Entre « jésuitesses » et ursulines.
Les jésuites et les religieuses enseignantes à l’aube du XVIIe siècle
Philippe Annaert
N°1990-4 • Juillet 1990
| P. 256-265 |
Fruit d’une recherche de première main sur un sujet peu connu, l’étude historique de Ph. Annaert nous montre comment la spiritualité ignatienne a informé, au moins en partie, la vie religieuse féminine. Malgré ses avatars - les jésuites n’ont-ils pas encouragé la clôture des “ursulines” ? - l’émergence des “filles dévotes enseignantes” aurait ainsi prélude à la floraison, deux siècles plus tard, des congrégations à supérieure générale.
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Face au danger que représente le protestantisme au milieu du XVIe siècle, l’Église catholique prend des mesures pour mieux surveiller et pour organiser l’instruction des enfants. Sous l’impulsion du Concile de Trente et des synodes régionaux qui se tiennent un peu partout dans la chrétienté, apparaissent différentes initiatives dans le domaine de l’éducation de la jeunesse. Les anciens Pays-Bas et le nord de la France sont alors le théâtre d’une véritable efflorescence de communautés de filles dévotes enseignantes. Ce nouveau mouvement spirituel, qui prend son essor peu après 1550, est d’emblée fort lié à la Compagnie de Jésus [1]. La première initiative connue est d’ailleurs celle d’un compagnon de saint Ignace, le Père Bernard Olivier [2]. De retour d’Italie, en 1553, il suscite des vocations de catéchistes parmi les jeunes filles qu’il côtoie à Antoing, sa ville natale. L’une d’elle, Quinte Monnier, décide bientôt de se consacrer entièrement à la vie spirituelle, sous la direction des Pères de la Compagnie. Elle prend également en charge l’instruction des enfants du bourg. En 1569, sa réputation de piété et ses talents d’éducatrice incitent l’évêque de Tournai à l’appeler dans la cité épiscopale. Là, elle réunit autour d’elle une petite communauté de filles dévotes enseignantes. Ces “jésuitesses” de Tournai sont les premières qu’on rencontre dans nos régions [3]. Leur rayonnement est indéniable. Elles accueillent ainsi dans leur école des jeunes filles venues des quatre coins du pays.
Un exemple très suivi
L’œuvre de Quinte Monnier et de ses compagnes suscite bientôt des émules dans plusieurs villes du voisinage [4]. Qu’elles s’appellent filles de Notre-Dame ou filles de Sainte-Agnès, les communautés séculières qui naissent à l’exemple des jésuitesses de Tournai se consacrent généralement à l’instruction chrétienne et à l’alphabétisation des filles pauvres. C’est dans l’espace urbain que ce type d’initiative charitable trouve son terrain de prédilection. C’est également auprès des fils de saint Ignace que ces filles dévotes trouvent l’encadrement spirituel dont elles ont besoin. Rapidement, le phénomène fait tache d’huile. Au cours du dernier quart du XVIe siècle et des premières décennies du siècle suivant, de nombreuses communautés voient ainsi le jour aux Pays-Bas et dans le nord de la France. Dès 1580, des filles de Sainte-Agnès sont ainsi signalées à Douai. Vingt ans plus tard, une congrégation semblable s’organise à Arras, à l’initiative d’une jeune fille, du nom de Suzanne Taisne. D’après certains documents, elle aurait été “instiguée et poussée par l’exemple des filles de Ste Agnès de Douai [5]”. Bien d’autres assemblées de filles dévotes apparaissent ainsi tout au long des années suivantes. Les filles de Notre-Dame de Mons sont sans doute fondées dès le début des années 1600. Celles de Valenciennes, de Nivelles, de Maubeuge, de Lille ou d’Ath existent toutes avant 1625. Enfin, la seule ville de Tournai, berceau de ce mouvement spirituel, compte bientôt trois congrégations différentes.
Une initiative importante a pour cadre Saint-Omer. Elle est due à une jeune fille d’ancienne noblesse, Agnès de Mailly de Mametz. Dans le courant de l’année 1607, elle met sur pied une petite communauté enseignante qu’elle place, à l’exemple de celle de Douai, sous le patronage de sainte Agnès. Le projet spirituel de la fondatrice ne diffère guère de celui des autres “jésuitesses”. Il s’agit pour elle d’enseigner :
“la tendre jeunesse de son sexe, de toutes qualites et conditions tant a lire qu’escrire et principalement en la doctrine chrestienne, bonnes mœurs et generalement ce q(ue) doit scavoir une ame rachetée du pretieux sang de n(ot)re S(eigneu)r Jsus Christ”.
Mary Ward
L’institution créée par Agnès de Mailly connaît bientôt un beau rayonnement. Elle accueille de nombreuses pensionnaires, venues des principales villes du pays. Elle assure également l’instruction de bon nombre d’enfants de la ville et des campagnes avoisinantes. L’œuvre des Filles de Sainte-Agnès s’attire également une émule en la personne d’une jeune Anglaise fraîchement débarquée sur le continent. Â son arrivée à Saint-Omer, cette demoiselle, nommée Mary Ward, n’est pas encore fixée sur sa vocation [6]. Pendant quelque temps, elle se fait sœur quêteuse chez les Pauvres Claires de la ville. Puis elle projette de fonder un cloître de clarisses anglaises à Gravelines. Entourée de quelques compagnes, elle s’adresse aux archiducs qui autorisent la fondation au mois d’octobre 1608 [7]. Le nouveau monastère s’organise alors. Quelques temps plus tard cependant, on retrouve Mary Ward à Saint-Omer. Elle abandonne la vie contemplative des clarisses et découvre enfin sa véritable vocation. Elle fonde alors, en 1609, une congrégation séculière vouée à l’éducation des jeunes filles. Ces nouvelles filles dévotes mènent une vie sans clôture, calquée sur celle des jésuites. Mais le nouvel institut s’inspire tout autant de la forme d’engagement spirituel adoptée deux ans plus tôt par Agnès de Mailly et par ses compagnes. Très vite cependant, le rayonnement de l’œuvre de Mary Ward dépasse les frontières. En quelques années, plusieurs maisons de son ordre sont établies aux quatre coins du continent.
Ursulines
Ailleurs en Europe, c’est par centaines, voire par milliers, que pareilles filles dévotes choisissent la vie commune au service de Dieu et du prochain. Les ursulines se rattachent directement à ce vaste mouvement qui dynamise alors la chrétienté. Fondées dès 1535, à Brescia dans le nord de l’Italie, les filles de sainte Angèle Merici sont des vierges consacrées qui vivent dans le siècle. À l’origine, on ne leur connaît pas d’apostolat particulier. Dès la seconde moitié du XVIe siècle, elles commencent à se consacrer à certaines tâches pédagogiques, principalement à la catéchèse. La personnalité de saint Charles Borromée, qui prend le jeune institut sous sa haute protection en 1566, n’est sans doute pas étrangère à cette évolution [8]. Bientôt, l’œuvre des ursulines dépasse les frontières de l’Italie du Nord et s’implante solidement en France, en Suisse, en Rhénanie et aux Pays-Bas [9].
Au début du XVIIe siècle, une forte tendance en faveur de la vie régulière cloîtrée se fait jour au sein du mouvement méricien. Elle gagne rapidement la plupart des communautés de France, exception faite de celle de Dole et du Puy [10]. Un même mouvement de transformation monastique apparaît parmi les filles dévotes. Ce phénomène ne connaît cependant qu’une assez faible répercussion, du moins dans les Pays-Bas. Quelques communautés embrassent néanmoins la clôture. C’est par exemple le cas des Sœurs de Sion à Tournai. Dans l’ensemble cependant, les filles dévotes des nos régions se montrent très fidèles à leur forme de vie primitive. Elles y poursuivent même leur développement. Mais le vent a tourné. Aux initiatives de ces laïques, on préfère de plus en plus l’action des ordres monastiques. Le sort des filles de Sainte-Agnès est également lié à celui de la Compagnie de Jésus. Au cours des années 1620, leurs communautés deviennent la cible de certains détracteurs des jésuites. L’institut de Mary Ward est particulièrement visé. Ces assemblées de vierges consacrées inquiètent d’ailleurs le Saint-Siège. En 1630, le pape Urbain VIII finit par se poser en censeur. Il interdit ce mouvement religieux trop peu conforme aux directives du Concile de Trente. Désireux avant tout de mettre fin aux initiatives trop originales de Mary Ward, le pape condamne dans la foulée toutes les “jésuitesses” et ordonne leur suppression. La lutte acharnée qui s’ensuit se solde par un résultat mitigé. Si quelques communautés disparaissent et si d’autres adoptent la vie cloîtrée, la plupart des filles dévotes enseignantes subsistent dans les Pays-Bas. Cependant leur élan semble bel et bien brisé [11].
Les filles dévotes enseignantes
Dans le nord de la France et dans les Pays-Bas, les premières fondations d’ursulines s’inscrivent ainsi dans un mouvement spirituel beaucoup plus vaste que le seul institut méricien. Foisonnent alors, dans ces provinces, les communautés de filles dévotes enseignantes que rien, en apparence, ne permet de distinguer des ursulines congrégées. De là à dire que les ursulines du Nord naissent d’un courant religieux qui les y a précédées de plus d’un demi-siècle, il y a un pas qu’il nous faut bien franchir. La filiation et la communion d’esprit qui unit les filles de sainte Angèle aux premières “jésuitesses” est, somme toute, assez évidente. Comme le mouvement méricien, le phénomène des filles dévotes ne se limite d’ailleurs pas à nos régions. En font foi les multiples instituts séculiers qui naissent, à cette époque, aux quatre coins de l’Europe [12]. Cette intégration des ursulines au milieu des vierges consacrées est particulièrement sensible dans nos provinces. Le processus qui les voit émerger de ce vaste mouvement est assez simple. Au commencement, les filles de sainte Angèle se mêlent simplement aux premières filles dévotes ; puis elles se superposent à ces groupements spirituels anciens pour finir par les gagner partiellement à leur cause. Venu d’Italie, le rayonnement méricien entre ainsi en contact avec un mouvement religieux autochtone, qu’il pénètre peu à peu. La spiritualité propre aux premières ursulines - l’esprit méricien -, sans doute plus marquée et plus puissante que celle de certaines jésuitesses, semble alors s’être partiellement imposée [13].
L’action des jésuites
Dans la diffusion du message méricien, l’action des fils de saint Ignace apparaît plus clairement que celle des évêques ou du clergé séculier. À de nombreuses reprises, ils sont cités de façon explicite comme les conseillers spirituels des premières communautés d’ursulines. Les relations privilégiées qu’ils entretiennent avec les filles dévotes des Pays-Bas et du nord de la France viennent s’inscrire en filigrane du rôle manifeste qu’ils jouent dans la propagation de l’institut méricien. Dès l’origine, le mouvement des “jésuitesses” est marqué du sceau de la Compagnie. Quand les jésuites ne sont pas directement impliqués dans une fondation, comme c’est le cas à Antoing ou à Valenciennes par exemple, ils assurent l’encadrement religieux de ces vierges consacrées, voire même en dirigent de manière effective l’ensemble des travaux. Les “jésuitesses” de nos provinces vivent ainsi sous la direction spirituelle des pères de la Compagnie et suivent des règles qu’ils leur ont données [14].
Dans bien des villes, les premiers développements de l’institut méricien sont également marqués du sceau des fils de saint Ignace. Ainsi, certains jésuites assurent la direction spirituelle des futures ursulines d’Avignon [15]. À Dôle ou à Besançon, les premières sœurs sont également formées par les Pères de la Compagnie [16]. Ce sont eux qui leur font découvrir l’œuvre de sainte Angèle Merici et les règles des ursulines italiennes. Ailleurs, on retrouve souvent un même jésuite à l’origine de plusieurs assemblées d’ursulines. C’est le cas à Saint-Malo, à Ploërmel et à Crépy-en-Valois [17]. Le célèbre Père Coton, qui se penche sur la fondation de Paris, apparaît lui aussi dans bien d’autres établissements [18]. Quant au Père Etienne Binet, il fait figure de véritable inspirateur des ursulines de Rennes, avant de devenir le chantre des religieuses de Liège et de la mère Anne de Xainctonge, la fondatrice de Dôle [19]. Que de distance ainsi parcourue par les missionnaires de la Compagnie de Jésus ! Ils apparaissent ainsi, bien souvent, comme de véritables militants du mouvement méricien. Après avoir été durant des décennies les propagateurs des premières filles dévotes en France et dans les PaysBas, ils assurent auprès de leurs dirigées la diffusion d’une pensée stimulante, propre à fonder l’assise spirituelle d’un véritable engagement apostolique.
Des “jésuitesses” aux ursulines
Vers 1560, en créant leurs congrégations de “jésuitesses”, les fils de saint Ignace instituent un type particulier de vie consacrée, calquée sur leur propre expérience spirituelle. Ils lui donnent quelques règles dont l’usage se répand çà et là, sans réelle visée globale. Dans la foulée de ces premières initiatives, on n’assiste cependant pas à l’émergence d’un projet spécifique d’institut féminin. Rien d’étonnant à cela puisque saint Ignace lui même n’y était guère favorable. Aussi la porte reste-t-elle ouverte à bien des idées nouvelles. C’est finalement un demi-siècle après leurs premières initiatives en la matière que les jésuites découvrent une pensée et une règle originales, très susceptibles de servir à des filles dévotes enseignantes. Les futures ursulines d’Amiens et d’Eu sont deux de ces communautés de “jésuitesses” qui font la découverte du message méricien par l’intermédiaire des pères de la Compagnie. Dans la petite cité normande, la chronique de la maison nous révèle qu’avant d’adopter la règle des ursulines, les premières sœurs vivent sous l’autorité du recteur du collège voisin, qui est à la fois leur “confesseur et directeur”. Elles se conduisent en toute chose selon ses “avis et sages conseils”. Et c’est encore sur “l’avis des R. R. Peres Jésuites confesseurs et directeurs de leurs ames” qu’elles décident d’embrasser la vie ursuline [20]. D’après leurs annales, les sœurs d’Amiens vivent une expérience fort semblable à celles du couvent d’Eu [21]. Ailleurs, d’autres prêtres peuvent jouer ce rôle d’agents de diffusion. Les doctrinaires ou les oratoriens sont ainsi à l’origine de plusieurs maisons, mais le rayonnement de ces congrégations, encore limité en ce début du XVIIe siècle, ne leur confère pas une importance aussi grande qu’aux jésuites. Dans le Nord, leur présence est d’ailleurs fort ténue. Mis à part quelques cas ponctuels, où interviennent des évêques ou quelque autre ecclésiastique, les fils de saint Ignace apparaissent bien comme les principaux propagateurs du mouvement méricien dans nos provinces.
Ainsi, sous l’action conjuguée de leurs puissants zélateurs, l’œuvre des filles de sainte Angèle va bientôt connaître une remarquable extension. Dans le Nord, les ursulines prennent en quelque sorte le relais des filles de Sainte-Agnès. Elles en prolongent aussi l’expansion, d’abord sous une forme séculière, puis sous une forme monastique. Cependant, si elles finissent par supplanter les filles dévotes enseignantes, elles ne les remplacent pas partout où elles étaient installées. L’implantation des “jésuitesses” est en effet trop forte dans nos provinces pour ne pas offrir une certaine résistance au mouvement méricien. Finalement, ce sont surtout de jeunes communautés encore balbutiantes, telles celles d’Amiens ou d’Eu, qui adhèrent à l’ordre de Sainte-Ursule. Plus rarement, on rencontre un autre cas de figure. À Saint-Omer ou à Arras, les congrégations séculières semblent être arrivées à une étape charnière de leur histoire. Des fondatrices, vieillies déjà, cherchent à leur œuvre un second souffle. Une assise canonique plus solide est nécessaire pour assurer la pérennité de ces institutions. Ainsi s’explique le choix d’une Agnès de Mailly pour la règle des ursulines de Paris, dont le quatrième vœu d’instruction paraît être une garantie suffisante pour que se perpétue l’œuvre d’éducation, commencée vingt ans plus tôt.
Ainsi, les ursulines apparaissent intimement liées aux filles dévotes enseignantes qui les ont précédées dans nos régions. Très vite, leurs deux mouvements se conjuguent et s’unissent pour ne plus faire qu’un. La transformation monastique des filles de sainte Angèle les sépare ensuite, non sans susciter de nombreuses vocations religieuses au sein des communautés séculières. Sans vouloir négliger en ce domaine l’action d’autres prêtres, le rôle des jésuites dans la diffusion du projet spirituel de la sainte de Brescia apparaît prépondérant. Promoteurs de l’engagement apostolique des filles de Sainte-Agnès et de Notre-Dame, ils font bientôt la découverte du message méricien et le proposent à leurs protégées. En quelques décennies, ils propagent ainsi cet esprit nouveau bien au-delà des frontières de l’Italie du Nord, qui l’avait vu naître.
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[1] À Rome, en 1543, saint Ignace fonde déjà une petite congrégation féminine, appelée les sœurs de Sainte-Marthe. Les difficultés que lui posent ensuite la direction de cet institut l’incitent à s’en détacher et à interdire à ses fils toute création de ce genre à l’ombre de leurs collèges. Ainsi, la Compagnie ne développe jamais de véritable branche féminine. Malgré les directives de leur fondateur, bien des jésuites vont cependant prendre l’initiative de fondations séculières féminines sans pour autant les rattacher de manière officielle à la Compagnie. H. Rahner, Ignace de Loyola et les femmes de son temps, Paris, 1963, t. 1, 34s.
[2] Namur, Archives provinciales des Jésuites, Tournai, Vie du père Bernard Olivier, 56-60.
[3] A. Lottin, Lille, citadelle de la Contre-Réforme, Dunkerque, 1984, 192.
[4] A. Lottin, “Réforme catholique et instruction des filles pauvres dans les Pays-Bas méridionaux,” dans Les religieuses enseignantes, Angers, 1981, 21-30 ; M.-T. Isaac, “Les ‘jésuitesses’ de Valenciennes. Les vicissitudes d’une communauté enseignante au XVIIe siècle”, dans Les jésuites parmi les hommes aux XVIe et XVIIe siècles, Clermont-Ferrand, 1987.
[5] Bruxelles, Archives Générales du Royaume, Conseil privé espagnol, Carton n° 1118, Arras, Filles de Sainte-Agnès, Requête aux archiducs, août 1617.
[6] La bibliographie concernant Mary Ward est très importante. Sur son œuvre, on consultera principalement R. Pillorget, “Mary Ward ou la ténacité” (1585-1645), dans Les religieuses enseignantes..., 9-20 ; J. Grisar, Maria Wards Institut vor Rômischen Kongregationen (1616-1630), Rome, 1966.
[7] Bruxelles, Archives Générales du Royaume, Audience, n° 1946/2, Requête du 7 octobre 1608.
[8] Sur sainte Angèle et son œuvre, on consultera principalement l’excellent ouvrage de L. Mariani - E. Tarolli - M. Seynaeve, Angèle Merici. Contribution pour une biographie, Milan, 1987.
[9] L’histoire des ursulines de France a fait l’objet d’une vaste synthèse. M. de Chantal Gueudre, Histoire de l’ordre des ursulines en France, Paris, 1957-1963, 3 vol.
[10] Les ursulines de Dole, fondée en 1606 par Anne de Xainctonge, se refuseront toujours à adopter la stricte clôture. Elles vivent néanmoins en communauté. En revanche, leurs sœurs du Puy-en-Velay, connues sous le nom de sœurs de Saint-Charles, constituent une véritable Compagnie de Sainte-Ursule similaire à celle de Brescia. Ces ursulines du Puy sont des vierges consacrées qui vivent dans leurs familles. J. Morey, La vénérable Anne de Xainctonge, Besançon, 1901 ; M.-A. Le Bourgeois, “Quand des femmes se racontent...,’’dans Christus, 1987, t. 34, p. 112-128 ; Règle de la Compagnie des vierges et des chastes veuves instituées par l’Illustrissime Cardinal S. Charles Borromée, Lyon, 1632 ; Le Puy, Archives de sœurs de Saint-Charles, Livre contenant les noms et surnoms des vierges et chastes veuves de la Congrégation de S. Charles, XVIIe-XIXe siècles.
[11] A. Lottin, Réforme catholique et instruction des filles pauvres dans les Pays-Bas méridionaux..., 21-30.
[12] Il est impossible de se faire une juste idée du phénomène. Au sujet de ce foisonnement des instituts religieux et de la similitude de leurs objectifs, une bonne réflexion se trouve chez Françoise Soury-Lavergne, Chemin d’éducation. Sur les traces de Jeanne de Lestonnac, 1556-1640, Chambray, 1985, 113-131. On se référera également aux multiples notices du Dizionario degli istituti di perfezione.
[13] Mis à part le cas de Mary Ward qui imprime à sa congrégation un charisme particulier, le mouvement des filles de Sainte-Agnès ne possède aucune personnalité assez marquante pour lui donner une spiritualité propre. De plus, ces communautés de filles dévotes vivent dans la plus parfaite autonomie. Finalement, leur spiritualité de base est essentiellement ignacienne. Malgré la richesse de la pensée de leur fondateur, il semble bien que les jésuites du Nord n’aient pas réussi à l’adapter suffisamment à la vie religieuse féminine pour en faire le véritable fondement spirituel de l’œuvre de leurs “jésuitesses”. Les statuts, qui nous sont conservés pour les filles de Sainte-Agnès de Douai et de Valenciennes, présentent d’ailleurs un aspect essentiellement juridique. Aussi, peut-on comprendre pourquoi certains jésuites ont parfois proposé à leur dirigées de suivre d’autres règles de vie. A.G.R., Archives jésuitiques, L 1097, Formula instituti domus Sanctae Agnetis Duaci ; M.-T. Isaac, Documents inédits sur une communauté de dames enseignantes au XVIIe siècle : les “jésuitesses” de Valenciennes, 1630-1631, dans Lias, 1987, t. 14, 50-56.
[14] A.G.R., Archives jésuitiques, L 1097, Formula instituti domus Sanctae Agnetis Duaci ; A. Lottin, Réforme catholique et instruction des filles..., 23-24.
[15] M. de Chantal Gueudre, Histoire de l’ordre..., t. 1, 218-219.
[16] J. Morey, La vénérable Anne de Xainctonge..., passim.
[17] Dans ces trois villes, c’est le père Girard qui est le conseiller spirituel des premières ursulines. M. de Chantal Gueudre, Histoire de l’ordre..., t. 1, 49, 50 et 55.
[18] M. de Chantal Gueudre, Histoire de l’ordre..., t. 1, p.55 ; M.-A. Jegou, Les ursulines du faubourg Saint-Jascques à Paris, 1607-1662, Paris, 1981, 29.
[19] E. Binet, De l’excellence de la vie religieuse des Filles de Nostre Dame et de S. Ursule, Liège, 1626 ; M. de Chantal Gueudre, Histoire de l’ordre..., t. 1, 48.
[20] Beaugency, Archives provinciales des ursulines, Ursulines d’Abbeville, 1C-3S, Annales des ursulines d’Eu, 1-2.
[21] Amiens, Archives des ursulines, Annales, 54.