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Communautés anciennes et communautés nouvelles

Laurent Fabre

N°1998-1-2 Janvier 1998

| P. 33-43 |

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Depuis le 1er octobre 1997, une quinzaine de membres de la Communauté du Chemin Neuf (3 couples et 9 célibataires) animent la belle maison d’accueil des Dominicaines de Livry (près de Melun). Dans cette nouvelle fondation, nous allons vivre avec les sœurs Dominicaines ce que nous avons déjà vécu avec d’autres communautés religieuses (par exemple avec les sœurs de l’Adoration à Lyon, où pendant douze ans avec les sœurs du Cénacle à Tigery, où encore avec les sœurs Notre-Dame de Fidélité, rue Montparnasse à Paris) la présence dans une même propriété, dans une même maison, de deux communautés : une ancienne qui accueille une nouvelle. Dans le quotidien, le partage des mêmes lieux, ne peut pas se réduire aux seuls avantages et combinaisons d’intérêts matériels ou financiers... il y a aussi, dans le temps, un apport spirituel réciproque... une communion plus profonde qui peut ou qui devrait s’établir !

L’expérience même avec les sœurs du Cénacle à Tigery, pendant douze ans, étant très positive, je crois beaucoup à cette collaboration la plus étroite possible entre les communautés dites « anciennes » et les celles dites « nouvelles ». Au début, il faut, avec sagesse et humour respecter les frontières et les identités différentes et parfois même les susceptibilités des deux communautés. Avec les années, on peut davantage compter sur la réalité de l’amour fraternel de ces deux communautés, dont l’alliance est tout simplement le signe et le témoignage de l’appartenance à notre seule véritable et durable Communauté Unique : l’Église. Nos cellules communautaires n’ont pas la promesse de la vie éternelle, mais leur vocation commune est de donner leur vie, de donner vie à l’Église Éternelle.

La Communauté du Chemin Neuf se reçoit beaucoup d’autres communautés, en particulier des Jésuites. Cela est facile à dire en raison de la spiritualité ignacienne et de l’origine du Chemin Neuf sur la colline de Fourvière à Lyon... mais nous pouvons dire cela d’autres communautés. Ce fut très important pour notre petite Communauté du Chemin Neuf d’être aidée par des communautés plus expérimentées. Cette osmose entre communautés anciennes et nouvelles est aujourd’hui une réalité très importante en France et le sera plus encore dans les années qui viennent.

Je peux vous dire ce que la Communauté du Chemin Neuf a reçu des communautés anciennes mais je ne peux pas vous dire ce que les communautés anciennes reçoivent des communautés nouvelles... et il serait intéressant de le savoir ! Autre remarque générale : on trouve dans ces communautés nouvelles toutes les erreurs, toutes les bêtises des communautés anciennes. On ne peut pas dire que les unes soient meilleures que les autres, toutes sont appelées au vieillissement, toutes sont appelées à vivre des crises institutionnelles. Nous, nous n’avons pas encore vécu de véritable crise institutionnelle. Cela viendra certainement un jour : le point délicat sera sans doute entre les couples et les célibataires consacrés. C’est le point le plus original mais peut-être le plus fragile aussi. Des crises personnelles ont été vécues, des moments difficiles et cela a atteint d’autres frères et sœurs, mais nous n’avons pas connu de crise en tant que telle pendant ces vingt-cinq premières années.

Voici quelques points qui me paraissent intéressants à préciser dans cette articulation entre les communautés nouvelles et les communautés anciennes. Le but étant de comprendre ce que les communautés nouvelles, ou du moins certaines d’entre elles, apportent de nouveau.

1. La modernité

Ces jours-ci, une religieuse me disait à l’abbaye de Hautecombe : Je perçois quelque chose de la modernité chez vous que l’on ne trouve pas chez nous. C’est vrai que la modernité attire des jeunes. Qu’y a t-il derrière ce concept de modernité ?

On peut avoir du mal à le définir... Par exemple, pendant les JMJ, a Bercy, devant plus de 15 000 jeunes, la piste cyclable n’était plus empruntée par des coureurs cyclistes mais par une procession du Saint-Sacrement. Il n y a rien de plus purement traditionnel que la procession. Ce qui était moderne, c’était que le Saint-Sacrement était littéralement poursuivi (avec une « poursuite ») par un énorme spot, le tout dans un halo d’encens, c’était impressionnant !

La religieuse disait : « Ce qu’il y a de moderne chez vous... c’est le fait que soient si étroitement mis ensemble les générations et les états de vie. Ce qui est intéressant dans ces communautés nouvelles, c’est un brassage de vocations et même une certaine unité dans la diversité. Ce qui attire les jeunes aussi, c’est la mixité. Hommes et femmes, c’est aussi quelque chose de la modernité, quelque chose que nous n’avons pas. »

2. Laïcs et religieux : communiquer par le fond !

Il me semble que le Renouveau donne de la consistance à cette vision de l’Église des Pères du Concile de Vatican IL Ces derniers voyaient l’Église comme « Peuple de Dieu »... Le Renouveau est un renouveau de tous et de tous ensemble. Rien de trop clérical au début de ce renouveau, qui n’était ni l’affaire des religieux, ni l’affaire des prêtres diocésains, ni des religieuses, mais tout simplement des « laïcs ». Mais il faut reconnaître que très vite l’approbation des Évêques et l’organisation diocésaine, dans certains pays d’Europe en particulier (et non pas en France où les évêques furent très « attentifs et respectueux »), prirent de vitesse, et parfois à contre-pied, la bonne volonté de certains laïcs trop pressés de faire reconnaître leur « mouvement »... Monseigneur Matagrin, avec humour et humilité, disait à peu près ceci : « Nous autres, hommes d’Église, nous savons construire et organiser des canalisations, mais nous sommes incapables de faire jaillir une source. » En France, ces groupes de prière, composés de laïcs et de prêtres, s’organisèrent ; certains groupes devinrent rapidement des communautés qui, la plupart du temps, soutenues par leurs évêques, se développèrent en trouvant peu à peu leur place dans la pastorale diocésaine et dans l’Église tout court. il serait intéressant de réfléchir à la place des laïcs dans ces communautés nouvelles... Et il me semble que beaucoup d’hommes et de femmes de bonne volonté, désirant mettre leur énergie au service du Seigneur, ne trouvant pas véritablement leur place dans leur paroisse où autre lieux d’Église, viennent frapper à la porte de ces communautés nouvelles qui sont disposées à reconnaître leurs charismes et leurs appels... Ces laïcs se sentent chez eux dans ce « petit peuple » non-clérical !

Actuellement, la présence et le rôle des laïcs suscite des réactions très diverses. Tel cardinal ou tel prêtre, parle de « néo-cléricature » des laïcs. Les Jésuites, quant à eux, dans leur récente « Congrégation Générale », ont vraiment souligné la nécessité d’une « collaboration » et peut-être aussi d’une « conversion » liées à cette collaboration nouvelle ! Quatre-vingt-seize postulats furent envoyés à la Congrégation par les jésuites du monde entier sur cette question du laïcat et dans un texte de cette même Congrégation Générale, il est dit : « L’Église du siècle prochain sera l’Église du laïcat ».

Dans beaucoup de communautés nouvelles, il y a quelque chose de très spécifique, de très nouveau : des laïcs et des religieux peuvent être vraiment dans la même communauté, c’est un point très important ! Au Chemin Neuf, ce que nous avons reçu de la Compagnie et qui fait que cela communique par le fond, ce sont les Exercices Spirituels, ce « meilleur » que nous avons reçu nous autres religieux. Dans la Compagnie, il faudrait s’arranger pour que les laïcs qui collaborent à nos œuvres aient ce trésor de la spiritualité, qu’ils aient véritablement la possibilité de faire les Exercices Spirituels. C’est quelque chose que nous avons réussi dans la Communauté du Chemin Neuf. Que l’on soit père de famille ou célibataire consacré, il est normal de vivre de cette spiritualité. Au moins de vivre une formation dans ce sens-là, par exemple, de faire la retraite des trente jours. Ce n’est pas un petit détail, cela veut dire que cela communique « par le fond »... c’est très important cette relation égalitaire par le fond !

Des communautés qui peuvent collaborer avec des laïcs ont plus de chance « d’attirer », d’appeler largement et d’être en prise sur la société. Un choix très déterminé que nous avons fait dans notre communauté est de ne pas avoir de « Tiers-Ordre », il n’y a pas d’un côté les célibataires consacrés qui seraient le cœur de la Communauté et qui seraient la vraie Communauté, et de l’autre côté les pièces rapportées. C’est un peu caricatural car ce n’est pas cela un Tiers-Ordre. Ceci étant dit, les laïcs sont très sensibles à cela. « C’est » aussi un équilibrage délicat à vivre dans la communauté : est-ce un père de famille qui sera responsable au niveau de la France ou un célibataire consacré, par exemple ? Pendant trois ans, c’était un père de famille responsable au niveau de la France, et depuis un an, c’est un célibataire consacré. Ce n’était pas fait exprès, mais cette alternance peut être bonne. Actuellement, nous pensons que ce serait bien si nos communautés (dans les quinze pays où nous sommes) étaient animées par une « troïka », c’est-à-dire, si possible, un couple et un célibataire consacré. Derrière cette image de la troïka, il y a cette conviction que l’on partage les décisions, les finances, la vie, le commun désir de se mettre au service de l’Église, que l’on soit marié ou célibataire consacré.

3. La vie communautaire

Accompagnant régulièrement des séminaristes pour la retraite de trente jours, je remarque un fort désir de vie communautaire chez les futurs prêtres, vie communautaire qu’ils ne pourront pas vivre, pour la plupart, quand ils seront dans leur ministère paroissial. Ce qui est dommage pour eux... mais encore davantage pour leurs paroissiens qui ont peut-être précisément besoin d’un témoignage communautaire. Cet appel à la vie communautaire ressenti chez les séminaristes est présent chez beaucoup de jeunes. Comment répondre à cet appel ? On a vu, au cours des JMJ, ce décalage entre les prévisions et ce million de jeunes trois fois plus nombreux que prévu... À Longchamp, des milliers de jeunes ne pouvaient pas entrer, certains étaient venus du bout de l’Europe, des Russes par exemple... pour camper dans le bois de Boulogne toute la nuit, ne pouvant ni voir ni entendre ; il y avait une sorte de décalage entre notre Église, nos institutions et l’appel de tous ces jeunes.

La complicité, on la retrouvait entre les vieux et les jeunes : entre Sœur Emmanuelle à Bercy, entre le Pape, Mère Teresa, c’est pareil : on a l’impression que les vieux ont quelque chose à dire aux jeunes mais quant à la génération entre les deux... cela ne passe pas ! Une sorte de génération nouvelle est en train de venir avec un appel très fort à la vie communautaire. Nous, communautés nouvelles et communautés anciennes, pouvons-nous entendre cet appel et répondre à ce défi, ne sommes-nous pas spécialistes de la vie communautaire dans l’Église ! Le Père Général, dans une conférence donnée à Chantilly, signalait que, d’une manière un peu paradoxale, la Congrégation n’a traité « qu’en passant » le problème de notre vie en commun et de celui qui en a la charge, le supérieur local : donc, on laisse un peu de côté les questions de la vie commune et de l’autorité. Questions vitales pour la nouvelle génération.

On peut aussi donner beaucoup de justifications à ce besoin de vie en commun :

  • 1. la dimension apostolique : les jeunes veulent vivre le « Venez et Voyez » ;
  • 2. l’affectivité : les jeunes qui ont une certaine lucidité comprennent que le célibat et le sacerdoce seront soutenus par une vie spirituelle, la prière personnelle et un minimum de vie communautaire ;
  • 3. la dimension de la solidarité et de la pauvreté : créer des paraboles de partage dans ce monde ou tout clivage est accentué.

4. Besoin et nécessité des signes

Le premier évêque noir du Brésil qui a pris sa retraite à soixante-quinze ans, dans son discours d’adieu à la radio, a terminé son vigoureux message par cette phrase : « Nous avons fait l’option préférentielle pour les pauvres et les pauvres ont fait l’option préférentielle pour le pentecôtisme. » Un prêtre français de São Paolo disait : « Pour nous, c’était le nec plus ultra de célébrer l’eucharistie dans la cuisine avec les gens, proches du peuple, mais les gens disaient : ‘Quand on est pauvre et que l’on veut marier sa fille, on préfère que ce soit dans une église et que ce soit beau, qu’il y ait une belle liturgie.’ »

Les pentecôtistes et même certaines nouvelles Églises là-bas ont compris cela, donc un besoin un peu immédiat de signes, de rites liturgiques, de religieux. Ce prêtre français continuait : « Nous sommes un peu passés à côté, c’était bien, c’était une grande grâce que de prendre cette voie de l’option préférentielle pour les pauvres. C’est une des choses parmi les plus importantes de la vie religieuse ces dernières années, de vraiment inspiré, mais en même temps, on n’a pas su assez écouter les besoins immédiats des pauvres, en tout cas le besoin de signes, leurs besoins religieux. »

Un ami jésuite disait : « Nous autres, nous avions des murs à abattre, il y avait des institutions un peu sclérosées et qui nous empêchaient de vivre et on avait trop de signes inutiles, donc il fallait qu’on abatte quelques cloisons, mais les jeunes d’aujourd’hui sont devant un champ de ruines, il n’y a plus de signes, plus d’institutions. L’Église, ils ne connaissent pas, ils ne l’ont pas rencontrée, donc, ils ont besoin de signes... Pourquoi tant de jeunes viennent-ils à ces grands rassemblements ? C’est parce qu’il y a un signe. Et pourquoi aiment-ils le Pape sans précisément connaître ses discours ? C’est parce que Jean-Paul II fait signe. Le ‘Venez et voyez’, c’est tout à fait lui ! Voilà notre interrogation ! » Ces communautés nouvelles n’ont pas peur de se dire, de s’exposer par des signes. Moi qui avais participé à mai 68, je me rends compte que, personnellement, je fais une évolution et que certains frères de ma communauté font aussi cette évolution.

Au départ, dans notre Communauté, nous n’avions presque pas de signes, par exemple pas d’aube liturgique. Je m’aperçois que pour les jeunes aujourd’hui, si on veut être à l’écoute de leur besoin spirituel, il faut passer davantage par les signes : par exemple une des choses que nous avons fait et que nous avons jugé utile après vingt ans, c’est (depuis cinq ans) de porter une aube pour les offices. On s’est aperçu de deux choses : cela nous aidait nous-mêmes à prier et cela aidait aussi les autres, parce qu’il y avait un signe, il y avait une invitation à prier. Bien sûr, il y a un besoin de sécurité, de beaucoup de choses, mais est-ce que notre manière précisément d’éliminer tous les signes était quelque chose de très purifié ? Par exemple, cette procession du Saint Sacrement dans Bercy, j’en suis étonné et me tourne vers mon frère protestant pour lui dire que ce n’est pas de l’idolâtrie, mais de l’adoration et que cela aide des gens prier ! Quand on voit dans l’Église, la diversité des signes, on se dit : Pourquoi pas ? La question de la visibilité, cela vaudrait la peine qu’on y réfléchisse.

Certaines communautés qui affichent de manière très visible des signes avec des uniformes très nets, parfois un horaire quelconque et quelque chose d’un certain intégrisme, rigide, ces communautés-là recrutent. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que ces jeunes se trompent ? Que ces communautés ont raison ? Cela m’interroge ! Qu’est-ce qu’il y a derrière tout cela ? Bien sûr, ce n’est pas purifié mais cela nous interroge. J’ai une grande admiration pour tel père jésuite, mais quand je le vois à la télévision, sans aucun signe distinctif, je me dis : « A-t-il raison de se présenter sans signe ? Est-ce bien que les prêtres n’aient aucun signe ? C’est un détail, mais derrière ces détails n’y a-t-il pas autre chose ?

5. Et la transparence ?

Le Père Arrupe avait, dans un texte, encouragé les jésuites à vivre davantage dans leurs communautés la « transparence ». Dans la communauté du Chemin Neuf, on dit : « Personne n’est transparent », mais on essaie d’aller dans cette direction, d’aller vers la vérité. Quand on se retrouve chaque semaine, en « Fraternité » on est encouragé à partager un peu de ce que l’on vit, les questions que l’on se pose... on appelle cela de la « transparence »...

Cette année, à Paris, nous avons écouté Lucie Licheri, mais à un moment donné je me suis senti mal à l’aise, elle a fait rire tout le monde en disant : « Vous savez, la transparence, c’est dangereux, c’est le piège de la vie religieuse, ce n’est vraiment nécessaire que pour les comptes ! » Elle a dû, après réflexion, se corriger elle-même car dans le compte-rendu officiel, cela n’y figurait pas.

Il y a une dizaine années, devant un autre groupe de Supérieurs religieux, un père de famille de la Communauté témoignait, disant que dans la Communauté on essaie de vivre une certaine « transparence » et, tout de suite, il y eut une réaction très forte de l’intervenant principal et des animateurs de l’assemblée disant « c’est dangereux » ne parlons pas de « transparence ». Certes il est nécessaire de sauvegarder une règle de discrétion, il est vrai également que la distinction classique entre for interne et for externe a du bon... mais certaines maladresses dans l’expression sont, en définitive, moins dangereuses que les silences, les « non-dit » de beaucoup de nos communautés religieuses. Bref les débordements de la vie et quelques vérités en plus sont meilleurs pour la santé morale et psychologique que l’opacité de certains silences. Le Père Arrupe le savait bien !

6. La présence auprès des jeunes

Je me suis posé la question d’entrer dans la Compagnie de Jésus car j’ai vu un jésuite qui passait toutes ses vacances avec les jeunes, il partait en camp avec eux, il était présent. Si on veut parler de recrutement, il faut voir quel contact réel nous avons avec les jeunes. Souvent nous sommes pris par des institutions, par beaucoup de choses, beaucoup de réunions, nous avons peu de contacts avec les jeunes.

Il y a quinze ans, quand nous sommes arrivés à Paris, nous avons accepté tout de suite, parmi trois propositions du Cardinal Lustiger, la responsabilité du 61 de la rue Madame. C’est un foyer diocésain d’étudiants : en moyenne, à cette époque, un foyer par an fermait ses portes dans Paris. Or quel est le lieu dans Paris où des jeunes ont des contacts permanents avec des prêtres ? Il faut qu’il y ait des lieux où des jeunes se retrouvent et qu’on ait un contact avec eux... ce genre de foyer d’étudiants fut le début des collèges de jésuites au début de la Compagnie.

7. Proposer la rencontre avec Dieu

Au Chemin Neuf, comme d’autres communautés nouvelles ou plus anciennes, nous n’hésitons pas à inviter tout homme à la rencontre de Dieu.

Nous parlons beaucoup du Baptême dans l’Esprit, de l’effusion de l’Esprit tout en reconnaissant que cela peut se vivre de bien des façons différentes. Lorsque Jean-Paul II, au cours de sa visite en France, a dit « France, qu’as-tu fait de ton Baptême il voulait certainement nous indiquer cette direction : retrouver nos racines, nous centrer sur le Christ, être « plongés » dans sa mort et dans sa résurrection. Lorsque, à juste raison, des jeunes prêtres, et aussi des moins jeunes, s’interrogent sur la pastorale du baptême des petits enfants devant le manque de prise au sérieux de cette démarche par des parents qui n’ont pas l’intention de participer à la vie de l’Église et qui n’ont certes pas l’intention d’éveiller leurs enfants à une foi qu’ils n’ont pas, lorsque le Cardinal Suenens déplore que l’ensemble de l’Église n’a pas compris et ne s’est pas approprié cette grâce du « Baptême dans l’Esprit », nous comprenons mieux ce qui nous arrive, nous comprenons mieux la place et la mission de nos communautés.

Avec le recul du temps, la parole de Paul VI sur le Renouveau comme « une chance pour l’Église » reste un souhait très partiellement réalisé, car cette grâce offerte n’a pas été captée au niveau même de l’Église, au cœur de celle-ci. Interpréter le Renouveau comme un « mouvement » parmi d’autres mouvements, c’est méconnaître sa nature : il s’agit d’une motion de l’Esprit offerte à toute l’Église, destinée a rajeunir tous les aspects de la vie de l’Église.

L’âme du Renouveau, « le Baptême dans l’Esprit », est une grâce de rénovation pentecostale destinée à tous les chrétiens. Il ne s’agit pas d’un « Gulf Stream » qui, ici et là, réchauffe des côtes, mais d’un courant puissant destiné a pénétrer au cœur même du pays. (Cardinal Suenens, Itinéraire Spirituel, 1990)

Il est difficile dans ce domaine d’éviter un malentendu : la tâche, la mission prophétique du Renouveau n’est pas de donner une leçon à tout le monde ou à défaut à toute la chrétienté... il s’agit simplement, tout simplement, de s’approprier à nouveaux frais le meilleur de notre héritage spirituel et théologique : une authentique mystique liée à une véritable théologie du Saint-Esprit et donc aussi, par conséquence, un renouvellement de tous les sacrements (à commencer par les sacrements de l’Initiation chrétienne) et de toute notre pratique ecclésiale. Ce chantier considérable ne fait que commencer !

Sans aucun doute le colloque sur le thème « Baptême dans l’Esprit et vocation chrétienne », colloque organisé par Tychique et l’Institut Catholique de Paris, avec la participation de La Croix - l’Événement et le concours de la « Fraternité Pentecôte » et de l’Instance de Communion du Renouveau Charismatique fut un pas décisif de ce Renouveau et une meilleure compréhension de sa place, de sa mission dans l’Église. Lorsque nous affirmons, avec le Cardinal Suenens (qui fut chargé par les trois derniers Papes d’être le vis-à-vis, le délégué du Saint Siège auprès du Renouveau), que le Baptême dans l’Esprit est l’âme de ce Renouveau nous avons l’impression que ce que nous vivons est essentiel pour la vitalité de l’Église. Et nous croyons, en renouant avec les huit premiers siècles du christianisme et en nous inscrivant dans tout le déroulement son histoire, que nos vingt ou vingt-cinq années d’expériences et de réflexions pastorales et théologiques à propos de « l’Effusion de l’Esprit », des charismes et de la vie dans l’Esprit, sont déterminantes aujourd’hui pour une meilleure compréhension et pratique des sacrements de l’Initiation Chrétienne.

L’impact des mouvements nouveaux (Néo-catéchuménat, Focolari...) et des communautés nouvelles, leurs recrutements, résident dans leur manière de résoudre le problème de l’Initiation chrétienne.

Quand nous rencontrons un jeune, nous l’encourageons à vivre cette rencontre avec le Christ... Ensuite, si c’est le moment, nous lui proposons de faire les Exercices Spirituels de Saint Ignace. Un ami jésuite assistant à une semaine « Jéricho », à Tigery, nous disait : « Qu’est ce que vous allez vite ! »... et moi de penser « Qu’est-ce que vous attendez ! ? »

Communauté du Chemin Neuf
F-91250 TIGERY, France

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