A la suite du Prince de la Paix
Des communautés religieuses pour la justice
Nicolas Stebbing
N°2005-4 • Octobre 2005
| P. 232-241 |
La vie communautaire des religieux peut-elle être en rapport avec le combat pour la justice ? Ce vigoureux témoignage d’un religieux anglican nous ramène à l’essentiel : la prière de supplication, l’étude et la réflexion, et dans tous les cas, le souci des affligés. Le cas de l’Afrique australe, en particulier du Zimbabwe, montre le prix qu’il faudrait pouvoir payer.
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Je suis un enfant des années soixante : j’étais adolescent quand elles ont commencé et jeune adulte à la fin. C’était une époque merveilleuse pour les jeunes, l’époque de la musique rock, avec, dans le monde anglophone, les Beatles, les beatnicks, le pouvoir des fleurs et les manifestations politiques comme caractéristiques marquantes. Du côté de l’Église, l’œcuménisme prenait son élan, Vatican II changeait la face du catholicisme. Les empires coloniaux s’effondraient et l’Afrique vibrait d’idées nouvelles, de nouvelles libertés, et, hélas, de nouvelles guerres civiles qui n’ont pas cessé depuis. Nous les jeunes savions que nous avions toutes les réponses. Pour une fois, nos aînés étaient d’accord. Bien entendu, beaucoup de ce que nous espérions alors s’est révélé vide des promesses escomptées. Mais une chose demeure : le souci de la paix et de la justice. L’une des meilleures avancées de Vatican II est d’avoir tourné toute l’attention de l’Église vers la justice et la paix. Catholiques et protestants étaient unis sur ce point. Les prêtres, les moines, les religieuses se retrouvaient aux manifestations où ils portaient des pancartes et même, se faisaient arrêter. Le moine d’Occident le plus célèbre, Thomas Merton, était publiquement identifié avec la cause de la justice et de la paix. Les Jésuites sortaient de leurs collèges et on les retrouvait dans les bidonvilles d’Amérique du Sud fomentant la révolution au moyen très simple de la lecture de la Bible. Et moi, où étais-je alors ? Durant toutes ces années, j’étais dans mon pays (qu’on appelait alors la Rhodésie), enflammé par la détermination de m’opposer à l’impérialisme de mes compatriotes blancs et d’aider mes compatriotes noirs à se libérer. Et je découvrais la vie religieuse, je la découvrais et elle me captivait. Ce fut dans un prieuré de notre communauté de Johannesbourg que je lus des écrits où je découvris le mal réel de l’apartheid. Par la suite, je devais encore rencontrer dans cette même maison des héros de cette lutte.
La vie monastique a toujours été pour moi un lieu de liberté, un lieu où Dieu nous appelle à la liberté, une liberté qui est personnelle, mais aussi une liberté qui nous affranchit des structures qui nous emprisonnent, une liberté qui nous invite à la partager avec tous les opprimés. La question qui se pose est de savoir comment nous y prendre. Les années soixante furent une belle époque entre autres parce que tout semblait si simple alors. Depuis, la vie est devenue plus compliquée. Comment nous, les religieux, répondons-nous à cette invitation au partage ?
A la racine de l’injustice : le péché
Nous avons appris une chose alors, c’est que l’injustice ne peut être redressée en changeant quelques lois, ni même en faisant la révolution. Presque toutes les révolutions tournent mal et les nouveaux dirigeants imitent et souvent surpassent ceux qu’ils ont remplacés. Le Zimbabwe (ex-Rhodésie) en est une triste illustration. Le problème est que l’injustice de ce monde est enracinée dans le péché. Le péché est une maladie ; c’est une réalité théologique, reconnue dès le début de la révélation biblique. Ce concept de péché n’est plus à la mode, même dans l’Église. On pense que c’est déprimant, dépassé, que c’est une façon de condamner, de juger. Mais qu’il soit à la mode ou pas, le péché continue d’exister. Et les guerres qui déchirent l’Afrique sont le résultat de ce péché « démodé » – convoitise, jalousie, égoïsme et cruauté. Ces péchés font partie des peuples africains, mais aussi des peuples européens, asiatiques, américains qui contribuent à soutenir ces conflits par leur poursuite du profit et leur insouciance par rapport à la vie humaine (excepté la leur). Le péché est d’ailleurs aussi à la racine du mal dans nos propres sociétés. L’inégalité manifeste de la répartition des richesses provoque à chaque coin de rue la situation de l’homme riche et du pauvre Lazare. Le vandalisme, le racisme, la drogue et le sida sont tous liés directement au péché.
Je ne dis pas cela comme un jugement. Je sais que beaucoup de personnes sont victimes du sida sans que ce soit de leur faute. Je sais que la plupart de ceux qui sombrent dans la drogue le font par irréflexion, pour la recherche du plaisir. Mais quand un médecin établit un lien entre le cancer du poumon et la consommation du tabac, ou une maladie de cœur et l’excès de nourriture, il ne porte pas un jugement moral ; il établit un fait. Et nous, les chrétiens, nous devons établir des faits. Jésus fréquentait les pécheurs, il mangeait avec eux, les guérissait, leur pardonnait et prenait leur défense devant les bien-pensants qui croyaient qu’ils n’avaient pas à se repentir. Mais il ne prétendait jamais que ce n’étaient pas des pécheurs. Il a pardonné à la femme adultère, mais il lui a dit de ne plus pécher. Il a mangé avec Zachée le collecteur d’impôts, mais il lui a fait comprendre qu’il devait rendre l’argent qu’il avait volé, en faire restitution à ceux qu’il avait lésés. Il faisait comprendre aux gens que les limites du péché étaient plus larges que ce qu’ils pensaient. Dans son enseignement, la prostitution, le vol et l’usure étaient des péchés, mais tout autant la bonne conscience, l’arrogance et l’orgueil qui étaient souvent les plus destructeurs. Ainsi, aujourd’hui, lorsque nous considérons le mal de la guerre en Irak ou les massacres en Afrique centrale ou le trafic de drogue en Amérique du Sud, nous ne ferons aucun progrès pour y mettre fin si nous ne reconnaissons pas qu’ils sont attisés par le fait si démodé du péché. Que faisons-nous, à ce propos, nous les religieux ?
La solidarité du Corps
Si nous n’admettons pas cette vérité que le péché est la cause de l’injustice et de la guerre, nous ne pouvons œuvrer en faveur de la justice et de la paix. La maladie est là : que faire pour amener la guérison ? Nous devons commencer par reconnaître que nous aussi nous sommes malades. Beaucoup de gens en dehors de la vie religieuse s’imaginent que les religieux sont immunisés contre le péché, ou alors pensent que nous ne sommes coupables que de ce péché qui consiste à juger pécheurs les autres, parce que nous nous croyons parfaits. Mais nous découvrons tous rapidement, dans la vie religieuse, que nous sommes pécheurs. Si nous l’ignorions à l’arrivée, la vie au proche contact de nos frères ou de nos sœurs a vite fait de nous l’apprendre ! Nous nous tenons avec les pécheurs, non en face d’eux. Nous nous repentons et nous prions pour que d’autres pécheurs se repentent à travers notre repentir. Mais nous devons aller plus loin.
Nous savons que l’Église est le Corps du Christ et que dans ce corps, un membre affecte tous les autres. Si je suis malade, ma maladie affectera le corps entier ; si je pèche, mon péché aggravera la faiblesse et la peine du corps entier. Si je me repens et que je suis guéri, cela fait du bien à tout le corps. Lorsque chacun de nous essaye, dans nos petites communautés, de se détourner du péché, de vivre dans une charité et une compassion plus grandes, plus généreusement, il peut sembler que nous menons un combat solitaire. Il n’en est rien. Tout ce que nous faisons affecte le reste du Corps. En entrant de plus en plus dans nos vies, le Christ peut redonner force au corps entier. Le combat solitaire quotidien de chacun d’entre nous est d’une grande signification dans le monde, même s’il est probable que nous ne saurons jamais comment – et c’est très bien ainsi : nous pourrions devenir vaniteux.
Comment guérir ?
Citons un écrivain monastique : « Le cœur de la spiritualité et de l’anthropologie monastiques est la compréhension que la personne humaine est un être brisé qui vit dans un monde brisé : les deux ont besoin de guérison. Cette double brisure a son origine dans le désordre profondément enraciné des effets continus du péché originel, qui “défigurent” la personne : la perte de l’image intérieure de Dieu… La vie monastique est une re-création, réparation, restauration et un retour à ce que l’on avait à l’origine ; « l’âme égarée apprend à se connaître de nouveau [1]. » Cette guérison de l’âme contribue à guérir toutes les nations. J’aimerais que nous soyons davantage assurés que ce que nous faisons dans notre vie religieuse est d’une réelle et constante importance pour le monde autour de nous. Nous ouvrons pour la guérison du monde en étant simplement qui nous sommes. Cela commence avec notre prière. Nous croyons tous que la prière est importante, nous sommes tous certains que la prière « agit » en un sens mystérieux que nous avons de la peine à définir. Mais jusqu’à quel point en sommes-nous certains ? Est-ce vraiment important ? Plus nous sommes persuadés de l’importance de notre prière, plus nous la prendrons au sérieux. Lorsque des gens qui ne sont pas au Zimbabwe me demandent ce qu’ils peuvent faire pour aider là-bas, je ne peux que répondre : « Très peu, en fait – sauf prier. Prier avec conviction et en connaissance de cause. Prier de la manière qui cherche à comprendre. Prier avec amour et compassion. » Alors, progressivement, les projets des malveillants seront défaits, ceux qui veulent le bien réussiront, les désespérés reprendront espoir et quand l’ordre mauvais sera remplacé, il ne sera pas remplacé par quelque chose d’aussi mauvais, mais par quelque chose qui permette à Dieu d’être à l’œuvre. Prier même pour que du mal dont souffre le Zimbabwe – ou tant d’autres pays – vienne du bien. C’est le mystère de la Croix, que les gens découvrent l’amour, la compassion, la sagesse et le courage, et qu’au lieu d’être des victimes, ils deviennent ceux qui nous enrichissent tous avec leur nouvelle richesse reçue de Dieu.
La communauté comme oasis de paix
La prière est enrichie par une bonne vie communautaire. Il existe toutes sortes de motifs – dont l’Évangile n’est pas le moindre – pour essayer de rendre notre vie communautaire aussi aimante, vraie et généreuse que nous le pouvons. Une manière de comprendre l’Évangile pourrait revenir à une sorte d’écologie de la vie chrétienne. Ainsi, le monde physique a besoin d’espaces verts, de forêts pour que tout le monde respire, il faut de grands espaces pour la survie des plantes et des animaux qui permettent de maintenir l’équilibre précaire de la nature dont dépend la vie de notre planète. Ne pouvons-nous considérer notre vie communautaire comme une ressource de ce genre ? Si notre maison est un lieu d’amour, de joie et de paix, elle absorbera une part du mal de ce monde qui nous entoure. Je peux donner quelques exemples.
Aux jours sombres de l’apartheid en Afrique du Sud, il existait de petites oasis de bon sens et de paix qui nous empêchaient de perdre la raison et nous aidaient à espérer. L’une dont je me souviens était la petite maison d’une dame remarquable de Johannesburg qui s’appelait Joseph Helen. Elle était passée en jugement pour trahison, était souvent en prison, et avait passé quinze ans assignée à résidence. C’était une personne merveilleuse à visiter. Une autre encore était le pasteur Naude Beyers, un Afrikaner qui avait été rejeté par sa famille et son Église à cause de son attitude chrétienne face à l’apartheid. Et puis il y avait une communauté de moniales anglicanes dans la montagne au-dessus du Lesotho. Elles étaient strictement cloîtrées, mais connues de toute l’Afrique du Sud. Beaucoup de ceux qui luttaient contre l’apartheid comptaient sur leur prière, ils venaient les voir et parfois se réfugiaient chez elles lorsqu’ils fuyaient. En Afrique du Sud existaient quatre fraternité de Petites Sœurs de Jésus, qui vivaient au milieu des pauvres, en des endroits où il était très clair que la race et la fortune ne comptaient pas, mais seulement l’amitié de Jésus. Ces oasis de charité chrétienne étaient petites, faibles, fragiles, peu spectaculaires, et pourtant, pleines d’espoir. Lorsque nous nous rendions dans l’un ou l’autre de ces lieux, nous en revenions rafraîchis, remplis d’énergie nouvelle pour le combat. C’était évident pour nous tous. Ce qui n’était pas évident, c’est l’effet que cela produisait dans ce mystérieux royaume où Dieu se sert de nos vies pour changer le monde. Ce que la plupart d’entre nous ignoraient, c’est le prix payé par Joseph Helen, Naude Beyers, les Sœurs de Masite ou les Petites Sœurs de Jésus. Devenir un lieu d’amour, d’espérance et de paix dans un monde de violence, de haine et d’injustice coûte un prix infini. Est-ce un prix que nous sommes prêts à payer ?
Que faire ?
En quoi notre vie serait-elle affectée si nous prenions vraiment au sérieux cette dimension ? Pour commencer, il faudrait nous mettre au courant de ce qui se passe dans le monde. Nous devons lire, réfléchir, écouter, pour savoir ce qui se passe autour de nous, et tenter de discerner où est Dieu dans tout cela. On pourrait penser que c’est très simple, mais il n’en est rien. Nous nous trompons facilement, nous partageons les taches aveugles de notre société. Pour revenir un moment sur les grands maux du passé : quel fut le rôle des religieux lors de l’institution de l’esclavage ? Très peu élevèrent une protestation. La plupart étaient en collusion avec elle et l’acceptaient comme un fait. Ou encore, au siècle dernier, l’Église chrétienne a terriblement souffert du communisme, particulièrement en Russie : jusqu’à quel point était-ce parce que cette grande Église russe avait été si mêlée aux affaires de l’État qu’elle était incapable de voir, et encore moins d’empêcher, les maux dont souffrait la société et qui menèrent à la révolution communiste ? Ou en Allemagne, ce que faisaient moines et moniales contemplatifs durant la montée du nazisme, je ne le sais pas ; mais peut-être que leur prière aurait dû se soucier de comprendre le mal qui déferlait sur le peuple allemand. Ou bien en Afrique : nous acceptions la face obscure du colonialisme et travaillions dans le système, sans jamais songer à le mettre en cause, ou à penser à de réelles alternatives. Pendant bien trop longtemps, nous avons été en collusion avec différentes sortes d’apartheid. Je pense qu’il est exact que les religieux ont compris plus rapidement que la plupart des chrétiens à quel point l’apartheid était un mal, et ont commencé à se mobiliser contre lui. Cela montre quel potentiel a la vie religieuse pour critiquer la société dans laquelle elle vit ; mais il nous a fallu plus de temps que cela n’aurait dû.
Réfléchir et prier
Que faire, donc ? Étudier le monde autour de nous, parler avec des gens de toutes sortes de conditions et d’opinions différentes pour comprendre ce qui se passe. Dans les Exercices de saint Ignace, on est constamment invité à demander la grâce de comprendre ce qui se passe, comment fonctionne le mal, pourquoi de bonnes actions tournent court. Nous qui vivons la vie religieuse, nous devrions être plus à l’abri des distractions, plus capables de prendre du recul et de voir ce qui arrive. Que nous soyons actifs dans le monde ou davantage centrés sur une vie de prière, nous devons avoir le temps de regarder et de voir, d’étudier et de réfléchir, puis d’être courageux dans nos décisions.
Ensuite, nous devons prier. Je crois que l’on peut souvent dire jusqu’à quel point une personne prend au sérieux cette responsabilité en écoutant les intentions qu’elle forme à l’Église. Est-ce seulement une prière ou l’Irak ou l’Afghanistan ou un autre pays, ou bien, la personne prend-elle le temps de formuler une prière qui témoigne vraiment d’une compréhension de la nature du mal que nous faisons à Dieu et de la guérison nécessaire ? Nous prions pour la guérison des nations ; mais nous devons prendre le temps de réfléchir pour comprendre la nature de la maladie et connaître son traitement. Nos prières refléteront alors notre sérieux.
Revenons à l’exemple de mon pays, le Zimbabwe. Au cours des dernières années, Robert Mugabe a expulsé de leurs terres la plupart des fermiers blancs (et aussi quelques noirs) et il a donné la plupart des fermes à ses amis politiques. Certaines fermes ont été données à des paysans qui ne peuvent les exploiter de manière aussi productive que le propriétaire précédent. Des centaines de milliers d’agriculteurs noirs sont maintenant dans une totale misère. Beaucoup ont été assassinés. Le pays manque de nourriture et les gens meurent de faim. L’économie est ruinée et l’inflation double les prix tous les deux ou trois mois. Tout cela a été accompli au nom d’une juste distribution des terres, alors qu’en fait, il s’agit de maintenir au pouvoir le président et son parti. A notre grande honte, un évêque anglican a aussi reçu l’une de ces fermes.
Cependant, avant cette injustice criante, il y a eu d’autres injustices énormes, lorsque les blancs chassèrent de leurs terres les fermiers noirs. Et plut tôt que cela, il y avait d’autres injustices, lorsque les armées noires Ndebele persécutaient et opprimaient les Shona plus faibles. La violence et l’injustice que nous connaissons maintenant sont enracinées dans le passé. J’ai dans l’idée que si nous considérons les problèmes qui assaillent notre monde, nous constaterons toujours qu’il en va ainsi : pour les réfugiés, les demandeurs d’asile, le trafic de drogue, les guerres civiles, les dictateurs comme Saddam Hussein ainsi que d’autres problèmes plus proches de nous. Nous devons les étudier et les comprendre. Nous devons prier et implorer Dieu de nous accorder le don de les comprendre. Nous pouvons éprouver ou non le besoin de faire quelque chose de plus. Mais toujours, nous devons nous en soucier. Nos communautés doivent être des lieux dont on sait que les membres se soucient des injustices du monde. Et pourquoi ? Parce que Dieu s’en soucie. Dans tout l’Ancien Testament, Dieu a le souci des pauvres, des faibles, des miséreux. Dans les Évangiles, Jésus marchait avec les pauvres, les exclus, les méprisés. Si nous voulons le trouver, c’est dans cette direction que nous devons regarder.
Mais je dois revenir au thème de ce congrès, qui n’est pas la justice, mais la guérison. Dieu est un Dieu de justice, mais il n’est pas que cela. Il est un Dieu de guérison. Nous rencontrons beaucoup de personnes qui ont un souci passionné de justice, mais sont dans une telle fureur, ou si amères, ou désespérées qu’on ne fasse rien, ou si épuisantes avec leur engagement pour la justice, qu’on finit par avoir le sentiment qu’elles n’y aident absolument pas. Il se peut même qu’elles fassent empirer les choses. En tant que chrétiens, nous visons la guérison de toutes les nations. Nous voulons aider ceux qui ont souffert de l’injustice à trouver la guérison de leurs blessures. Nous voulons montrer comment pardonner pour que la recherche de la justice ne devienne pas un cycle sans fin de rétribution et de vengeance. « Œil pour œil et dent pour dent », c’est peut-être juste, mais cela n’arrête pas la violence et ne guérit pas les affligés. Jésus nous a montré un autre chemin dans son enseignement sur la Croix. En quelque manière, ceux qui ont osé suivre l’appel à la vie religieuse doivent placer cet enseignement et cet exemple au cœur de leur vie. Ce n’est pas facile à faire, et ce ne peut pas être pris à la légère. Mais cela doit être l’histoire de notre vie religieuse.
[1] Aelred Niespolo, in Religious Life Review, août 2004.