien d’autres enfants juives… De retour chez moi, j’ai téléphoné au Yad Vashem à Jérusalem pour demander que l’on honore la Mère supérieure. Ils m’ont envoyé les formulaires. Les procédures ont pris du temps… Mais voilà, nous y sommes » [7] :

Nous nous tenons aujourd’hui, en ce jeudi 3 novembre 2011, à Jérusalem, pour honorer officiellement la Mère Supérieure Marie Véronique de l’ordre du Saint-Cœur de Marie à La Hulpe, Belgique. Mon nom est Simone Suzanne Berman. Je dois ma vie à ce remarquable être humain. Et il en est ainsi pour beaucoup d’autres. Marie Véronique croyait qu’une personne peut faire la différence. Son Credo ? « On doit faire ce que l’on doit faire ». C’est parce qu’elle a fait ce qu’elle estimait devoir faire que je me tiens ici aujourd’hui. En 1942, Le régime nazi qui occupait la Belgique émit une nouvelle ordonnance : toutes les écoles du pays avaient l’ordre d’expulser les enfants juifs de leurs classes. L’ordre ne permettait pas d’alternatives ou d’exceptions. Déjà en 1942, un nombre substantiel d’enfants juifs avaient perdu parents, frères et sœurs dans le programme nazi d’extermination des Juifs en train de se dérouler. Parce que retenir un enfant juif à l’école le mettait aussi en danger de devenir la victime d’un camp de concentration, il n’y avait pas le choix ! Les enfants devaient être expulsés et affronter leur propre futur incertain. Mais la Mère Supérieure Marie Véronique dans la petite ville de La Hulpe, Belgique, croyait qu’elle avait le choix ; elle pouvait mettre les enfants en sécurité ! En dépit de tous les problèmes et les dangers auxquels elle savait qu’elle devrait faire face, y compris les dangers pour sa propre vie, sauver les enfants des horreurs de l’Holocauste demandait une action immédiate ! Et ainsi cette femme brillante et bien éduquée, physiquement petite, mais grande de cœur et forte de volonté, devint le sauveur de nombreux enfants qui auraient pu autrement ne pas réussir à survivre aux périls de ces années. Comment s’est-il fait qu’une seule femme put nous protéger, nous les enfants, pour la postérité ? Comment fit-elle ? Et pourquoi ? Les anciens professeurs de son école, tous chrétiens bien entendu, avaient été éduqués à comprendre, respecter et apprécier tous les groupes religieux, ainsi qu’à honorer l’humanité. Ces mêmes diplômées savaient que des enfants juifs avaient besoin de protection contre les exécutions criminelles perpétrées continuellement par les nazis. Elles adressèrent leurs préoccupations à la Mère Supérieure Marie Véronique. Elles demandèrent un avis et elle leur offrit une solution : laisser toutes les enfants suffisamment capables de fréquenter les classes de la première à la dernière année, devenir une part intégrante du corps des élèves pensionnaires de son école.
Des enfants en besoin d’une protection complète furent introduits auprès d’elle. Elle attribua un nom fictif à tous. Chacune de nous comprit que notre sécurité collective n’était assurée que par notre capacité à jouer nos rôles à chaque minute de chaque jour. Une des « clés » du succès du plan est que nous n’avions jamais su que telle autre élève partageait notre statut secret. Nous ne nous connaissions pas les unes les autres et de ce fait nous avons évité de devenir un « groupe » identifiable au sein de l’école. La Mère Supérieure Marie Véronique était vraiment le « Général » en charge de tout, chaque jour et à chaque minute du jour ! Elle comprenait les difficultés auxquelles nous faisions face, nous les enfants juifs cachés sous son aile. Nous n’avions pas de contacts avec nos parents ou un membre de la famille. Nous n’avions aucune idée si nous les reverrions jamais. Et des amitiés avec d’autres élèves étaient particulièrement dangereuses ! Comment pouvait-on être amie en étant incapable de divulguer sa vraie identité, où ses parents vivaient, combien avait-on de frères, de sœurs, de cousins, etc. ? Comment se faisait-il que nous ne visitions jamais nos familles et que nous n’avions jamais de visiteurs ? Les détails de notre vie devaient être évités et cependant certaines d’entre nous n’avaient que 7 ans. Mais nous le fîmes ! Sous la direction de la Mère Supérieure Marie Véronique nous parvînmes à réussir à maintenir la mascarade. Nous lui faisions confiance et elle nous faisait confiance pour « jouer » les rôles qu’elle nous instruisait de suivre. Elle parvint à nous faire comprendre l’importance de notre adhésion individuelle au « jeu ». Nous comprenions que toute bévue pouvait avoir des conséquences tragiques pour chacune des résidentes de l’école. En dépit du fait que nous fréquentions différentes classes vu notre grande différence d’âges, Marie Véronique trouva le moyen de nous aider toutes avec nos problèmes individuels. Par exemple, quand ma mère mourut, Sœur Marie Paule, qui était une des Sœurs que j’aimais beaucoup, fut déléguée pour me visiter chaque soir quand j’étais seule dans ma chambrette et en grand besoin de support et de réconfort. Ces visites continuèrent jusqu’à ce qu’elle soit certaine que j’accepte la mortalité comme un fait de la vie. Beaucoup plus tard, j’appris que plusieurs d’entre nous furent personnellement visitées et aidées par diverses Sœurs quand le désespoir, la solitude, la peur et le besoin du réconfort d’une famille devenait insupportable pour nous.
Aujourd’hui nous commémorons Mère Marie Véronique pour avoir risqué sa vie pour sauver la vie d’autres. A une époque où les forces du mal semblaient inexorables, elle crut et prouva qu’une personne peut faire la différence. Moi-même, avec d’innombrables autres, la remercie non seulement pour nos vies, mais aussi pour son dévouement, pour nous avoir offert un environnement d’excellente éducation et pour nous avoir prodigué un sens de la normalité qui nous a permis d’affronter le monde extérieur avec le sourire et l’espoir d’un futur dans lequel nous pourrions à nouveau être libres d’être nous-mêmes. Mère Marie Véronique, au nom de celles dont vous avez sauvé les vies d’une manière désintéressée et de celles auxquelles vont avez fait don d’un futur, nous vous remercions. Et au nom de l’humanité, nous vous honorons pour la force de votre exemple qui montre que même si l’on est seulement une unique personne agissant seule, nous avons le devoir et le pouvoir de protéger ceux qui sont sans défense face aux forces du mal.

Ce vibrant hommage permet aussi de comprendre, entre les lignes, qu’une entreprise aussi audacieuse ne pouvait réussir sans une solidarité générale, non seulement des enfants et des Sœurs mises dans la confidence, mais aussi, du voisinage, voire, des parents de certaines élèves externes (dont l’un cependant rexiste avéré) qui surent garder le secret. On en veut pour preuve ce récit savoureux, qui a trait à l’existence d’une cachette aménagée dans le Pensionnat, et de l’occasion où elle servit de refuge, lors d’un incident heureusement sans conséquence pour les « enfants cachées » et leurs protectrices.

Une astucieuse cachette

Un abri souterrain avait été préparé, sans doute en 1943, « pour les juives et les jeunes hommes [8] », par les Sœurs elles-mêmes.

Nous avons creusé dans ce qu’on appelait le chauffage de l’ancien bâtiment, dans le mur de droite à l’entrée, vers la salle de bain. Il y avait là un volume non utilisé. Nous creusions dans les pierres et les terres noires (peut-être chargées de suie). Chaque soir, après la prière, nous passions nos longs tabliers pour travailler pendant le sommeil du reste de la maisonnée. Combien de nuits cela a-t-il duré ? Un maçon en a parfait le travail, de sorte que la cachette était à l’abri d’éboulements. L’entrée était une trappe dans le vestiaire du rez de chaussée, sous le grand tapis. L’escalier y aboutissait, il y avait une réserve d’eau et de biscuits renouvelables. Un jour, à l’heure de l’étude, Monsieur l’Aumônier avertit que les camions allemands stationnent quelques mètres plus bas. De fait, on les voit de la fenêtre du petit parloir qui donne sur la rue. Sans aucun doute possible, c’est pour nous. Monsieur l’Aumônier se poste à la fenêtre du petit parloir, toutes portes ouvertes. Des sœurs sont en sentinelles aux endroits stratégiques du corridor. La salle d’étude du premier étage se vide en ordre, le rang descend. Au passage devant le vestiaire, les juives, sur un signe, quittent le groupe et entrent dans la classe en face. Le tapis est roulé, la trappe ouverte. Les autres pensionnaires descendent à la salle de jeux rejoindre les petites qui y sont déjà. Tout se passe dans le calme. C’est un trajet quotidien, mais habituellement un peu plus tardif. Le temps s’écoule. Monsieur l’Aumônier annonce : « Les camions sont partis ». Mieux vaut attendre encore. Ensuite, la vie normale reprend, on a eu chaud ! […]
Plus tard, le lundi 4 septembre 1944, une voisine d’en face, raconte à la révérende Mère (Marie Véronique) : « Un jour, des camions allemands se sont arrêtés devant la maison. Des soldats ont sonné, m’ont tendu un mandat de perquisition sur lequel j’ai lu le numéro du couvent. Comme je n’avais rien à cacher et que je devinais qu’il se passait des choses chez vous, je n’ai pas fait remarquer l’erreur. Ils ont tout fouillé, de la cave au grenier et même le jardin ». Le récit de la dame coïncidait avec notre grande alerte et nous avons compris à quel point la Sainte Vierge nous avait protégées.

Il y eut donc tout un entourage fervent et discret. Car la résistance était forte, dans et autour du Pensionnat. Et la solidarité aussi, puisque les neveux de Mère Marie-Véronique, par exemple, n’hésitaient pas à franchir de grandes distances pour faire parvenir au Couvent les pommes de terre de leur récolte. C’est de cette force d’âme générale que Sœur Paule, l’actuelle supérieure générale voulut témoigner, après que sœur Marie-Justine, qui a vécu cette époque, l’ait rappelée à son tour ; Madame l’Ambassadrice de Belgique en Israël reprendra ce leitmotiv, pour finir.

Intervention de Sœur Marie-Justine, contemporaine des événements

Personnellement, je suis entrée en religion en 1942, en pleine guerre ; je viens de la frontière française ; j’avais pris ma décision, je suis entrée ; mais nous ne savions pas ce qui se passait exactement avec les juifs. A la fin de 1942 je crois, je suis allée avec une Sœur [Marie-Michel] faire des courses à Bruxelles, rue de la Samaritaine, près du Palais de Justice. La Sœur devait y rencontrer une famille. Dans une petite maison, tout en haut, au dernier étage, j’ai vu de mes yeux vingt-deux personnes réunies, des juifs [dont certains portaient l’étoile jaune], et pour moi, jeune Sœur, ce fut un choc formidable. J’avais déjà connu la guerre, mais pas cela ; j’en ai été profondément touchée. En 1943, des enfants juives arrivaient chez nous sous un faux nom ; certaines avaient « le type », d’autres non ; de plus en plus d’enfants arrivaient au Pensionnat. Je me souviens de plusieurs noms, je revois beaucoup de visages.
Un jour arrive une enfant juive avec sa Maman : c’est Marie-Élisabeth ; je l’ai vue monter le grand escalier central (pour visiter le dortoir) avec sa Maman, et j’ai dit à une consœur : « en voilà encore une ». La Maman est redescendue, et nous ne l’avons jamais revue. Le père avait déjà été pris. Élisabeth est restée longtemps chez nous ; puisqu’elle connaissait plusieurs langues (flamand, anglais, allemand), elle a donné des cours. Un petit souvenir me revient d’elle. Comme ma famille l’avait adoptée, elle retournait régulièrement, quand c’était possible, chez ma sœur. Le premier billet de 500 F qu’elle a gagné, elle voulait l’encadrer ; mais ma sœur lui disait que l’argent est fait pour circuler ! C’est vous dire dans quel état était cette enfant. Elle s’est mariée, et ma sœur a assisté à son mariage, ainsi qu’à celui de sa fille, à la synagogue. Je l’ai encore visitée il y quelques semaines et nous avons toujours gardé des liens, mais son cœur ne pouvait pas supporter le voyage.
Un autre flash de l’époque me revient. Un jour les Allemands se présentent à Mère Véronique, ils sont à la recherche des cloches du couvent (pour en faire des canons). Elle les promène dans toute l’immense maison, mais une armoire dissimule parfaitement la porte du clocher, qui d’ailleurs n’est pas facile à situer. Et la petite Mère Véronique de laisser entendre qu’elle ne sait pas comment y arriver… Le lendemain évidemment, les trois jeunes gens réfractaires que nous cachions aussi ont creusé un grand trou dans le jardin, et les cloches y sont restées jusqu’à la Libération, avec les cuivres de la chapelle d’ailleurs. Cela rappelle l’histoire de la cachette aménagée pour les enfants, et qui n’a heureusement servi qu’une fois. C’est ainsi que Marie-Élisabeth a survécu, est restée en relations avec beaucoup d’enfants juives et demeure toujours en lien avec nous.

Intervention de Sœur Paule, supérieure générale

Chaque fois qu’une femme, un homme, un enfant se lève pour sauver son frère, sa sœur en humanité jusqu’à risquer sa vie ou même la donner, chaque fois se révèle, souvent dans la plus grande discrétion, la noblesse de l’être humain. Oui, comme tant d’autres justes, Mère Véronique « croyait qu’ elle avait le choix : elle pouvait sauver les enfants », nous témoigne Simone [Berman]. Un violon a une âme, vous le savez bien, Chers Amis ! Et elle vibre sous les doigts de l’artiste. Ensemble, laissons vibrer notre âme en Dieu. Offrons-Lui notre action de grâce pour tous les justes reconnus ou non, mais assurément tous connus de Lui. Confions-Lui tous nos frères et sœurs en humanité qui aujourd’hui encore sont sans secours devant les forces du mal. Croyons que nous avons le choix de pouvoir les sauver. Merci, du fond du cœur de votre amitié et de votre reconnaissance. A notre tour, laissez nous vous dire, au nom de toutes nos Sœurs, celles d’hier, d’aujourd’hui et de demain, toute notre reconnaissance et notre amitié. « Je verrai la bonté de Dieu sur la terre des vivants » (Ps 26, du jour).

Madame Bénédicte Franquinet, Ambassadrice de Belgique en Israël

C’est toujours un grand honneur pour l’Ambassadrice de Belgique en Israël d’être associée à cette cérémonie de reconnaissance de citoyens belges comme justes parmi les nations, malheureusement souvent à titre posthume – ce qui n’en diminue pas le caractère extraordinaire. Je pense que cette commémoration peut nous permettre de passer de l’universel au singulier, pour repartir vers l’universel. Il y avait, au début de la guerre, 50 à 60.000 juifs en Belgique ; plus de la moitié ont été déportés ; bien peu sont revenus. C’est un malheur pour les Juifs, un malheur pour Israël, un malheur pour la Belgique. Mais près de la moitié ont été sauvés, parce que des personnes en Belgique, comme Mère Marie-Véronique, ont pris l’initiative et ont fait le choix de protéger des autres personnes justement parce qu’elles étaient vulnérables (beaucoup avaient récemment dû immigrer de Pologne, de Tchécoslovaquie, d’Allemagne…). Des Belges ont fait ce choix, sans trop se poser de questions, en pensant que c’était là leur devoir ; ils sont 1.584 reconnus comme justes, et une dizaine s’y ajoute encore chaque année. Au-delà des chiffres, il y a des histoires individuelles, des survivants et des sauveurs. Quand on se penche sur ces « enfants cachés », chaque histoire est extraordinaire et tout ensemble, vous tire des larmes et vous redonne espoir. La cérémonie montre qu’il en fut ainsi individuellement de Simone, Ilse, Marie-Véronique. Ces histoires ne se reproduisent pas, mais permettent de repartir vers l’universel : le choix que ces personnes ont fait. On entend si souvent dire qu’« on n’avait pas le choix », que c’était dangereux, qu’il y avait des menaces sur la famille, etc. Mais un choix difficile et pénible était pourtant possible, et certains l’ont fait. Après trois ans de présence en Israël, c’est la grande leçon d’avenir que je retiens, celle qu’il faut enseigner aux enfants et à tous. Si au lieu de 1.500 justes, il y en avait eu 15.000 ou 150.000, le projet épouvantable de l’extermination n’aurait peut-être pas abouti. Ainsi, il est toujours possible de réfléchir devant des situations terrifiantes, et de prendre le temps de nous dire à nouveau : j’ai le choix. C’est la leçon universelle que j’aimerais proposer : nous avons le choix ; faisons le bon choix.

Pour finir

Comment mieux finir qu’en publiant encore l’attachant courrier de Albert Guigui, Grand Rabbin de Bruxelles, qui écrivait à la Congrégation, le 6 novembre :

Un immense merci pour avoir essayé de nous mettre au courant du bel hommage qui a été rendu à votre supérieure générale qui a caché des enfants juifs pendant la tourmente. Notre peuple n’oubliera jamais le courage de ces hommes et de ces femmes qui au péril de leur vie ont arraché des hommes, des femmes et des enfants des griffes des nazis. Notre Communauté leur sera éternellement reconnaissante. J’ai eu le privilège de connaître certains de ces justes des nations : le père Passelecq entre autres. Un homme d’une grande humanité. Un Père remarquable qui a tellement œuvré à jeter des ponts entre juifs et chrétiens […]. Je voudrais vous dire que je me tiens à votre entière disposition. N’hésitez pas à faire appel à moi quand vous le souhaiterez. Que le Tout-Puissant vous bénisse et vous accorde longue vie et bonne santé.

Qu’il en soit donc ainsi.

[1Qui fut le premier directeur de notre revue, alors titrée « Revue des communautés religieuses ».

[2Il est notoire qu’après la guerre, elle y reçut également les filles de collaborateurs ou autres rexistes qui, en raison de l’épuration, ne trouvaient pas à s’inscrire à Bruxelles ou à Anvers.

[3Par le XVIIIe transport, parti de Malines vers Auschwitz. Du XXe convoi, le seul que put attaquer la résistance, une quinzaine de fugitifs seulement ne furent pas repris.

[4Ilse perdra ainsi beaucoup de membres de sa famille, dont ses grands-parents ; elle est persuadée que son grand-père, entrant dans la chambre à gaz, a récité le Sh’ma Israël (« Écoute Israël, le Seigneur notre Dieu est le Seigneur Un » : c’est la confession de foi juive la plus pure, quotidiennement récitée ; Dt 6,4).

[5Extrait de la première demande de reconnaissance introduite par I. Steiner.

[6On sait que le Kaddish final (la prière pour les morts) de cet ouvrage sans pareil est précisément inscrit dans le sol du Mémorial Yad Vashem.

[7L’hommage de S. Berman a été lu par Myriam Eckstein, sa petite cousine, résidant en Israël.

[8Des jeunes gens belges, réfractaires au travail obligatoire en Allemagne.

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