Courrier des lecteurs : Les amitiés « communautaires »
Ghislaine Aubé, s.c.
N°1981-4 • Juillet 1981
| P. 256-257 |
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Le dernier numéro de la revue sur « Célibat consacré et amitié » ne prétendait pas traiter cette question de façon exhaustive : le liminaire le précisait clairement. Il est permis d’espérer que d’autres études et des approches différentes en poursuivront l’approfondissement par la suite.
Ce qui me pousse à exprimer immédiatement quelques réflexions complémentaires, c’est le sentiment qu’une lacune importante de ce dossier risque de nuire à l’équilibre de l’ensemble : je veux parler des amitiés « communautaires », essentielles à la vie religieuse. Qu’il s’agisse de l’amitié qui lie une communauté à des célibataires, des gens mariés, des familles, des groupes... ou de l’amitié que ceux-ci portent à l’ensemble d’une communauté. Ou encore des amitiés « de communauté à communauté », des amitiés entre une communauté de religieux ou de religieuses et un monastère de femmes ou d’hommes, et l’inverse. Très spécialement, de l’amitié de communautés de religieuses pour un prêtre ou une équipe de prêtres, de prêtres envers une communauté féminine...
Les amitiés entre hommes et femmes – puisque tel était le sujet – mais communautaires, heureusement fréquentes aujourd’hui, à des degrés divers d’ailleurs, sont souvent d’une grande richesse. L’amour fraternel qui réunit des consacrés dans la chasteté vouée donne à ces amitiés une qualité particulière. Ceux qui ont de tels liens avec une communauté religieuse (ou un monastère) bénéficient, par ailleurs, de sa grâce propre, de sa spiritualité, de son charisme.
Pour les religieux et les religieuses qui en sont bénéficiaires, de tels liens peuvent contribuer à leur faire acquérir un esprit d’Église plus large, leur donnant part aux richesses de vocations autres que la leur, qu’il s’agisse d’autres congrégations, de prêtres, de célibataires engagés dans le monde, de gens mariés...
Enfin, il n’est pas rare qu’aujourd’hui de telles amitiés soient œcuméniques. Combien peuvent être appréciables, par exemple, des liens d’amitié de religieuses avec un pasteur luthérien et sa femme, de religieux avec une communauté de diaconesses, de religieux ou religieuses catholiques avec sœurs ou frères protestants ou anglicans, etc.
N’est-ce pas là l’une des richesses évangéliques de la vie religieuse, et n’est-ce pas un « signe des temps » que ce soit assez largement répandu aujourd’hui ? On pense spontanément que le Seigneur Jésus « aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare » (Jn 11,5).
Par cette voie, nous tendons, avec action de grâces, à cette communion que décrivent les Actes des Apôtres : « La multitude des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme » (4, 32). Communion que nous espérons entre tous les hommes que Dieu aime, communion qu’il nous appartient d’accueillir et de chercher à instaurer toujours davantage.
Prieuré de Tercillat
F-23350 GENOUILLAC, France
