Aimer la pauvreté comme une mère
Dominique Sadoux, r.s.c.j., Pierre Gervais, s.j.
N°1986-2 • Mars 1986
| P. 81-88 |
De nos jours, lorsqu’on pense pauvreté évangélique, on songe spontanément au partage fraternel et à la solidarité avec les pauvres. Qui donc voit dans la pauvreté une mère ? En parlant ainsi, les constitutions d’autrefois renvoyaient à un rapport vécu avec Dieu à travers la création et les biens de la terre, où s’enracinent de fait la joie du partage et la vérité des solidarités humaines.
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C’est encore dans le Sacré-Cœur de Jésus qu’elles iront puiser l’estime et l’amour de la Pauvreté, qui a été l’objet des plus tendres affections de ce Dieu Sauveur, et dont il nous fait de si touchantes leçons dans la Crèche et sur la Croix ; l’ayant épousée dès sa naissance, pour en faire jusqu’à la mort sa compagne inséparable. Pour se conformer aux dispositions de ce Divin Cœur, elles chériront la Pauvreté comme leur Mère (63).
L’angle sous lequel les constitutions abordent le vœu de pauvreté ne nous est pas familier. Qui donc de nos jours considère spontanément la pauvreté comme une mère, ou encore comme une épouse ? Lorsque nous pensons pauvreté évangélique, ce sont deux autres mots qui nous viennent à l’esprit et qui en disent l’exigence, les termes de partage et de solidarité. Or ces dimensions de la pauvreté à laquelle nous sommes tout particulièrement sensibles ne sont pas immédiatement présentes au texte des constitutions [1].
Pour bien mesurer la distance qui sépare notre perception de la pauvreté de celle des constitutions, il faut avoir à l’esprit le grand bouleversement qui s’est opéré dans notre manière de vivre la pauvreté, surtout depuis le deuxième concile du Vatican. A son origine, il y a une prise de conscience qui a été un des ferments les plus puissants du renouveau de la vie religieuse ces dernières années. On s’est senti rejoint par les injustices criantes qui déchirent le monde contemporain. On s’est surtout rendu compte qu’une certaine qualité de vie fraternelle ne pouvait naître que d’une pauvreté consentie, face à une société de consommation. La pauvreté religieuse ne pouvait donc pas se réduire à une simple pauvreté de dépendance, comme c’était souvent le cas par le passé. Elle impliquait une remise en cause de nos manières de penser et d’agir. Elle exigeait un engagement personnel et délibéré de chacun. La vérité de nos rapports humains passe nécessairement par la vérité des rapports économiques au plan de l’avoir. Aussi est-ce uniquement dans le partage et la prise en charge mutuelle que se scellent ces liens de confiance et de fraternité qui sont le signe de la vie nouvelle apportée par le Christ. La pauvreté construit la communauté.
Mais que serait une communauté de partage qui ne se fonderait pas en même temps sur une solidarité effective avec les pauvres, les démunis, les laissés pour compte de notre société ? Une telle communauté deviendrait vite un contre-signe. La pauvreté évangélique implique nécessairement une vulnérabilité à la détresse qu’engendre notre monde contemporain. D’où les exigences nouvelles qui se sont imposées aux communautés religieuses, quant au style de vie et aux milieux d’insertion. Le religieux se fait dès lors pauvre au milieu de ses frères les pauvres, compatissant à leur détresse, solidaire de leurs combats. Il rencontre le Christ en eux. Touché dans sa chair par leurs insécurités, il devient au milieu d’eux témoin d’une espérance. Chaque fois que la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres, le Royaume de Dieu est au milieu de nous.
Cette prise de conscience a renouvelé en profondeur la vie consacrée. Elle entraîne un certain nombre de déplacements par rapport à la manière dont le vœu de pauvreté était perçu par le passé. Certes, aujourd’hui comme hier, celui-ci touche le rapport aux biens matériels et à l’argent. Il rejoint l’instinct de possession qui est en chacun. Mais ce qui aujourd’hui lui confère avant tout sa valeur évangélique, c’est une certaine qualité de relations humaines, à l’intérieur de la communauté et dans le milieu social. La crédibilité du vœu repose sur la vérité des liens qu’il rend possibles, à la fois par le partage fraternel consenti et dans une solidarité vécue avec les plus pauvres. Ainsi garde-t-il à nos yeux de chrétiens du XXe siècle sa force d’interpellation.
L’optique dans laquelle se situent les constitutions est différente. Elle désarçonne. Elle n’éclaire pas moins une dimension essentielle de la pauvreté évangélique. Et sans cette dimension, faudrait-il dire, l’aspect relationnel de la pauvreté qu’on vient d’évoquer risquerait de se vider de son contenu proprement évangélique. La pauvreté chrétienne consiste dans le lien que j’instaure avec les autres dans la libre disposition de mes biens. Mais à sa racine, ce lien est d’abord, dans ma manière de me situer par rapport aux biens de ce monde, un lien personnel avec Dieu lui-même. La pauvreté est certes un faire, celui qui construit la communauté, celui aussi qui refait un tissu social déchiré. Cependant elle consiste d’abord dans une qualité d’être. Cette qualité d’être s’éprouve à la manière dont, jour après jour, je me reçois des mains mêmes de Dieu, dans la fragilité de ma condition charnelle.
Ce qui frappe de prime abord à la lecture du texte des constitutions, c’est la symbolique que celui-ci met en œuvre. La pauvreté y est personnifiée. Elle est considérée à la fois comme une épouse et une mère. Le Christ l’a « épousée » dès sa naissance et en a fait sa « compagne » jusqu’à la croix. Il a voulu vivre et mourir « dans son sein ». Marchant à sa suite, la religieuse du Sacré-Cœur l’honore et la chérit « comme une mère ». Que signifie un tel langage ? Car c’est bien de la pauvreté qu’il est question ici. Nulle part dans les constitutions, il ne nous sera demandé de considérer l’obéissance, ou encore la chasteté, comme une mère. Nous sommes donc en présence d’un langage qui entend exprimer un lien unique, en rapport avec la pauvreté.
Il faut se reporter ici à la manière dont l’homme a toujours saisi, en tout temps et en tout lieu, son rapport immédiat à la terre et à ses biens. Ce rapport est si vital, il est si intime à son être de chair, que celui-ci n’a pu s’y rendre présent que de façon indirecte, en ayant recours au monde du symbole. Or la symbolique qui s’est imposée à lui et qui s’est inscrite dans l’inconscient collectif de l’humanité, est celle qui voit dans la terre une mère. En régime chrétien, François d’Assise en est la plus belle expression : « Loué sois-tu pour notre mère la terre », chante le Cantique des créatures. La terre est un sol nourricier. Elle nourrit l’homme, elle le vêt, le protège, jusqu’à ce que, rendant son dernier souffle au terme de tant de joies et de peines, il retourne en paix dans les profondeurs de son sein maternel. Parler de la terre comme d’une mère, c’est pressentir en elle, au gré des jours et des saisons, une tendresse et une sollicitude, une patience et une générosité. Dans sa fragilité native, l’homme se sait porté par la terre qu’il habite. Il puise en elle sa subsistance et ses forces de vie. Là est son rapport originaire avec l’univers des choses. Ce rapport est inscrit dans son être de chair. Il précède en quelque sorte la relation qu’il instaure avec son semblable dans l’échange des biens dont il dispose.
Mais comment ne pas être saisi ici par le paradoxe qui est au cœur de ce paragraphe des constitutions ? Ce n’est pas la terre et ses richesses, mais bien la pauvreté qui y est considérée comme une mère. Ce n’est pas l’attachement au sol nourricier, mais bien le détachement à son égard qui y engendre à la vie. Ce n’est pas la sécurité et l’abondance matérielles qui confortent la religieuse du Sacré-Cœur dans la précarité de son existence, mais un dénuement consenti, qui ouvre sur la liberté de l’esprit. Le renversement est total. La foi chrétienne fait entrer dans un rapport radicalement nouveau avec la terre et ses biens.
On passe de l’ordre du besoin et du manque à celui de l’accueil et de la reconnaissance, du registre fusionnel avec la terre à celui de la rencontre dialogale et de la gratuité. Dans le don de la terre et de ses biens, la foi chrétienne manifeste celui qui se donne et se rend présent dans son don. L’univers créé prend visage. Il y a certes rapport de dépendance de l’homme par rapport à la terre. Cette dépendance est inscrite dans son corps même. Mais celle-ci révèle d’abord de l’ordre de l’esprit. Elle met en présence de la sollicitude et de la prodigalité de Dieu à son égard, jusque dans son souci de subsistance de tous les jours. Le lien qui l’unit à l’univers devient ainsi histoire de liberté entre Dieu et lui.
Cette liberté rejoint Dieu par le corps et son rapport vital à la terre. D’où la symbolique à laquelle les constitutions ont recours. Elles voient dans la pauvreté une épouse. L’épouse est toujours l’objet d’une préférence. La pauvreté évangélique est l’objet d’un libre choix, et ce choix est porté par un attrait, un amour. Épousée, la pauvreté devient en retour, pour celui qui l’embrasse, une mère. Elle l’engendre dans sa chair à un nouveau rapport à la création et à Dieu. Je ne cherche plus dès lors à exorciser le vieux fond d’angoisse en moi en m’appropriant les choses et en m’entourant de sécurités matérielles. Je ne m’enferme plus dans un rapport utilitaire aux biens. Je ne les ramène plus à mon seul souci, me fermant par là à ce qu’ils sont en vérité. Je consens à ma condition de créature devant Dieu. Dans le dénuement que celle-ci implique, je m’expose à lui, à sa gratuité, pour en éprouver la sollicitude et sa prévenance jusqu’en ce qui regarde ma simple subsistance de tous les jours. J’ai un cœur de pauvre. Or seul le cœur de pauvre découvre le vrai visage des choses. Celui-ci demeure toujours caché à celui qui fait main basse sur elles. Mais à celui qui sait garder les mains ouvertes, celles-ci se révèlent pour ce qu’elles sont en vérité, don de Dieu qui travaille dans sa création et qui par elle nourrit, vêt, réchauffe et protège celui qu’il aime. La maternité de la terre à laquelle l’homme a été sensible de tous temps n’est que le reflet de la tendresse et de la sollicitude de Dieu pour l’homme sur le chemin de sa vie.
La pauvreté évangélique implique donc un rapport de dépendance avec Dieu, consenti et désiré. Ce rapport vital engage l’affectivité. C’est pourquoi la tradition chrétienne a vu spontanément dans la pauvreté une épouse et une mère. Le Poverello d’Assise faisait de « Dona Poverta » la dame de ses pensées : « Dame sainte Pauvreté, que le Seigneur te garde avec ta sœur, sainte Humilité. » Ignace de Loyola recommandait à ses compagnons de l’aimer comme une mère. Jusque dans ses renoncements les plus austères, la pauvreté évangélique ouvre sur un mystère de vie dont l’expression la plus pure en terre chrétienne demeurera toujours le Cantique des créatures de François d’Assise. L’eau jaillissante devient pour lui une sœur, le soleil qui réchauffe, un frère, et la familiarité avec la création entière s’élève à l’ordre d’une fraternité, frères et sœurs d’un seul et même Père qui est Dieu. Mystère de gratuité et de joie qui trouve son accomplissement dans la louange.
Les constitutions parlent de la pauvreté évangélique à l’intérieur de cette tradition. Le charisme de la Société est toujours de saisir de l’intérieur la nature de chaque vœu, c’est-à-dire à partir des dispositions du Cœur de Jésus. Mais comment rejoindre ici ce point secret du cœur où s’exprime le rapport affectif de Jésus à la pauvreté ? L’Évangile montre comment Jésus a vécu en pauvre devant Dieu et devant les hommes. Il ne transmet pas directement les dispositions de son Cœur à l’égard de la pauvreté. Les constitutions entrent dans ces dispositions en relisant l’Évangile à la lumière de ce que la tradition chrétienne a pressenti de la pauvreté évangélique et de sa fécondité. C’est ainsi qu’elles éclairent les sentiments de son Cœur en ayant recours à la symbolique de l’épouse et de la mère. Le Christ a épousé la pauvreté dès sa naissance pour en faire sa fidèle compagne jusqu’à la mort.
La pauvreté ne fait donc qu’un avec la vie terrestre du Christ. Elle a été l’objet d’un choix voulu de sa part. Ce choix est d’abord passé par ses parents pour devenir sien. « Regarder et considérer ce qu’ils font : leur voyage et leur peine, pour que le Seigneur vienne à naître dans une extrême pauvreté » (Ex. 116). Cette notation d’Ignace à l’intérieur de la contemplation d’un mystère joyeux ne surprend que celui qui voit dans la pauvreté l’aspect renoncement et effort ascétique. Elle est lumineuse au contraire pour celui qui sait voir dans la pauvreté une mère qui nous engendre à notre véritable rapport à la terre et aux choses. Si, dès son avènement dans la chair, Jésus recherche la pauvreté, c’est qu’il l’aime, et en elle la création entière lui est rendue dans sa beauté et sa vérité premières. Tout en elle, ses semailles, ses fleurs, ses êtres vivants et ses luminaires, devient dès lors, ainsi qu’en témoigne l’Évangile, parabole inépuisable du Royaume. Pour le cœur du pauvre l’univers entier devient à la fois terre et parole d’Évangile.
La religieuse du Sacré-Cœur a donc une manière propre de vivre le vœu de pauvreté. Elle la puise dans l’estime et l’amour que le Cœur de Jésus a nourris pour cette vertu. Cette manière propre engage son affectivité croyante : « elles chériront la pauvreté comme leur mère ». La pauvreté évangélique n’est pas pour elle uniquement de l’ordre du faire, celui par lequel on dispose librement de ses biens dans le partage et en solidarité vécue avec les exclus. Certes, elle est cela. Elle doit même l’être plus que par le passé. La prise de conscience de l’après-concile constitue un point de non-retour. Mais la religieuse du Sacré-Cœur sait, pour l’avoir appris dans le Cœur même de Jésus, que le bien dont elle dispose ainsi est d’abord un bien qu’elle reçoit de la main de Dieu. Elle sait que même le fruit de son propre travail est d’abord travail de Dieu à son égard au sein de la création. Si elle peut donner gratuitement, c’est qu’elle sait avoir tout reçu gratuitement. La joie du don reçu ouvre à la joie du don partagé en solidarité avec les pauvres et les démunis.
En quoi consiste plus précisément ce régime de pauvreté ? La suite du paragraphe le précise en trois énoncés : « elles se réjouirent d’en éprouver quelques effets dans la nourriture, le coucher, le vêtement, et le logement ; elles renonceront d’affection à tout ce qu’elles possédaient dans le monde, et elles ne pourront ni donner, ni recevoir, ni prêter, ni emprunter, ni garder chez elles quoi que ce puisse être sans la permission de la Maîtresse du Noviciat ». Ainsi se trouvent définis à la fois le style de vie et le rapport aux biens, que ce soit ceux que l’on possède encore dans le monde ou ceux dont on dispose en communauté.
La religieuse du Sacré-Cœur se réjouira donc d’éprouver les effets de la pauvreté. Retrancher le superflu n’est pas encore vivre pauvrement (cf. 117). La pauvreté implique qu’au moins à certaines heures on ressente vraiment le manque, à la fois pour Dieu et en lien avec ceux qui manquent de tout. Une telle exigence ne peut être imposée seulement par voie d’autorité. Elle doit naître de l’inventivité du cœur et déboucher sur la joie. La pauvreté évangélique n’est certes pas affaire de calculs étroits et mesquins. Comme telle, elle aime le grand large. Elle est généreuse. Mais elle ne saurait être authentique qu’en s’éprouvant dans des renoncements concrets. Réelle, la pauvreté propre à la Société évite cependant la singularité (cf. 116). Elle rejoint cet idéal de frugalité et de simplicité de vie qui devrait caractériser toute suite du Christ de nos jours. « C’est alors qu’elles pourront, avec plus de confiance et de vérité, s’unir aux sentiments intérieurs du Cœur de leur divin Époux qui, étant le Maître de tous les biens du ciel et de la terre, a vécu dans le plus entier dénuement de toutes choses » (117).
La novice garde la propriété des biens qu’elle avait dans le monde. Elle renonce pourtant à leur jouissance et doit s’en détacher déjà dans son cœur. Ce n’est qu’à l’étape des derniers vœux, au moment de son intégration définitive dans la Société, qu’elle en fait l’entière renonciation. Elle renonce au droit de propriété, l’un des droits les plus fondamentaux de l’homme, celui qui donne son assise naturelle à l’exercice de sa liberté. Elle perd sa personnalité juridique. Elle lie son sort à celui de la congrégation. Elle ne vit plus que du corps de la Société, et à travers lui, du Christ lui-même.
On touche ici bien entendu dans toute sa radicalité la dimension sociale et communautaire de la pauvreté évangélique. Celle-ci s’exprime dans la vie de tous les jours, dans le renoncement à disposer par soi-même de quoi que ce soit sans la permission des supérieures. La religieuse du Sacré-Cœur se remet ainsi à la Société pour ce qui regarde ses besoins. Elle est dans l’attitude du pauvre. Elle n’est pas seulement celle qui, par amour du Christ, donne, ne serait-ce qu’un verre d’eau, au plus petit d’entre les siens. Elle se retrouve aussi du côté du Christ lorsque celui-ci s’identifie avec celui qui a faim et soif. Elle est dans la situation de celle qui doit tout attendre des autres, de sa communauté, aussi bien en ce qui regarde la nourriture que le vêtement et le logement.
Cette pauvreté est joie. Elle est aussi souffrance parfois. Elle rend vulnérable aux autres, à ses sœurs, à leurs égoïsmes ou à leurs duretés de cœur éventuelles. Accepter de vivre en pauvre, c’est accepter de souffrir de ces indélicatesses. Seule celle qui, à certaines heures, est prête à porter comme François d’Assise la marque des plaies du Christ dans sa vie peut chanter le Cantique des créatures. « Chacune d’elles sans exception doit être contente et voir avec une sainte joie dans le Seigneur que dans la distribution de ce qui leur est nécessaire, on lui donne ce qu’il y a de plus vil et de plus grossier, et qu’on la traite comme la dernière de la Maison ; elles puiseront cette joie si douce dans le Cœur de Jésus qui, par amour pour elles, a voulu être traité comme le dernier des hommes et le rebut de son peuple » (118). C’est à ce prix que la religieuse du Sacré-Cœur entre dans la pauvreté du Christ. Inutile de dire que nous sommes ici au plan des réalités de l’Esprit. En ce domaine, un texte de constitutions n’est pas en mesure de légiférer. Il ne peut qu’indiquer la voie, celle du cœur, celle de la véritable liberté spirituelle aussi. Il y a des inventions de l’amour qui passent par l’amour que le Cœur de Jésus lui-même a porté à la pauvreté.
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[1] Ce texte est tiré d’un ouvrage à paraître aux éditions Beauchesne, à Paris, sous le titre La vie religieuse. Premières constitutions des Religieuses de la Société du Sacré-Cœur. En s’attachant à la lettre du texte des constitutions, l’ouvrage montre comment, dans la consécration par les vœux de religion, la dévotion au Cœur de Jésus devient spiritualité au sens plein du terme, comment aussi un charisme fondateur engendre une théologie de la vie religieuse dans la formulation qu’il se donne. Seule une étude des sources spirituelles ancre dans la fidélité la réponse appelée par les requêtes nouvelles du présent.