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Paternité (maternité) spirituelle dans le christianisme

M. Basil Pennington, o.c.s.o.

N°1979-3 Mai 1979

| P. 175-182 |

Le 5e Symposium cistercien d’études tenu aux États-Unis avait mis à son programme la paternité spirituelle. On constate en effet, dans l’Église d’Occident, un grand besoin de guides spirituels. Plusieurs, ne les y trouvant pas, se tournent vers l’Orient. Parmi les hôtes de ce congrès figuraient plusieurs maîtres orientaux, qui apportèrent un témoignage digne d’attention. Il aida les participants à préciser la nature de la paternité spirituelle dans l’Église catholique.

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Une des réunions les plus intéressantes et les plus stimulantes auxquelles j’ai pris part ces dernières années fut le 5e Symposium cistercien d’études tenu à New Clairvaux Abbey, Vina, Californie, du 12 au 17 juin 1978. Son thème était : « Le Père spirituel. Orient et Occident ». L’assemblée réunit quelque cinquante moines, moniales, religieux et religieuses de vie active, laïcs (mariés ou célibataires), de plus de quinze pays. Ils furent rejoints par des maîtres spirituels appartenant à diverses traditions orientales et par des érudits de réputation internationale. Des documents de base avaient été distribués d’avance, aussi le Symposium put-il se consacrer à des échanges menés en connaissance de cause. La rencontre entre une érudition de haut niveau et un souci pastoral concret contribua à un dialogue d’une richesse inhabituelle.

Durant la réunion elle-même et dans les écrits qu’elle suscita, on prit une conscience aiguë d’une grave lacune de notre vocabulaire : celui que nous employons est neutre, il passe sous silence ce qui caractérise l’homme ou la femme et les réduit l’un et l’autre à un « ça ». Nous aurions besoin, de toute urgence, d’un vocabulaire compréhensif, qui embrasse la plénitude de la féminité aussi bien que celle de la masculinité. Car ce qui est dit du père spirituel s’applique également de façon totale à la « mère » spirituelle. Qui plus est, comme les exposés et les discussions le mirent bien en lumière, notre tradition chrétienne a insisté sur le fait que le père spirituel doit aussi être vraiment une mère pour son disciple, à l’imitation des archétypes que sont Marie et l’Église. En vérité, tous les chrétiens doivent être « mères » dans ce sens : « Qui est ma mère, qui sont mes frères ? Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère et ma sœur et ma mère » (Mc 3,33-35). Comme chrétiens, nous sommes appelés à faire croître la vie du Christ en nous-mêmes et dans les autres.

Un besoin

Si ce Symposium, organisé par les Cisterciens, fut mis sur pied, ce fut d’abord avec la préoccupation d’un renouveau authentique à l’intérieur de leur propre tradition, mais aussi avec le souci de l’Église tout entière. Le théologien jésuite Daniel O’Hanlon, de la General Theological Union à Berkeley, avait consacré une année à un pèlerinage en Asie. Il était sur le point d’entreprendre un second voyage, subventionné par le Centre pour l’étude des nouvelles religions, afin d’essayer de se rendre compte des motifs pour lesquels les Américains en quête de maîtres spirituels se sont tournés vers l’Est. Il avait déjà interviewé un bon nombre d’Américains revenus de l’Orient. Jusqu’ici ses découvertes ont abouti à une réponse commune : ces chercheurs avaient été à même de trouver, dans les Églises et les Synagogues de l’Ouest, des hommes de science et d’organisation, mais pas des hommes ou des femmes de valeur spirituelle, capables d’enseigner une voie concrète et pratique d’entrée dans une spiritualité plus profonde.

Ces constatations furent confirmées par un grand nombre d’interventions faites durant les échanges, qui furent très personnels, sincères et ouverts. Frère David Steindle-Rast présenta une vue d’ensemble des diverses communautés « Âge nouveau [1] » avec lesquelles il avait été en rapport. Dans ces groupes, une place centrale est généralement tenue par une communauté qui procure chaleur et soutien, sans que ceci soit le but directement visé, mais, en fait, seulement une conséquence. Les groupes qui se sont principalement réunis pour trouver une communauté ont rarement abouti. Pour les communautés qui ont réussi, cela a dépendu, dans la plupart des cas, du rassemblement autour d’un maître, qu’il s’agisse du Centre Zen de San Francisco, de l’Institut de Yoga Intégral du Swami Satchidananda ou du Centre de l’Amour à Denver, rassemblé autour d’un Tertiaire catholique. A ce qu’il semble, c’est toujours un but commun capable de faire l’unité qui produit un environnement vraiment monastique favorable à la croissance spirituelle. Ces groupes « Âge nouveau » sont dynamiquement souples et cependant ils ont une stabilité remarquable. Ils sont formés de gens qui cherchent et il est rare qu’on y établisse des distinctions sur la base du sexe.

£A la session de clôture du Symposium, un moment vraiment émouvant fut celui où prit la parole un jeune homme, resté silencieux jusque-là. C’était un étudiant de l’Institut d’Études Cisterciennes de Kalamazoo, Michigan. Il avait vécu dans un monastère catholique durant quatorze mois – une expérience décevante pour lui – et il était maintenant à la recherche d’un endroit où il puisse trouver un véritable père spirituel. Il adressa un éloquent appel à chacun des participants et participantes, les exhortant à prendre l’engagement d’être de véritables guides spirituels, hommes et femmes de sainteté personnelle, incarnant l’Évangile dans leur vie, prêts à répondre à l’appel, souvent inexprimé, même de ceux qu’ils ne souhaiteraient pas accueillir, disposés à détecter et à faire s’épanouir en plénitude l’univers d’amour de Dieu qui peut être trouvé en celui qui se présente devant eux.

Ce jeune homme fit remarquer que parfois ceux qui devraient remplir ce service pastoral dans la communauté chrétienne sont pris par des soucis « plus larges et plus universels », en sorte qu’ils n’ont pas envie de donner leur temps à la prise en charge d’un individu. Plus précisément encore, il attira l’attention sur le fait qu’un très grand nombre de ceux qui remplissent dans l’Église des fonctions dont on peut à bon droit attendre qu’elles incluent la paternité spirituelle (supérieurs, pasteurs, conseillers, directeurs) hésitent à accepter ce service onéreux. Les échanges du Symposium confirmèrent la chose.

Il est vrai que la littérature monastique ancienne montre le père spirituel très peu disposé à accepter ce rôle. Et cependant à plusieurs reprises il le fait, et parfois avec une plénitude audacieuse. Aujourd’hui, l’hésitation semble parfois naître du même type d’humbles dispositions. Mais lorsque celles-ci sont la source véritable de l’hésitation, l’homme humble, lorsqu’il réalise que Dieu désire qu’il rende ce service, le fait avec générosité. A vrai dire, l’hésitation actuelle semble plus souvent provenir d’un certain manque de clarté sur ce rôle, d’un sentiment d’insuffisance – hélas trop souvent fondé –, d’un faux sentiment d’égalitarisme et parfois de la projection de ses propres réticences en face du paternalisme.

Paternité spirituelle chrétienne aujourd’hui

Il y eut un certain nombre de questions très légitimes et très pertinentes à propos de la compréhension exacte et de la pratique de la paternité spirituelle à notre époque. Objectivement parlant, peut-on dire que notre pratique actuelle est la continuation de celle des temps passés, ou doit-on estimer qu’elle en est une dégradation ou une mutation ? En fait on se demanda, à bon droit, si le « père » est aujourd’hui le meilleur archétype de cette relation. On en suggéra d’autres : amitié, sage-femme, secouriste. Mais aucun de ces termes ne sembla traduire avec autant de plénitude la réalité en cause. Nos difficultés à propos de ce vocable semblent naître des connotations qui lui viennent de la paternité naturelle et des problèmes qui entourent son exercice dans les familles d’aujourd’hui. De plus, les chrétiens ont à tenir compte du fait que toute paternité descend finalement d’en haut et reçoit son nom de celle du Père des lumières (Ep 3,14-15 ; Jc 1,17). A l’exemple du Christ, le père spirituel est appelé par son rôle à rendre le Père présent – « Le Père et moi, nous sommes un » (Jn 10,30) ; « Celui qui me voit, voit le Père » (Jn 14,9)– et à former ses disciples à être fils du Père, sur le modèle du Fils unique.

L’amitié constitue certainement une part importante de ce rôle paternel : « Je ne vous appelle plus serviteurs... mais amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris du Père » (Jn 15,15). Mais ce terme, pris en lui-même, ne semble pas exprimer tout ce qui est impliqué ici, tout ce que le disciple cherche et attend à bon droit lorsqu’il vient chez un père spirituel.

Assurément, il y a dans cette relation la transmission d’un enseignement, et une transmission faite de manière vivante, découlant de la plénitude de l’expérience vécue. Cependant ceci n’est pas le tout du rôle paternel, ni même sa partie la plus importante. Ce qui est désiré et requis, c’est que le père, s’appuyant sur sa propre expérience vécue, puisse guider son fils dans la découverte et l’actualisation de son vrai moi. Par le baptême, le chrétien est devenu en un sens très réel un vrai fils de Dieu, un avec le Christ, le Fils unique : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20). Il a reçu l’Esprit du Christ comme son propre esprit : « L’Esprit a été répandu dans nos cœurs et c’est en lui que nous nous écrions : Abba, Père » (Rm 8,15). Le chrétien a simplement besoin d’apprendre à être ce qu’il est réellement, à faire sienne sa divinisation et à la vivre dans toute sa richesse. Le père spirituel est quelqu’un qui sait comment réaliser cela dans la plénitude de l’Esprit et comment aider d’autres à faire de même. Les dons de sagesse, d’intelligence et de conseil sont agissants en lui.

Lumière de l’Est

Une dimension très intéressante et très enrichissante de cette rencontre provint de la participation active de maîtres venus des pays asiatiques. On souligna que nous ne nous tournons point vers nos frères orientaux dans le but d’introduire des éléments de leur manière de faire dans la nôtre. Par-dessus tout, nous ne voulons pas prolonger une mentalité colonialiste, qui s’efforcerait maintenant de s’emparer des richesses spirituelles de l’Orient et de les exploiter en traitant comme de simples techniques des mystères porteurs de vie. Notre espoir est plutôt que la rencontre avec d’autres traditions religieuses conduise à une fécondation réciproque, qui stimule la croissance de valeurs qui gisent enfouies dans nos propres traditions.

Jusqu’où la famille humaine a progressé vers une culture spirituelle globale pleine de richesse fut représenté d’une manière frappante par la présence de Maezsumi Rochi et de son disciple. Ce maître japonais du Zen considérait le jeune juif de Brooklyn auquel il avait récemment conféré la « transmission », comme son premier et principal disciple. L’étudiant, à son tour, montra comment le Zen l’avait introduit à une intelligence plus plénière de son héritage juif et de sa révélation.

En voyant combien les pères spirituels de l’Orient répondaient, à un plus ou moins haut degré, aux multiples demandes que nombre de jeunes chrétiens ne trouvaient pas à satisfaire dans leur propre tradition, nous avons essayé de faire participer certains d’entre eux à notre dialogue et de nous mettre à leur écoute. Ce fut grandement profitable. Nous les entendîmes prendre sans hésiter, avec humilité, simplicité et « compassion », la responsabilité de maître. Certaines des descriptions de leur rôle pourraient assurément nous stimuler dans notre effort pour retrouver et fonder à nouveau ce rôle dans notre propre tradition.

Le guru est celui qui chasse l’obscurité et révèle la lumière. Il est celui qui détruit les fautes de son disciple. Il rend son disciple semblable à lui. Il est un « voyant », quelqu’un qui détruit l’ignorance et donne la connaissance. Il dispense la grâce, répandant joie et paix sur son disciple. Plus simplement dit, il doit être un homme de bonne conduite, sans faute, d’esprit ferme. Il doit être imprégné du caractère sat, qui est réel et digne de confiance, parce qu’il a fait l’expérience de la vérité. Il est orienté vers Dieu et un ami indéfectible pour son disciple.
Le cheik est le guide sur la Piste de l’Amour. Il est un être exemplaire, qui vit selon le Coran et la Haddith, ce que le Prophète Mahomet – que la paix et la bénédiction d’Allah soit sur lui – a fait, dit ou approuvé. Il n’est pas celui qui dit une chose et en fait une autre. Il conduit vers Dieu dans la mesure de l’ouverture du murid (disciple). Le cheik peut être très proche de Dieu. Si vous prenez dans la mer un verre d’eau, le contenu du verre n’est pas la mer, et pourtant c’est aussi la mer. Voilà comment le cheik se situe par rapport à Dieu. Il a le remède qui peut guérir les doutes et les hésitations du murid. Il partage généreusement son secret et est plus préoccupé de son murid que de lui-même. Il sait comment faire disparaître l’aveuglement spirituel qui empêche son murid d’atteindre le Sommet.

Je pense que nous hésitons à bon droit à nous charger d’un pareil rôle dans la vie d’une personne remplie d’une telle attente. Assurément celui qui pense avoir toutes ces qualités et se met lui-même en avant comme père spirituel (celui qui affiche son enseigne, pour ainsi dire), s’abuse fort. Nous reculons devant l’idée de quelqu’un formé à notre ressemblance. Nous sommes tous les disciples du Christ ; c’est à sa ressemblance que nous avons à être formés. Cependant Paul, qui admettait franchement ses faiblesses (par exemple 2 Co 12,5.9) et cette autre loi qui se révélait dans ses membres (Rm 7,23), n’a pas hésité à s’appeler lui-même un père spirituel (1 Co 4,15 ; 2 Co 6,13.16) et à pousser ses disciples à être ses imitateurs comme lui-même l’était du Christ (1 Co 4,15). Le cheik, le père spirituel, « est plus préoccupé de son murid que de lui-même ».

Un besoin universel

C’est vrai, dans la chrétienté occidentale (pas en Orient, où le père spirituel occupe toujours une place centrale dans la vie monastique et paroissiale), du fait du développement des institutions et des structures, la communauté a, jusqu’à un certain point, pris sur elle une partie du rôle formatif que le père (ou maître) spirituel remplissait à l’époque patristique ou dans d’autres cultures. On avança aussi que, en pratique du moins, on peut trouver certains niveaux de spiritualité dans le christianisme comme dans d’autres religions. Le cheik, le maître, ne se trouve que chez les Soufis, mais pas chez les musulmans en général. Le « maître » appartient au Zen et n’est pas une figure courante dans le bouddhisme populaire. Tous les chrétiens ont à vivre une vie de foi, à faire l’expérience de la foi, mais tous ne sont pas appelés à une expérience « mystique ». Ce sont ces derniers qui ont besoin des services spéciaux d’un père spirituel. Tel fut l’argument qu’on développa. Mais l’on ne se montra guère enclin à accepter cette affirmation en ce qui concerne le christianisme. En fait, plusieurs raisons furent proposées en faveur de la valeur universelle de la paternité spirituelle dans le christianisme. La vie chrétienne est une communion, faite de don et de réception, modelée sur la vie interne de la Trinité qui nous est révélée. Le christianisme est une religion sacramentelle : le chrétien a ordinairement besoin d’une autre personne humaine qui soit, pour lui ou pour elle, le sacrement de l’amour du Père et de sa sollicitude prévoyante (c’est un fait dont le Nouveau Testament témoigne abondamment). Nous sommes appelés à exercer envers autrui quelque chose de la médiation unique du Christ, dans lequel nous avons été baptisés. En fait, la richesse du contenu théologique du concept chrétien du père spirituel dépasse de loin toute description du rôle du guru, du maître Zen ou du cheik. Aussi est-ce à bon droit que nous hésitons et craignons d’accepter ce rôle exigeant, même si sa réponse à notre besoin d’engendrer le rend très attirant par certains côtés. Mais, comme le remarquait un père spirituel orthodoxe, alors que, dans l’ordre naturel, c’est le père qui décide de le devenir, ce n’est pas de la sorte que les choses commencent dans la paternité spirituelle. C’est bien plutôt le fils qui se présente et fait appel à un père. En fait, il est possible qu’on ne réalise avoir engendré une vie remplie par l’Esprit chez un fils déterminé que quelque temps après que cela s’est réellement passé.

En tout cas, on ne peut que répondre humblement à cet appel au service, péniblement conscient de ses propres insuffisances (qui, en leur temps, peuvent se révéler un acquis précieux pour un service plein de « compassion » envers nos fils spirituels) ; on ne peut que placer son espérance dans le Père dont l’Esprit a inspiré à ce fils de nous demander ce service, confiant qu’il nous donnera tout le nécessaire à cause de la foi pleine d’attente de notre fils spirituel. Pour le père spirituel chrétien, son rôle, s’il est plus grand, est aussi plus aisé, car il n’est pas seul à porter le fardeau. Il peut entièrement faire fond sur le Christ tout-puissant, le seul qui soit en fin de compte maître et père, et avec qui il est un.

Ce n’est pas seulement au début de la relation, mais tout au long de sa durée que le discernement et la docilité à la conduite de l’Esprit sont souverains. Lui, et lui seul, est le directeur. Il est le seul auquel et le père et le fils obéissent. Ce que le père désire que son fils imite en lui est d’apprendre à écouter l’Esprit. Le père a besoin d’être toujours conscient que l’obéissance authentique (ob-audire : une écoute), qui est voulue comme une école menant à la liberté évangélique, peut aisément dégénérer en dépendance sans maturité, voire en soumission infantile, abdication de la liberté et de sa responsabilité d’homme. Comme le dit le Seigneur, c’est aux fruits que l’on doit juger l’arbre (Mt 7,20). La relation conduit-elle, dans la vie du disciple, au développement des fruits de l’Esprit : « amour, joie, paix, patience, longanimité, bienveillance, chasteté » (Ga 5,22) ? Le père doit toujours veiller à ne point briser le roseau froissé, à ne pas éteindre la mèche qui fume encore (Mt 12,20). Cependant il est des moments où il faut amener à supporter une certaine contrainte : cela se fait d’ordinaire non en fabriquant des épreuves artificielles, mais en découvrant à son fils spirituel des exigences de l’amour très particulier que le Père a pour lui. Mais, même au milieu de pareils temps d’épreuve, il faudrait que demeure dans les profondeurs de l’âme une certaine paix, une joie, un sentiment de confiance dans la présence de l’amour.

Vers un renouveau

Comme je le signalais au début de cet article, nous avons grand besoin d’un vocabulaire compréhensif, qui embrasse la réalité de l’homme et de la femme. Partout où j’ai parlé de « père, fils, il, lui », j’aurais désiré dire aussi « mère, fille, elle ». L’appel à la maternité-paternité spirituelle se situe au-delà de la distinction sexuelle, c’est un appel à une plénitude qui soit le sacrement de la paternité-maternité de celui qui est, n’étant ni homme ni femme, mais Dieu dans toute sa richesse d’amour.

Que nous parlions donc de « maternité spirituelle » ou de « paternité spirituelle », nous décrivons un rôle qui se retrouve, sous une forme ou sous une autre, dans toutes les grandes traditions religieuses et, sous une forme particulièrement riche et significative, dans notre tradition chrétienne. Si nous prêtons une oreille attentive à ce qui se déroule aujourd’hui sur la scène religieuse, nous remarquerons qu’il est un rôle que nous avons grandement besoin de retrouver et réinstaurer dans la vie chrétienne si nous voulons être prêts à répondre adéquatement à ce que l’Esprit fait surgir dans le cœur des générations montantes et si nous voulons apporter notre contribution originale à la culture spirituelle d’un monde en rapide évolution.

Saint Joseph’s Abbey
SPENCER, Massachusetts 01562, U.S.A

[1« Communautés Nouvel Âge » est souvent utilisé comme une expression générique pour désigner les nombreuses communautés qui ont surgi dans toutes les parties des États-Unis à la suite des préoccupations et des mouvements qui ont tellement secoué la société américaine dans les années 60.

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