Congrès des Chanoinesses régulières de Saint-Augustin
Mère Marie-Bernard
N°1967-1 • Janvier 1967
| P. 51-54 |
La lecture en ligne de l’article est en accès libre.
Pour pouvoir télécharger les fichiers pdf et ePub, merci de vous inscrire gratuitement en tant qu’utilisateur de notre site ou de vous connecter à votre profil.
Le 8 juillet 1966 s’ouvrait à l’Abbaye de St-Trudo à Male-lez-Brages, le premier Congrès des Chanoinesses Régulières de St-Augustin. Il réunissait six Congrégations différentes dont les membres appartenaient à onze nationalités.
Le Révérendissime Abbé Dom Charles Egger, C. R. L., en quelques mots de bienvenue, donnait leur orientation aux réflexions qui devaient se poursuivre toute une semaine : « Repenser notre vie à la lumière de la Charité, car, dans la diversité des langues, une seule voix doit se faire entendre : celle du cœur. »
Le 9 juillet, Mgr De Smedt venait nous parler de la grande espérance soulevée par le mouvement œcuménique, situant celui-ci sur son vrai plan. Aussi, combien sera émouvante la para-liturgie de clôture où une religieuse anglicane mêlera sa voix à celles des déléguées des six Congrégations présentes : Chanoinesses du Latran d’Espagne et d’Italie, Chanoinesses de St-Victor, Chanoinesses de Windesheim-Latran, Chanoinesses du Saint-Sépulcre, Chanoinesses de l’Union Notre-Dame, Chanoinesses Augustines Hospitalières de la Miséricorde de Jésus qui, en neuf langues différentes : français, néerlandais, anglais, allemand, italien, espagnol, slave, rwandais, portugais, proclameront, à l’aide de textes de la Sainte Écriture, le devoir sacré de l’Unité.
Dans ce climat œcuménique et ecclésial, Dom Adrien Nocent, de l’Abbaye de Maredsous, nous a exposé, en quatre conférences, les objectifs de la formation liturgique des religieuses.
Et d’abord, une question se posait : « Y a-t-il lieu d’envisager le problème d’une formation à la liturgie qui regarderait seulement les religieuses ? » « Sommet auquel tend l’action de l’Église et en même temps source d’où découle toute sa vertu », la liturgie appartient à tout le Peuple de Dieu. Tous doivent recevoir une formation liturgique. Et, cependant, la Constitution Lumen Gentium comme le décret Perfectae caritatis permettent de donner à la question une réponse nuancée. Le fidèle du Christ « par la profession des Conseils évangéliques, faite dans l’Église, veut se libérer des surcharges qui pourraient le retirer de sa recherche d’une charité fervente et d’un culte parfait à rendre à Dieu et se consacrer plus intimement au service divin » (L.G., n. 44).
« Le principal office des moines – précise le décret sur le renouveau de la vie religieuse – est l’humble et noble service de la Divine Majesté... soit qu’ils se consacrent, entièrement et de façon exclusive, au culte divin, soit que, légitimement, ils prennent en charge quelque œuvre d’apostolat ou de charité » (n. 9). « La vie en commun sera nourrie de l’Évangile, de la Sainte Liturgie et surtout de l’Eucharistie » (n. 15).
L’objectif central de la formation liturgique est la célébration, mais une célébration, expression liturgique du fait chrétien.
Il faut qu’il y ait députation de l’Église pour qu’il y ait liturgie.
La célébration demande un effort pour aller à la rencontre de l’homme et de Dieu. Nous sommes engagées par la célébration des autres. Toute célébration est, en fait, une co-célébration. Il nous faut donc approfondir la théologie de la Liturgie, prendre conscience que l’acte liturgique situe le chrétien dans le plan du salut et que c’est l’Église qui assume la continuation du Mystère du Christ.
Peut-être sera-t-il bon que nous réfléchissions sur l’unité vitale qui existe entre théologie, liturgie, vie contemplative, vie de charité. Le problème a été soupesé par la Constitution au n. 16, et pour parvenir à cet idéal, la meilleure manière de faire n’est-elle pas de revenir à une culture biblique ?
Nous devons réaliser que la liturgie est, de soi, toujours pastorale : « Gloria Dei est homo vivens » (Saint Irénée). La gloire de Dieu, c’est l’homme qui se transforme. Entre le Christ et nous, il y a une telle parenté que, pour comprendre le Christ, il faut nous comprendre et pour nous comprendre, il faut comprendre le Christ.
Nourrie de ces réflexions, notre liturgie deviendra vraiment une VIE et nous saisirons mieux le bien-fondé de l’affirmation de la Constitution sur la liturgie : « Toute célébration liturgique, en tant qu’œuvre du Christ-Prêtre et de son Corps qui est l’Église, est l’action par excellence dont nulle autre action de l’Église ne peut atteindre l’efficacité au même titre et au même degré » (n. 7).
Le Chanoine van Dijck, O. Praem. de l’Abbaye de Tongerloo, traita de la Vie Canoniale féminine et de la nécessité d’un renouveau dans le cadre de Vatican II Pour cela, il a voulu raviver la conscience des valeurs propres de cette vie canoniale, par une notion plus claire de sa nature et il s’est proposé de faire revivre à nos yeux les dimensions ecclésiales du canonicat régulier.
Juridiquement, de par la législation imposée par le Concile de Trente à toutes les religieuses d’alors, nous sommes moniales, avec les éléments constitutifs de cette institution. Pourtant, beaucoup de Congrégations Canoniales ont été fondées dans un but apostolique.
Après le Concile de Trente, on trouvera donc des moniales qui suivent l’Ordo Monasticus et des moniales qui suivent l’Ordo Canonicus. Mais en quoi consiste, au juste, cet « Ordo Canonicus » ?
Pour répondre à la question, il faut faire un bref historique de la vie canoniale et voir ce qui en constitue l’essence. Elle est née d’un mouvement de réforme, d’une soif de spiritualiser l’Église, vers le XIe siècle et se concrétise dans cette formule de profession d’un Ordre de Chanoines : « Ego, Frater... offerens, trado meipsum ecclesiae... » « Moi, je me livre à l’église particulière à laquelle j’appartiens et, à travers cette église particulière, je suis au service de l’Église universelle. »
L’Idéal du Chanoine sera donc de « bâtir l’Église de Dieu ». Il a la conscience profonde de continuer la mission du Christ qui est : Louange au Père, Charité envers le prochain : Christus, Altare, Caritas.
L’élément primordial de la vie canoniale sera le caractère sacerdotal auquel viendra s’en ajouter un autre : la vie commune : communauté de biens, explicitation de l’esprit de charité fraternelle qui caractérisait l’Église primitive.
Le don à l’Église, unie au Christ comme à son Époux, est don au Christ, et la spiritualité du Chanoine et de la Chanoinesse sera christocentrique.
Mais pour vivre dans cette optique ecclésiale, dans cette union au Christ, il est nécessaire d’avoir une vie intérieure profonde qui sera favorisée par un cadre de vie emprunté, dès l’origine, à la vie monastique : cloître, silence, recueillement, abstinence, habit religieux. Ce cadre permet le déploiement de la vie liturgique qui exige vie de recueillement et d’oraison.
Chaque communauté a un caractère sacerdotal et donc, sa mission particulière sera de célébrer la louange divine, l’Office.
Notre apostolat, lui aussi, doit être action d’Église. Il suppose le don de chacune pour bâtir et témoigner de l’Église dans l’esprit de charité, à l’exemple de la communauté instaurée par St Augustin, en vue de la Rédemption, de la Résurrection, en un mot, du Mystère Pascal : « Christus, Altare, Caritas. » Le sujet des conférences du Révérendissime Dom Hub. Vissers, C. R. L., Abbé du Bouhay, était bien cher à des Chanoinesses : « Vers un renouveau de notre vie consacrée, selon l’esprit de St Augustin et les directives de Vatican II. »
Pour cela, le Révérendissime Père a recherché, en s’appuyant sur des textes, la pensée du grand Docteur au sujet de la vie des différents membres du Peuple de Dieu, au sein de l’Église.
Le Révérendissime Abbé Egger clôtura le Congrès en donnant l’historique des grands courants augustiniens et une magnifique synthèse de la spiritualité canoniale.
Nous ne pouvions nous séparer sans prendre des résolutions pratiques qui concrétiseraient ce que toutes nous désirions, entre autres :
L’érection d’un centre augustinien d’informations et de communications. Une commission composée de membres de chaque Congrégation serait chargée du travail.
La réunion des chanoinesses universitaires dans des pédagogies commîmes où elles pourraient célébrer l’Office choral et s’unir en vie commune.
L’organisation de sessions de formation et de retraites canoniales.
La Confédération de toutes les Chanoinesses Régulières de St-Augustin, dès l’érection des différentes Fédérations de l’Ordre.
Enfin, la réunion d’un prochain Congrès en 1968.
« Ecce quam bonum et quam jucundum habitare ‘sorores’ in unum. »
2, Faubourg St-Michel
56. - Malestroit