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Kaïre. Rencontres œcuméniques

Vies Consacrées

N°1978-1 Janvier 1978

| P. 46-48 |

Depuis quelques années, un petit groupe de femmes consacrées et engagées, appartenant à différentes confessions chrétiennes, se réunit dans la prière et le partage fraternel. Elles nous font part du chemin parcouru ensemble. On pressent la signification œcuménique d’une telle cellule dans l’Église.

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Kaïre est un groupe international d’une vingtaine de femmes de confessions chrétiennes différentes, consacrées à Dieu dans un service d’Église. Qu’elles vivent seules ou en communauté, qu’elles aient une vocation monastique ou diaconale, la plupart d’entre elles exercent une responsabilité au sein des associations de diaconesses ou comme supérieures de communauté anglicane, orthodoxe, catholique, protestante.

Chacune se sent engagée envers les autres dans une croissance commune dont le principe est l’adoration. A travers la prière, l’étude et l’amitié, cette cellule vivante essaie de maintenir une tension dynamique entre les structures [1] et la vie dans l’Esprit.

Son but

Être un foyer de recherche et de communion pour les femmes qui partagent un même appel dans l’Église et découvrent à nouveau et de manière vitale ce qui est le cœur même de leurs vocations diverses.

Favoriser l’expérience d’un œcuménisme spirituel où soient vécues les dimensions de contemplation et de service des hommes.

Être un ferment et un lieu de discernement de l’unité dans l’Église afin qu’elle porte l’espérance pour tout homme.

Son histoire

Au cours des années 1960, religieuses et diaconesses, chacune pour sa part, s’interrogeaient : dans une société en mutation, dans les Églises qui cherchent leur voie, quelle était leur place ?

Ce même désir d’actualisation et de ressourcement et une soif grandissante de l’unité des chrétiens commencèrent à susciter des contacts entre diverses associations et communautés. Jusqu’au jour où il sembla opportun d’élargir cette expérience à un plus grand nombre.

C’est ainsi qu’en septembre 1971, à l’initiative de Diakonia, association mondiale des diaconesses, une première rencontre rassembla une soixantaine de diaconesses et quelques religieuses catholiques, protestantes, anglicanes et orthodoxes à l’Institut œcuménique de Bossey, près de Genève, sur le thème : « Vivre l’Évangile, ou Les chrétiens à l’heure du choix ».

Au départ à Bossey, écrivait l’une des participantes, nous avons pris conscience de notre responsabilité collective à l’égard du monde et de l’Église et d’un désir commun de confronter recherches, expériences de vie et de prière. Une pensée nous guidait : l’essence même de notre vocation commune repose non sur le travail entrepris, mais sur la consécration à Dieu, l’engagement en Église.

Pour poursuivre la réflexion entreprise à Bossey, un petit groupe a été constitué. Sous le nom de « Kaïre [2] », il s’est réuni de 1972 à 1975 entre autres à Versailles, Londres, Berlin, Grandchamp, accueilli tour à tour par des communautés et des centres protestants, anglicans, catholiques.

Au bout de quatre ans, le besoin se fit à nouveau sentir de partager avec d’autres le chemin commencé. « Kaïre » se proposa donc d’inviter un certain nombre de personnes à participer à une rencontre en Belgique.

En juillet 1976, pendant cinq jours, tables rondes, conversations personnelles et contacts avec deux monastères ont permis aux participants de se connaître, mais aussi de découvrir, à travers la diversité de leurs expressions et de leurs services dans l’Église, un appel commun à la suite du Christ. Plusieurs études bibliques guidaient la réflexion :

« Nous devons parvenir tous ensemble à ne faire plus qu’un dans la foi et la connaissance du Fils de Dieu et à constituer cet homme parfait dans la force de l’âge qui réalise la plénitude du Christ » (Ép 4,13).

Telle était la référence centrale de la rencontre, référence qui offrait au projet de « Kaïre » un modèle à incarner.

En effet l’expérience ne pourrait s’arrêter là. Il s’avérait plus nécessaire que jamais de lui donner un prolongement : vingt personnes, dont une dizaine du premier groupe, assureraient donc la continuité de celui-ci jusqu’à une prochaine rencontre élargie, dans quatre ans. Ces personnes se sont déjà retrouvées en mai 1977 à l’abbaye bénédictine de la Pierre-qui-vire (France) autour du thème : « Trinité - vie engagée - communion ».

Prémices et perspectives

Que dire donc de ce cheminement, sinon que « Kaïre » s’est noué dans l’échange et la prière ? La large part laissée dans les rencontres aux dialogues personnels et au partage d’expériences de vie, à côté de l’étude théologique et de l’écoute de la Parole est significative. Au long de ces six années, en effet, le groupe, tout lié qu’il est aux structures des Églises, s’est refusé à chercher d’autres voies que celle d’une écoute ensemble de l’Esprit, pour une conversion continuelle des personnes et des communautés à l’Évangile. Œuvre de silence et de mystère.

Cette croissance commune se veut au service de l’Église. A l’heure où les Églises découvrent de plus en plus l’importance de susciter d’authentiques communautés chrétiennes qui offrent au monde l’eau vive de la Source et le don de l’unité, « Kaïre » cherche à assumer la tension entre l’institution et l’informel, l’Orient et l’Occident, la prière monastique et l’ouverture aux différents milieux :

Dans la prière et l’adoration, la méditation et les échanges, écrit une diaconesse, nos différences sont une richesse et un encouragement car nous avons l’espoir que par l’intermédiaire de cette cellule vivante, une joie nouvelle, un esprit de liberté s’étendront jusqu’aux limites les plus lointaines de l’Église universelle.

Encore faudra-t-il, dans les années à venir, donner au groupe une dimension plus intercontinentale encore. On cherche aussi à lui assurer un plus large rayonnement au sein des Églises locales tout en tenant compte du degré d’œcuménisme propre à chaque région et à chaque pays. Il va sans dire que les groupes et communautés auxquels les membres appartiennent sont déjà des lieux d’application immédiats.

Si « Kaïre [3] » se présente dès à présent comme un lieu de communion entre Diakonia, les associations de religieuses et les femmes engagées, un lieu de réflexion sur l’essence même de la vie consacrée et engagée en Église, il n’en est pas moins un appel à l’unité. Comme l’exprimait le prieur du monastère de Chevetogne à l’une des rencontres :

Le moment ne serait-il pas venu que nous puissions de plus en plus chercher cette ouverture spirituelle dans une vie ensemble qui serait d’abord une vie de louange, de glorification ? Ceux qui sont consacrés à Dieu dans toutes les formes de vie consacrée, dans tous les services, dans toutes les diaconies, ne pourraient-ils devenir ces lieux provisoires de cheminement où l’on pourra vivre cette amitié spirituelle, où nous pourrons nous convertir ensemble, apprendre à poser l’un sur l’autre le regard que pose Jésus-Christ sur chacun de nous, ce regard qui provoque la purification et la conversion du cœur ?

[1Par la présence, dans le groupe, de la Présidente de la Fédération Mondiale des Associations de Diaconesses et de membres du Conseil de l’Union Internationale des Supérieures Générales.

[2En grec : « Réjouis-toi !

[3On peut obtenir des indications plus précises au Secrétariat de Kaïre, « Saint-André », chaussée de Tournai 4, B-7721 Ramegnies-Chin, Belgique.

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