Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Chronique d’Ecriture Sainte (N.T.)

Véronique Fabre

N°2006-4 Octobre 2006

| P. 271-279 |

Les livres que les éditeurs ont bien voulu nous faire parvenir cette année sont regroupés en trois sections : les Évangiles (I), Paul et les Actes des Apôtres (II), les Épitres (III), des ouvrages généraux (IV). Notons l’intérêt suscité par l’évangile de Marc puisque quatre ouvrages s’y rapportent.

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Les livres que les éditeurs ont bien voulu nous faire parvenir cette année sont regroupés en trois sections : les Évangiles (I), Paul et les Actes des Apôtres (II), les Épitres (III), des ouvrages généraux (IV). Notons l’intérêt suscité par l’évangile de Marc puisque quatre ouvrages s’y rapportent.

I

Elian Cuvillier, professeur de Nouveau Testament à la faculté de théologie protestante de Montpellier, nous propose de lire les récits de l’enfance de Matthieu et d’en percevoir l’importance pour la suite de l’évangile [1] : « L’hypothèse qui fonde notre lecture est que Mt 1 et 2 forment ce que l’on pourrait appeler une préhistoire mythique à la narration évangélique, un peu à la manière des dix premiers chapitres de la Genèse. Dire d’un texte évangélique qu’il est “mythique” signifie que le récit renvoie à des réalités plus profondes que le simple établissement chronologique et exact des faits » (p. 18). Après une analyse narrative des deux chapitres, l’A. en étudie les échos dans l’ensemble de l’évangile, à travers quelques thèmes importants : au plan anthropologique, les thèmes de la filiation et de la violence ; au plan théologique, ceux de la justice (et son corollaire, celui de la Loi) et de l’universalisme (et son corollaire, celui du particularisme) ; enfin, à l’articulation de l’anthropologique et du théologique, la figure même de l’enfant. C’est donc une profonde lecture christologique du premier évangile qui nous est offerte, ainsi qu’en témoigne la dernière citation du texte – de Luther – qui selon l’A. lui-même, résume parfaitement son propos (cf. p. 198) : « La religion chrétienne n’a pas son point de départ sur les sommets, comme toutes les autres religions, mais tout en bas […] C’est pourquoi, quand tu entends réfléchir à ton salut ou faire quelque chose pour cela, laisse là toute spéculation sur la majesté de Dieu, toute cogitation sur les œuvres, les traditions, la philosophie et les lois divines et hâte-toi de te retirer auprès de la crèche, du sein maternel, attache-toi à cet enfant, à ce fils de la Vierge, regarde-le naître, téter, croître, vivant parmi les hommes, enseignant, mourant, ressuscitant, enlevé au-dessus de tous les cieux, ayant pouvoir sur toute chose. »

Les « Cahiers Évangile » consacrent leur dossier n° 133 à L’Évangile de Jésus Christ selon saint Marc [2]. Ce cahier « a pour but premier de donner aux pasteurs et prédicateurs ainsi qu’aux équipes liturgiques un éclairage rapide sur les passages lus les dimanches et fêtes de l’Année B (p. 1). L’A., professeur d’Écriture sainte à Caen, y présente un Jésus déroutant et déconcertant. Les disciples, quant à eux, y sont marqués par leurs faiblesses et leurs manques de foi. Quelques encarts explicatifs introduisent à la narration. Le croyant, face à l’apparition progressive du Christ tout au long du récit évangélique, est mis, avec les disciples, à l’épreuve de la foi. Tel est le chemin liturgique proposé, pour une contemplation des mystères de la vie du Christ Notre Seigneur.

La nouvelle collection « Écriture en pastorale » des éditions Lumen Vitae propose également un volume sur l’évangile de Marc [3], faisant suite en quelque sorte à Ferments d’Évangile, une Église en mouvement, écrit par les mêmes auteurs. Naguère, le commentaire de Marc ne s’attardait que sur certains passages, alors qu’ici l’évangile est lu en son entièreté. L’enjeu pastoral conduit néanmoins à développer certaines péricopes plus que d’autres : « Notre expérience dans l’animation nous a fait découvrir que certains épisodes parlent très fort, éclairent l’intelligence et nourrissent la foi » (p. 11). La seconde partie du livre présente une réflexion théologique et pastorale sur l’itinéraire parcouru, qui dégage quatre perspectives : une pastorale du Royaume ; une pastorale renouvelée de proximité ; une pastorale de discernement ; des relations de réciprocité entre prêtres et laïcs. Des encadrés, tout au long du livre, apportent diverses explications et quelques citations des textes du magistère, ainsi qu’une annexe faisant le point sur la question de l’historicité, notamment à l’aide des travaux de J.-P. Meier (cf. recensions de ce numéro). Nul doute que cet ouvrage aidera à lire l’évangile de Marc en clé pastorale.

Voici encore le second petit livre de M. Navarro Puerto annoncé dans la chronique de l’AT (cf. Vs Cs 2006-3, p. 190) dans la série : Clés pour une lecture narrative [4]. Entièrement consacré à l’évangile de Marc, il s’articule autour de trois axes : la mariologie, la théorie du chaos et la psychologie. Pour le premier, l’A. ne prend que les épisodes dans lesquels Marie apparaît, mais sans perdre de vue la séquence et l’action narratives de l’ensemble. Ensuite, deux épisodes sont choisis qui illustrent deux moments de peur chaotique : la peur de Jésus à Gethsémani, celle de Pierre dans l’épisode du jugement de Jésus. Enfin, l’étude se penche sur Mc 5 qui, après un épisode faisant référence à la violence de la nature (tempête sur le lac en 4, 35-41), conjoint la violence sociopolitique (Gérasénien) et la violence symbolique (femmes). L’ensemble permet de s’ouvrir à de nouvelles lectures culturelles, et de s’approcher toujours davantage du surcroît de sens du texte biblique.

Un tout autre ouvrage, paru aux éditions Labor et Fides [5], approfondit la lecture narrative de l’évangile de Marc. Le titre en dit déjà la teneur : Marc, une théologie de la fragilité. Obscure clarté d’une narration. D. Marguerat, qui a rédigé avec l’auteur Pour lire les récits bibliques, préface le livre en explicitant son fil conducteur : « La thèse que défend Yvan Bourquin touche ni plus ni moins la construction du récit de Marc. Prenant appui sur le postulat que le début et la fin d’un récit sont des lieux stratégiques de la communication auteur-lecteur, Yvan Bourquin défend l’idée que le sens tout entier de l’œuvre nous est livré, comme en condensé, dans le prologue et la finale de Marc […] L’originalité de ce livre est de montrer une circularité entre début et fin de l’évangile, où par un procédé de mise en abyme, l’intrigue du récit entier se laisse percevoir […] La rhétorique narrative de Marc, Yvan Bourquin la voit mise au service d’une théologie articulée sur les deux pôles de la promesse et de l’échec, qui requiert pour être comprise une “herméneutique de la blessure” » (p. 9). Les deux premiers chapitres constituent une boîte à outils très fournie de la méthode narrative, et avant d’analyser minutieusement prologue et finale, l’A. se penche sur début et fin du récit dans les littératures grecque, latine, juive et chrétienne. Dans un dernier chapitre, les clés de lecture que constituent prologue et épilogue, apparaissent avec grande clarté. Certes, la lecture de ce livre relativement volumineux demande un certain investissement en raison de sa technicité, mais l’effort en vaut la peine. À cet effet, signalons un glossaire final particulièrement utile.

Nous quittons Marc pour Jean avec un ouvrage intitulé [6] : La chaîne des témoins dans l’évangile de Jean. Selon E. Cothenet, exégète bien connu, le quatrième évangile se compose de deux livres : celui des signes (1, 9-12) et celui de l’Heure (13 – 20). L’originalité de ce parcours johannique vient de l’importance accordée au témoignage : « Attentif aux réactions favorables ou hostiles que rencontra le Christ dans la révélation de sa personne et de sa mission, l’évangéliste s’est intéressé spécialement aux témoins qui se sont engagés à proclamer leur foi » (p. 7). Après celui du Baptiste, au seuil de l’Évangile, sont présentés les témoignages du Christ, du Père, de l’Écriture et du Paraclet. Le disciple bien-aimé, enfin, atteste de la permanence du témoin, le Christ. Le souci pastoral de l’A. et son attention à la théologie johannique d’une part, son recours à l’herméneutique augustinienne et les ouvertures de fin de chapitre d’autre part, peuvent être une aide pour un chemin de foi.

Un autre ouvrage traite de l’évangile johannique, mais en se limitant à Jn 7,1 – 10,21, section placée sous le signe de la fête des Tentes [7]. Luc Devillers, enseignant à l’École biblique et archéologique de Jérusalem, nous y livre les points essentiels d’une longue recherche sur le sujet, ainsi que les conclusions auxquelles il a abouti. Il relate l’histoire de la fête des Tentes, avant de commenter pas à pas la section que Jean lui consacre. La piscine de Siloé – qui signifie « Envoyé » – liée à l’histoire de Jérusalem, jouait un rôle durant la fête des tentes et donna lieu au fil des siècles à une véritable saga. Dès le début, l’A. s’interroge : « Comme les Juifs, les chrétiens célèbrent Pâques et Pentecôte. Mais curieusement, ils n’ont pas de grande fête qui rappelle Sukkot […] L’absence d’une fête des Tentes chrétienne reste une énigme » (p. 18 et 20). Après tout le parcours du livre sur les traces du Jésus johannique pendant son pèlerinage à Jérusalem, l’A. répond à sa propre question : « La liturgie chrétienne n’a pas d’équivalent de la fête des Tentes, et cela pourrait nous étonner. La section que Jean lui a consacrée me paraît apporter une certaine réponse à cette énigme. Jean traite de la fête des Tentes avec beaucoup de soin, mais il la met au service de sa christologie de l’envoi. Son idée fondamentale est que le Père a envoyé Jésus. Dans notre présentation du mystère du Christ, nous devrions remettre en bonne place cette dimension prophétique, car elle est fondamentale. C’est parce que Jésus a été reconnu comme un prophète envoyé par Dieu que l’on a pu décliner à son sujet les autres expressions christologiques connues de l’évangile […] A la racine de la christologie johannique, il y a donc celle de l’envoi, profondément théocentrique » (p. 219 et 220). C’est dire la portée théologique de cette recherche gracieusement mise à notre portée.

II

J. Murphy O’Connor, également professeur à l’École biblique de Jérusalem, nous offre un récit étonnant : Jésus et Paul – Vies parallèles [8]. On se rappelle son Histoire de Paul de Tarse, publiée en 2004 (Cf. Vs Cs 2005/4, p. 269). L’A. fait lui-même le lien dans son Avant-propos : « Je dois, bien sûr, mon sous-titre à Plutarque [9], mais ce petit livre n’a pas la prétention d’égaler ses fameuses Vies Parallèles […] En dépit de ses dénégations, Plutarque ne rapporte pas des petits détails, mais plutôt l’histoire d’une vie complète […] J’ai tenté ce genre de biographie pour l’Apôtre, avec mon Histoire de Paul de Tarse, mais c’est manifestement impossible pour Jésus. Plutarque, cependant, justifie mon intérêt pour une série de coïncidences dans la vie de Paul et de Jésus. Non seulement ils sont nés à un an d’intervalle, mais de plus, tous deux ont connu dans leur enfance l’expérience traumatisante de l’exil forcé avec leurs parents » (p. 9). Pour bien situer la portée de l’entreprise, il faut aussi rappeler, selon les précisions de l’ouvrage précédent, que l’hypothétique et l’imaginaire ne sont pas absents de ces reconstructions. Mais chaque fois, c’est l’hypothèse la plus probable qui est retenue par l’A. dont l’imagination reste sous contrôle des sources écrites ou archéologiques contemporaines. Ici encore, le résultat est captivant, sans pour autant s’imposer de manière contraignante.

Une étude résolument originale se penche sur le dernier voyage de Paul vers Rome [10] – souvent dénommé « voyage de la captivité » – qui nous est raconté en Ac 27 – 28,16. Chantal Reynier, professeur d’exégèse biblique au Centre Sèvres, différencie les diverses navigations qui constituent ce voyage et précise : « Compte tenu de la richesse descriptive de ces navigations tant au niveau du vocabulaire utilisé que des faits eux-mêmes, il nous paraît novateur d’aborder ce texte sous son angle maritime, et cela sans entrer dans les questions de narrativité, de genre littéraire ou de vision théologique » (p. 21). Ainsi est-il fait appel à l’histoire, à l’archéologie, à la littérature et au monde maritime afin de conjuguer exégèse et histoire. L’ouvrage commence par étudier le vocabulaire relatif à la mer et à la navigation, avant de se focaliser sur chacun des trois bateaux empruntés, le premier de Césarée à Myra (Ac 27,1-5), le second de Myra à Malte (Ac 27,6 – 28,10), le troisième de Malte à Pouzzoles, précédant l’arrivée à Rome (Ac 28,11-16). Finalement le récit lucanien se présente comme une véritable relation de voyage et comme un récit de navigation digne de foi. Soulignons la spécificité de la traduction intégrant les termes marins adaptés, ainsi que la qualité des cartes, glossaires et index présentés en annexes.

Comme l’an dernier, à propos de l’évangile de Marc, le Centre « Le Chemin » du monastère des bénédictines de Rixensart édite un guide, traduit de l’espagnol, pour une lecture des Actes des Apôtres [11]. Cette parution est destinée à des communautés paroissiales, groupes de jeunes, groupes de foyer… désireux de creuser ensemble et de partager la Parole de Dieu. Deux livrets d’accompagnement, un pour le participant et un pour l’animateur, présentent une méthode pour mener en petits groupes une lecture continue des Actes des Apôtres sur l’année. L’enjeu est de découvrir combien les dimensions communautaire et missionnaire de la vie de l’Église dépendent de l’Esprit Saint.

III

Le n° 39 de la collection « Connaître la Bible » des éditions Lumen Vitae s’attache à la moins étudiée des métaphores pauliniennes, celle de la course de l’athlète au stade [12]. S. Reymond, théologienne protestante, suit le déroulement de la pensée de l’Apôtre telle qu’elle se donne en Ph 3,10-16, en abordant tout d’abord la question de la connaissance du Christ, fondement et but de la course spirituelle, puis en présentant les caractéristiques de l’élan de la foi à partir de la figure de l’athlète, dont la course reproduit d’une certaine manière la dynamique de la connaissance (cf. p. 13). La réflexion ne se limite pas au passage choisi, mais se prolonge par l’étude du contexte plus ou moins proche dans l’épître aux Philippiens, et aussi au-delà, « en évitant toutefois de reconstruire, à partir des thèmes traités, une pensée systématique couvrant tous les écrits de Paul » (p. 13). Ce petit livre, en effet, nous emmène toujours plus loin, de la vie à la vie par la mort, en ce mouvement qui « traduit la Révélation de Dieu dans le Christ, ressuscité et crucifié » (p. 77).

A. Vanhoye, grand spécialiste de l’épître aux Hébreux, nous livre une lecture spirituelle sur le don du Christ [13]. Il s’agit d’un recueil d’articles dont l’A. nous précise l’ordonnancement : « Les articles rassemblés dans ce volume n’ont évidemment pas la prétention de révéler toute la richesse du mystère du Christ ni tout son apport pour la vie du chrétien. Composés en diverses circonstances, ils en expriment seulement quelques aspects. On peut les diviser en trois groupes. Le premier groupe offre des vues d’ensemble sur la prière du Christ et celle des chrétiens, ainsi que sur le lien entre la vie intérieure et le témoignage extérieur. Le deuxième groupe étudie quatre passages de l’épître aux Hébreux qui sont proposés dans la liturgie de la Parole ; ils expriment plusieurs aspects du sacrifice du Christ et de son sacerdoce. Le dernier groupe, enfin, donne des perspectives d’ensemble sur ce sacrifice et ce sacerdoce, ainsi que sur leurs répercussions dans la vie chrétienne » (p. 5). Un beau parcours qui aidera chacun et tous à mieux entrer dans la prière du Christ et dans son union de vie avec le Père (cf. p. 10).

Après l’étude sur Luc de R. Meynet (cf. Vs Cs 2005/4, p. 265), le second livre de la collection « Rhétorique Sémitique » vient de paraître aux éditions Lethielleux [14]. Il s’agit d’une recherche sur la lettre de Jacques, menée par Thomasz Kot, enseignant à la faculté de théologie de Varsovie. Sa méthode, initiée par R. Meynet, consiste à mettre en lumière la composition du texte étudié, notamment par des planches exhibant les mots et les expressions qui le structurent, depuis les unités les plus élémentaires jusqu’aux grandes sections qui en forment l’ensemble. Pour chaque passage, l’A. précise aussi le contexte biblique et donne l’interprétation qui se dégage de son analyse. Ainsi découvre-t-on cinq séquences dans la lettre, au long des cinq premiers chapitres de l’ouvrage. Puis un chapitre final établit les relations entre les cinq séquences et propose une composition générale de la Lettre ainsi que les principaux axes de son interprétation. Le parcours est parfois ardu en raison de la grande précision de l’étude, mais les résultats sont importants puisqu’ils bouleversent des idées très ancrées dans les mentalités, notamment depuis la Réforme : le sujet central de la Lettre de Jacques n’est autre que la foi. La méprise sur le rapport entre la foi et les œuvres – qui par suite donne à penser que Paul et Jacques se contredisent – est due, essentiellement, à une lecture fragmentaire de la Lettre. Autant dire l’intérêt œcuménique de cet ouvrage.

Le troisième volume de la collection « Commentaire biblique : Nouveau Testament » du Cerf étudie les épîtres de Jean ; son auteur est Michèle Morgen, professeur à l’université Marc Bloch de Strasbourg [15]. Selon l’objectif de cette collection, le commentaire – scientifique tout en étant accessible à un large public – fait apparaître la dynamique du texte pris comme un ensemble. Les trois lettres sont considérées l’une après l’autre, dans leur cohérence propre, avec la grosse part réservée à la première, nettement plus longue. L’A. donne donne sa vision d’ensemble dès le début : « Le principal résultat de mes recherches consiste à présenter les trois épîtres de Jean, mais surtout la première, comme un commentaire du kérygme johannique. Le commentateur appartient à la même école de pensée que l’auteur du quatrième évangile […] S’il fallait résumer les lignes de crêtes de la pensée johannique, je dirais qu’elles nous conduisent vers l’une des caractéristiques de la foi chrétienne : parce qu’elle est adhésion à Jésus Christ, la foi proclame l’amour de Dieu et se vérifie indiscutablement à l’aune de l’amour fraternel » (p. 7). Pour chaque péricope, on trouve bibliographie, traduction aussi littérale que possible, interprétation, et des notes plus techniques renvoyées à la fin. L’analyse est d’une grande précision, et particulièrement intéressante lorsqu’elle montre comment la première épître s’organise autour du mot-clé « demeurer ».

IV

Dans la famille « Lectio Divina », Simon Légasse, professeur émérite à l’Institut catholique de Toulouse, publie une étude sur les fondements scripturaires des fêtes de l’année [16]. Onze fêtes sont ainsi étudiées méthodiquement, de l’Annonciation à la Pentecôte. Lorsqu’il y a plusieurs textes évangéliques possibles, les différentes versions sont appréhendées successivement. La fête de Pâques bénéficie d’abord du point de vue des synoptiques, ensuite de l’évangile de Jean. Dans chaque cas, l’étude exégétique est menée selon la méthode historico-critique, chaque texte étant considéré pour lui-même. Un dernier chapitre clôt l’ensemble : « Que fêtons-nous ? Mythe et liturgie ». Le mythe est défini par l’A. comme « une forme de pensée et d’expression d’une époque donnée, impropre à penser et à s’exprimer autrement que par des images mythiques, autrement dit imaginaires, sans réalité dans les faits, mais traduisant une vérité religieuse acceptable même à un esprit moderne » (p. 235). Ce chapitre sur l’historicité est bien rapide, mais il a l’avantage de présenter clairement la position de l’auteur.

La présence divine à l’individu d’après le Nouveau Testament [17]. Très vaste programme ! L’ouvrage de N. Siffer-Wiederhold, exégète à la faculté de théologie catholique de l’université de Strasbourg, est une version remaniée d’une thèse sur l’aspect individuel de la présence divine. Cette dernière s’exprime dans la Bible par deux formules : « Dieu est avec… », traditionnelle dans l’AT et « Dieu est en… », uniquement présente dans le NT. L’une traduit l’assistance active de Dieu, l’autre l’intériorité de sa présence. L’objectif de l’étude est de dégager la portée théologique de ces formules et l’implication de la présence divine pour chaque chrétien ; sa démarche est historico-critique. Le parcours débute avec l’AT auquel se rajoute la littérature extra-biblique du judaïsme antique, puis s’arrête sur chaque occurrence du NT avec une insistance particulière sur les écrits johanniques dans lesquels la seconde formule revient abondamment. Des synthèses jalonnent le chemin et en finale, l’A. nous livre en quelques pages conclusives « le potentiel théologique de la représentation de la présence divine à l’individu ». En voici les principaux points qui disent l’importance de la perspective proprement individuelle choisie par l’A. : un motif attesté tout au long de la tradition biblique ; de l’accompagnement à l’intériorité ; Jésus-Christ, médiateur et acteur de la présence ; dynamique divine et communion interpersonnelle ; plaidoyer pour l’individu. À noter la grande utilité de l’index biblique final, toujours précieux dans les études thématiques, mais tout particulièrement ici, étant donné l’abondance de la matière. C’est avec ce beau livre sur la présence divine à l’homme que se clôt notre chronique.

[1E. Cuvillier, Naissance et enfance d’un Dieu, Jésus-Christ dans l’évangile de Matthieu, Paris, Bayard, 2005, 15 x 20,5 cm, 235 p., 19,80 €.

[2P. Léonard, Évangile de Jésus Christ selon saint Marc, coll. « Cahiers Évangile » 133, Paris, Cerf, 2005, 18 x 19 cm, 88 p., 7,00 €.

[3Ph. Bacq & O. Ribadeau-Dumas, Un goût d’Évangile. Marc, un récit en pastorale, coll. « Écriture en pastorale », Bruxelles, Lumen Vitae, 2006, 15 x 22,5 cm, 337 p., 27,00 €.

[4M. Navarro Puerto, Quand la Bible se raconte. Clés pour une lecture narrative. Deuxième partie. Textes de l’évangile selon Marc. Coll. « Connaître la Bible » 42, Bruxelles, Lumen Vitae, 2006, 15 x 21 cm, 80 p., 9,00 €.

[5Y. Bourquin, Marc, une théologie de la fragilité. Obscure clarté d’une narration, Genève, Labor et Fides, 2005, 14,5 x 22,5 cm, 466 p., 32,00 €.

[6E. Cothenet, La chaîne des témoins dans l’évangile de Jean. De Jean-Baptiste au disciple bien-aimé, coll. « Lire la Bible » 112, Paris, Cerf, 2005, 13,5 x 21,5 cm, 151 p., 20,00 €.

[7L. Devillers, La saga de Siloé. Jésus et la fête des Tentes (Jn 7,1 – 10,21), coll. « Lire la Bible », 143, Paris, Cerf, 2005, 13,5 x 21,5 cm, 223 p., 17,00 €.

[8J. Murphy-O’connor, Jésus et Paul – Vies parallèles, coll. « Lire la Bible », Paris/Montréal, Cerf/Médiaspaul, 2006, 13,5 x 21,5 cm, 152 p., 25,00 €.

[9Pour mémoire, Plutarque est un biographe grec né à Chéronée en 46 et mort en 125. Dans son œuvre principale, Vies parallèles, il brosse les portraits associés de personnages grecs et romains avec grand talent et un réel souci didactique

[10Ch. Reynier, Paul de Tarse en Méditerranée – Recherches autour de la navigation dans l’Antiquité (Ac 27 – 28,16), coll. « Lectio Divina », 206, Paris, Cerf, 2006, 13,5 x 21,5 cm, 288 p., 28,00 €.

[11La Casa de la Biblia, Dans le souffle de l’Esprit. Guide pour une lecture communautaire des Actes des Apôtres, Rixensart, Monastère des Bénédictines/Centre le Chemin, 2006, 14 x 21 com, 101 p. (participant) 6,00 € et 135 p. (animateur) 12,00 €.

[12S. Reymond, Connaissance du Christ et élan de la foi. La course spirituelle dans l’épître aux Philippiens, coll. « Connaître la bible » 39, Bruxelles, Lumen Vitae, 2005, 15 x 21 cm, 80 p., 9,00 €.

[13A. Vanhoye, Le don du Christ. Lecture spirituelle, Paris, Bayard, 2005, 15 x 20 cm, 241 p., 19,80 €.

[14T. Kot, La lettre de Jacques. La foi, chemin de vie, coll. « Rhétorique sémitique », Paris, Lethielleux, 2006, 17 x 24 cm, 281 p., 26,00 €.

[15M. Morgen, Les épîtres de Jean, coll. « Commentaire biblique : Nouveau Testament » 19, Paris, Cerf, 2005, 15,5 x 23 cm, 264 p., 26,00 €.

[16S. Legasse, Les fêtes de l’année. Fondements scripturaires, coll. « Lectio Divina », Paris/Montréal, Cerf/Médiaspaul, 2006, 13,5 x 21,5 cm, 241 p., 23,00 €.

[17N. Siffer-Wiederhold, La présence divine à l’individu d’après le Nouveau Testament, coll. « Lectio Divina » 203, Paris, Cerf, 2005, 13,5 x 21,5 cm, 437 p., 45,00 €.

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