Ascètes et vierges des premiers siècles
Michel Dortel-Claudot, s.j.
N°1976-3 • Mai 1976
| P. 142-150 |
Dès les premiers siècles, des hommes et des femmes choisissent librement la chasteté perpétuelle pour le Seigneur, tout en continuant à vivre au sein de leurs familles. Petit à petit, l’engagement vécu (qui est l’essentiel) se traduit par une démarche extérieure. Ces consacrés savent bien, et les Pères le leur redisent, qu’ils sont appelés à « imiter le Christ en toutes choses ». A leur époque, l’engagement à la chasteté est le geste le plus « révolutionnaire » et donc le plus apte à devenir prophétique. Petit à petit, cette consécration dans le monde disparaît, absorbée par le monachisme, qui occupe de plus en plus le devant de la scène.
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Un peu d’histoire
Dès les premiers siècles, des hommes et des femmes (ces dernières en beaucoup plus grand nombre) choisissent librement la chasteté et donnent à cette démarche une signification délibérément chrétienne. Il n’existe pas de terme général pour les désigner. Les hommes sont le plus souvent appelés ascètes, du moins avant l’apparition du monachisme au milieu du IVe siècle ; ils sont parfois nommés confesseurs, spécialement au moment des grandes persécutions (fin du IIIe siècle, début du IVe). Pour les femmes, le terme le plus courant est vierges. A partir du IIIe siècle, d’autres expressions leur sont aussi appliquées : vierges saintes, épouses du Christ, vierges mariées au Christ, servantes de Dieu. Ce n’est qu’à la fin du IVe siècle qu’apparaît la dénomination virgines sacrae (vierges sacrées), qui indique une action rituelle et est contemporaine de la consécration liturgique des vierges, dont on parlera plus loin.
En ce qui concerne le Ier siècle, les textes qui nous sont parvenus ne sont ni assez clairs ni assez nombreux pour que l’on puisse conclure avec certitude à l’existence d’ascètes et de vierges. Mais ce que nous savons de la ferveur de la première génération chrétienne joint aux textes que nous possédons [1] suffit pour étayer une probabilité sérieuse. Notre propos n’en demande pas plus.
Par contre, dès le IIe siècle, l’existence des ascètes et des vierges est certaine. Nous avons sur ce point des témoignages clairs et nombreux : Ignace d’Antioche, Justin, Athénagore... Ce dernier écrit, par exemple : « Nous voyons autour de nous beaucoup d’hommes et de femmes qui demeurent célibataires, mus par l’espoir de s’unir davantage à Dieu [2] ».
Au IIIe siècle, les vierges deviennent beaucoup plus nombreuses que les ascètes. Si l’on trouve les uns et les autres dans plusieurs communautés chrétiennes, les groupes les plus importants et les plus organisés vivent dans deux Églises : celle d’Égypte et celle d’Afrique [3]. Ailleurs, ascètes et vierges se rencontrent plus rarement et jouent un moindre rôle dans la vie quotidienne de l’Église.
Genre de vie
Durant les trois premiers siècles, ceux et celles qui choisissent librement la chasteté ne vivent pas en communauté. Ils restent au sein de leur propre famille et continuent apparemment d’avoir les mêmes activités que leur entourage.
Compte tenu de la ferveur du temps, il se peut que certains aient été des époux et des épouses renonçant, d’un commun accord, aux relations conjugales. Ils continuent de vivre ensemble et de s’aimer, mais comme frère et sœur. Comme l’on sait, c’est cette vie conjugale à base d’amitié et d’affection, mais sans vie sexuelle proprement dite, que l’Église d’Occident imposera, à partir de la fin du IVe siècle, aux prêtres mariés. Ceci permet de penser que pareille vie conjugale était devenue l’idéal de nombreux couples chrétiens.
Ces hommes et ces femmes vivent au sein de leur propre famille. La structure et la mentalité de la société de cette époque font en effet que le célibataire vivant seul est impensable, surtout s’il s’agit d’une femme. Celle-ci vit nécessairement chez ses parents ou chez son mari.
Ascètes et vierges ne sont pris dans aucune organisation particulière. Tout au plus, constatons-nous que les vierges ont entre elles des réunions d’amitié. Mais on ne trouve rien qui ressemble à une responsable ou à une supérieure.
En Égypte et en Afrique, les ascètes ne constituent pas un corps organisé en tant qu’ascètes, mais ils forment une sorte de groupe particulier dans l’Église locale du fait que l’habitude se prend de plus en plus dans ces Églises, à partir du IIIe siècle, de choisir parmi eux les ministres (évêques, prêtres et diacres) dont la communauté a besoin. Cette évolution sera d’ailleurs déterminante pour celle du clergé et pour le passage du clergé marié à un clergé d’abord continent, puis célibataire.
L’engagement
Durant les trois premiers siècles, la réalité vécue importe davantage aux ascètes et aux vierges que l’engagement par lequel ils promettent de vivre de la sorte. Aux Ier et IIe siècles, nous n’avons même pas la preuve que les ascètes et les vierges inaugurent leur vie chaste par un engagement ou un vœu.
Au IIIe siècle, nous relevons les expressions suivantes pour désigner la démarche intérieure par laquelle ascètes et vierges inaugurent leur vie chaste :
Tertullien : « se vouer à Dieu » ;
Origène : « nous nous vouons à Dieu dans l’observation de la chasteté » ;
Cyprien : « se dédier à Dieu » ; « déterminer chastement et fermement son état » ; « le glorieux propos de la continence ».
Malgré la différence du vocabulaire, la démarche intérieure des ascètes et des vierges correspond bien à ce que nous mettons aujourd’hui sous les expressions : engagement, vœu, consécration. Mais une question se pose : à cette époque, la décision intérieure est-elle manifestée par une démarche extérieure, un geste visible, le prononcé d’une « profession » ? Il est difficile de répondre. On n’a pas la preuve que celui qui décide de se vouer à Dieu dans la chasteté pose un geste extérieur (parole proférée, changement de costume, etc.) qui exprime aux yeux des autres et à ses propres yeux cette décision. Est-ce à dire que sa volonté de vivre dans la chasteté reste purement privée, secrète, inconnue des autres ? Certainement pas. L’ascète ou la vierge sont connus comme tels par la communauté : chacun sait quel est leur propos et peut vérifier s’ils y restent fidèles.
Au IVe siècle, on commence à trouver le terme « consécration » pour désigner la démarche intérieure par laquelle l’ascète et la vierge (auxquels vient s’ajouter le moine) se donnent à Dieu dans la chasteté [4]. « Se consacrer à Dieu », « être consacré à Dieu » ont, à cette époque, le même sens que « se vouer à Dieu », « se dédier à Dieu », qu’on rencontrait au siècle précédent [5]. Mais cette décision intérieure est-elle maintenant traduite par une démarche extérieure ?
En ce qui concerne les moines, la réponse affirmative est certaine. Le disciple de saint Pacôme signifie sa résolution intérieure par son entrée au monastère et par son changement d’habit : il abandonne ses vêtements civils pour la rude tunique du moine. Le disciple de saint Basile y ajoute, ce semble, une profession orale de chasteté.
Pour les vierges, les indices vont dans le même sens. Dès le début du IVe siècle, le Concile d’Elvire emploie l’expression pactum virginitatis [6], terme qui tendrait à faire croire à un engagement oral, peut-être même à une promesse écrite. Vers la fin du même siècle, en tout cas, on rencontre assez généralement le rite extérieur de la consécration des vierges : l’évêque impose un voile sur la tête de la personne qu’il consacre, au cours d’une cérémonie liturgique en présence de la communauté. La personne ainsi consacrée pouvait être soit une vierge vivant dans le monde, soit une moniale proprement dite.
Aux siècles suivants, notons-le en passant, se développe l’usage de la profession faite oralement, sans que ce soit cependant la norme. Nous trouvons une telle profession (doublée d’un acte écrit et signé) dans la Règle de saint Benoît (VIe siècle).
Portée de cet engagement
De ce que nous venons de dire jusqu’ici, il ne faudrait pas conclure qu’ascètes, vierges et moines des quatre ou cinq premiers siècles ne connaissaient que le vœu de chasteté et n’observaient que lui. On exigeait d’eux d’autres dépassements d’eux-mêmes. Les Pères de l’Église insistent sur le devoir qu’ont ascètes et vierges de pratiquer la pauvreté, de mener une vie frugale, de se contenter de peu, de donner largement aux pauvres, de visiter les malades, d’avoir une part active dans la vie de l’Église, de réconforter leurs frères dans la foi. La pauvreté est tout particulièrement présentée comme inséparable de la virginité. L’abandon des richesses en faveur des pauvres doit aller de pair avec le renoncement au mariage.
L’idéal des ascètes et des vierges forme un tout : ils ne se proposent pas seulement de vivre dans la chasteté, ils cherchent une conversion totale et s’engagent dans un chemin montant, sans limite. Leur consécration est donc un propos global de dépassement de soi, par amour du Christ et des autres. Comme l’exprime fort bien un document du IIIe siècle, le programme de vie qui leur est proposé est « d’imiter le Christ en toutes choses ». C’est dans l’exemple du Christ que l’idéal des ascètes et des vierges a sa source : cet idéal saisit la personne tout entière. La chasteté n’en est qu’une conséquence, et encore une conséquence parmi bien d’autres. Car suivre le Christ, tout quitter pour l’imiter entraîne nombre d’autres attitudes qu’il est impossible de décrire et de préciser de façon systématique.
Si l’ascète et la vierge sont mus par une volonté de conversion totale, l’engagement explicite à la chasteté leur sert à exprimer cette décision parce que, dans le monde où ils vivent, rien ne peut apparaître plus « révolutionnaire », rien ne peut être un meilleur signe de la transcendance de la vie nouvelle en Jésus-Christ que cette volonté de continence. C’est tout spécialement vrai pour les femmes (or les vierges sont plus nombreuses que leurs émules masculins) : dans l’antiquité, la femme ne peut être que mère, épouse... ou prostituée. Elle se définit tout entière par rapport à l’homme et à la famille. Dans un tel contexte, le vœu de virginité émis par une jeune fille est un geste de refus de toute une société, un geste de rupture radicale, un geste prophétique.
Mais ce serait s’arrêter à mi-chemin dans la course entreprise que de se contenter de poser ce signe. Le renoncement au mariage n’est qu’un premier pas, qui doit être suivi d’un autre, plus décisif et plus difficile : le renoncement aux biens matériels et leur don aux pauvres. Ascètes et vierges visent à pratiquer complètement les préceptes de l’Évangile et les Pères de l’Église sont là pour leur rappeler que ceux-ci ne se limitent pas à la chasteté. Paulin de Nole et son épouse, au IVe siècle, vivaient déjà dans la continence ; voulant aller plus loin dans le renoncement, ils donnent tous leurs biens aux pauvres. Sulpice Sévère, leur contemporain, écrit d’eux à ce propos : « S’étant débarrassés de biens immenses pour suivre le Christ, ils furent presque les seuls, en notre temps, à pratiquer complètement les préceptes de l’Évangile [7] ».
Une forme de l’engagement chrétien
Ceci nous amène tout naturellement à souligner un autre aspect important : l’engagement des ascètes, des vierges et des moines n’a de sens que comme forme de l’engagement chrétien.
Le chrétien des premiers siècles vit au sein d’un monde païen. Il a une conscience aiguë d’être « sauvé », sauvé de ce monde où il allait à sa perte. Il se sent « ressuscité » et cette conscience ne peut que produire en lui le sentiment d’une profonde rupture avec le monde païen. C’est le baptême, mort et résurrection avec le Christ, qui réalise et signifie cette rupture. Engagement chrétien, le baptême est perçu comme un engagement absolu, comportant des ruptures radicales avec le monde : cela peut aller jusqu’au martyre, refus du paganisme, notamment dans ses formes politiques.
À cause de ce caractère radical, le baptême est défini en termes de consécration. Compte tenu de tout l’arrière-plan vétéro-testamentaire, être consacré, c’est être mis à part pour Dieu, être transféré du domaine du monde dans celui de Dieu, lui appartenir, lui devenir même semblable d’une certaine façon. Augustin dit de tout chrétien qu’il est « consacré au nom de Dieu et voué à Dieu (Deo devotus) en tant qu’il meurt au monde pour vivre à Dieu ».
Ce n’est donc pas un effet du hasard que les Pères emploient les mêmes mots (consécration, dévotion) pour désigner la situation des baptisés et celle des ascètes et des vierges. Il y a chez les uns et les autres la même attitude de rupture par rapport au monde. Pour signifier davantage et réaliser leur volonté d’être des baptisés, des consacrés, des « retirés du monde », ils embrassent la voie de la chasteté, signe le plus parlant, à leur époque, de cette rupture avec le monde païen.
Le lien étroit entre l’engagement chrétien et celui des ascètes, des vierges et des moines fait que ceux-ci ne sont nullement considérés comme une espèce à part parmi les fidèles. Pour le traduire dans nos catégories, nous dirions qu’ils demeurent des laïcs (et ceci vaut également pour les moines, qui ne se distinguent des ascètes que par le fait de vivre en communauté sous l’autorité d’un supérieur).
Tandis que les clercs commencent déjà à constituer un ordre de fidèles nettement distincts, ascètes et vierges demeurent des laïcs parmi les autres : nous en avons la preuve dans le fait qu’ils n’occupent aucune place spéciale dans l’église pour le culte eucharistique. A l’époque, cela a une grande signification.
Ascètes et vierges sont des fidèles auxquels Dieu a donné un certain charisme, celui de la virginité, mais ce charisme ne les met point à part du reste des chrétiens, parce que ceux-ci sentent bien que cet appel est dans la ligne de la rupture réalisée par le baptême. Comme l’on connaît une grande variété de charismes, le propos de virginité n’étonne pas et il n’isole pas.
Vers la disparition de la vie consacrée dans le monde
Jusqu’au début du IVe siècle, on ne connaît, dans l’Église, qu’une seule forme de « vie consacrée » (pour employer ce terme moderne, inconnu à l’époque), celle des ascètes et des vierges vivant dans le monde. À partir du IVe siècle, apparaît une autre forme : le monachisme. Celui-ci est en parfaite continuité avec le courant représenté par les ascètes et les vierges. Aux yeux des chrétiens d’alors, le moine retiré au fond du désert, l’ascète ou la vierge qui demeurent en ville sont animés par le même idéal de dépassement d’eux-mêmes et de renoncement à la suite du Christ. Le terme « consécration » s’applique également aux uns et aux autres. Ascètes ou vierges n’apparaissent pas moins « consacrés » que les moines. Ceci prouve qu’à cette époque la vie en communauté et l’obéissance à un supérieur ne semblent nullement indispensables pour qu’il y ait consécration.
Le monachisme est un idéal de dépassement de soi où certains traits sont davantage soulignés : ascèse et pénitence ; recherche de l’union à Dieu dans la contemplation, favorisée par l’isolement au désert, le silence et la solitude ; lutte contre le démon, qu’on va combattre sur son propre terrain [8].
Tout au long du IVe et même encore du Ve siècles, vie consacrée dans le monde et monachisme coexistent, mais ce dernier occupe de plus en plus le devant de la scène. Pour cette raison, il déteint sur la vie consacrée dans le monde, qui va disparaître peu à peu. Au bout de quelques siècles de cette évolution, on ne trouve plus, en Orient comme en Occident, qu’une seule forme de vie consacrée : le monachisme.
Du côté masculin, cette évolution est assez rapide. Les ascètes des villes rejoignent les anachorètes dans leur désert. Ceux qui ne le font pas rentrent tous dans les rangs du clergé, du fait qu’à partir du IVe siècle l’Église d’Occident exige des prêtres mariés la continence dans le mariage. Les ascètes, pratiquant déjà la chasteté, constituent donc des candidats idéaux pour les ordres sacrés. De même, en Orient, à partir du VIe siècle, on n’ordonne plus évêques que des célibataires : les ascètes des villes sont des candidats tout indiqués pour cette charge.
Du côté féminin, la vie des vierges dans le monde se « monialise » peu à peu, sous l’influence d’hommes comme saint Jérôme. Celui-ci exhorte les vierges à vivre comme des ermites dans leurs maisons et à fuir le commerce des autres humains. Lui et d’autres mettent avant tout l’accent sur la sauvegarde de la chasteté et la séparation du monde. Ainsi, Jérôme écrit, à propos d’une vierge romaine qui a visiblement suivi les conseils de son maître spirituel et que celui-ci propose en exemple aux autres vierges :
Enfermée dans l’étroite enceinte d’une unique cellule, elle goûte toute l’immensité du Paradis... Elle se comporte toujours avec tant de modestie, elle garde si bien le secret de sa chambre qu’elle ne met jamais le pied dehors, qu’elle ignore la conversation d’un homme... Si elle va visiter les tombeaux des martyrs, c’est à la hâte et sans se faire voir... La solitude fait ses délices et, dans le tumulte de la ville, elle a trouvé le désert des moines.
En outre, dès le IVe siècle, sous l’influence du monachisme et de maîtres spirituels tels que Jérôme et Ambroise, les vierges commencent à se réunir et à vivre en communauté sous la conduite d’une supérieure. Les évêques encouragent visiblement cette évolution. Des monastères de femmes surgissent ainsi dans la seconde moitié du IVe siècle et au début du Ve siècle en Égypte, en Palestine, en Afrique, en Italie, en Gaule. On y rencontre désormais deux formes de vie : celle, plus ancienne, des vierges « dans le monde » et celle, plus récente, des moniales menant une vie cénobitique et retirée.
Durant plusieurs siècles, les vierges dans le monde subsisteront parallèlement aux moniales, mais elle se feront de plus en plus rares. Le Concile de Carthage de 398 interdit à celles qui n’ont plus leurs parents de vivre seules ou à deux et il les rassemble d’autorité dans un monastère [9]. Trois siècles plus tard, dans le Royaume Franc, le Concile de Verneuil de 755 fait à toutes les vierges un devoir de s’enfermer dans un monastère [10].
La vie consacrée dans le monde va ainsi disparaître durant des siècles, jusqu’aux récentes décisions du Saint-Siège [11] sur les Instituts Séculiers et la consécration des vierges.
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[1] Cf. 1 Co 7,25 (allusion de saint Paul à un groupe (?) de vierges) ; 1 Tm 5, 3-10 (allusion à des veuves se consacrant à Dieu) ; Ac 21,9 (les quatre filles « vierges » du diacre Philippe) ; Clément de Rome, aux Corinthiens, 38,2 : « Que celui qui est chaste dans sa chair ne s’en vante pas, sachant que c’est un autre qui lui accorde (le don) de la continence » (traduction Hemmer, dans Les Pères Apostoliques, II, 81).
[2] Athénagore, Supplique au sujet des chrétiens, 33 (Sources chrétiennes, 3, 161). – Ignace d’Antioche, Lettre à Polycarpe, V, 2 : « Si quelqu’un peut demeurer dans la chasteté en l’honneur de la chair du Seigneur, qu’il demeure dans l’humilité. » – Justin, Première Apologie, XV, 6 : « Beaucoup d’hommes et de femmes instruits dès leur enfance dans la loi du Christ, sont restés purs jusqu’à soixante et soixante-dix ans ; je me flatte de vous en citer des exemples dans toutes les classes » (traduction Pautigny, dans Textes et documents pour l’étude historique du christianisme, 29).
[3] Tertullien (Afrique, début du IIIe siècle) s’exclame : « Que de vierges mariées au Christ » (De resurrectione carnis, c. 61 ; P.L. 2, 884). – Cyprien (Afrique, milieu du IIIe siècle) note : « L’Église fleurit et se réjouit, couronnée par tant de vierges » (De habitu virginum, 3 ; P.L., 4, 443). – Origène (Égypte, milieu du IIIe siècle) décrit l’Église d’Alexandrie comme l’épouse du Christ entourée d’une foule de vierges chastes et pures (In Genesim Homilia III, 6 ; P.G. 12, 181).
[4] Sulpice Sévère : « Consecratio virginitatis » (consécration de la virginité) ; Pseudo-Ambroise : « Virginitati consecratae » (consacrées à la virginité) ; Concile de Carthage de 398 : « Que... les vierges ne soient pas consacrées avant l’âge de 25 ans » (Mansi, III, 880).
[5] Concile d’Elvire (Espagne, début du IVe siècle), canon 13 : « Virgines quae se Deo dedicaverint, si pactum perdiderint virginitatis... » (Les vierges qui se sont dédiées à Dieu, si elles ont ruiné leur engagement de virginité...) (Mansi, II, 8). – Ausone (Bordelais, + 392) : « Virginitati devotae » (vouées à la virginité).
[6] Cf. ci-dessus note 5.
[7] Vie de saint Martin, 25, 4 (Sources chrétiennes, 133, 311).
[8] Dans la culture égyptienne, à laquelle participe l’Église d’Alexandrie où le monachisme naît avec saint Antoine, les puissances du mal viennent du Sud, du désert, de la Nubie ; le démon est surnommé « le petit Nubien ».
[9] « Que les vierges consacrées (virgines sacrae), lorsqu’elles ont perdu les parents qui assuraient leur protection, soient confiées à la diligence de l’évêque..., à un monastère de vierges ou à des dames d’un sérieux éprouvé (gravioribus feminis), pour qu’habitant ensemble elles se protègent mutuellement d’errer çà et là au grand dam de l’estime que l’on porte à l’Église » (Mansi, III, 885).
[10] Cf. Mansi, XII, 581.
[11] Pour les Instituts Séculiers, Constitution apostolique Provida Mater (2 février 1947) et Motu proprio Primo feliciter (12 mars 1948) ; pour la consécration des vierges, promulgation, le 31 mai 1970, du nouveau rituel (dont le n° 3 porte : « On peut admettre à cette consécration soit des moniales, soit des femmes vivant dans le monde »).