Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Chronique d’Écriture Sainte (NT)

Véronique Fabre

N°2014-4 Octobre 2014

| P. 303-311 |

Les livres que les éditeurs ont bien voulu nous envoyer peuvent être regroupés en trois catégories : les évangiles ; les autres écrits néotestamentaires ; des livres généraux.

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Les livres que les éditeurs ont bien voulu nous envoyer peuvent être regroupés en trois catégories : les évangiles ; les autres écrits néotestamentaires ; des livres généraux.

I

À tout seigneur, tout honneur ! Commençons par la Parole de Dieu elle-même, avec une nouvelle édition de la traduction des quatre évangiles par sœur Jeanne d’Arc de 1988 [1]. Il ne s’agit que du texte français, mais disposé selon la traduction bilingue qui collait au texte grec, et accompagné de notes pédagogiques, sans apparat critique. Cette nouvelle réédition montre combien ce bel ouvrage de traduction constitue un précieux outil pour lire les évangiles !

Les évangiles de l’enfance (Mt 1 – 2 et Luc 1 – 2), Récits historiques, mythiques ou symboliques [2]  ? Francis Dumortier, ancien professeur de l’université catholique de Lille, s’inspire du travail de groupes bibliques, pour nous proposer de lire les évangiles de l’enfance en les replaçant dans les littératures gréco-romaines et juives où fleurissaient des vies d’hommes célèbres, souvent divinisés. Il s’agit de prendre un chemin qui assume les doutes et de découvrir sereinement, grâce aux diverses méthodes de lecture exégétique, la beauté et la richesse de ces récits « merveilleux » consacrés à la conception, naissance et enfance de Jésus.

Un petit livre sur le « Sermon sur la Montagne » (Mt 5 – 7) nous est offert par Elian Cuvillier, professeur à la faculté de théologie protestante de Montpellier [3]. Face aux questions sur les destinataires du Sermon et sa praticabilité, l’auteur se propose d’en dégager le défi principal : « ne pas fuir le monde à maints égards inquiétant qui se présente à nous, mais au contraire, le considérer comme le lieu où il est encore possible de vivre d’une confiance et d’une gratuité qui viennent d’un autre lieu que nous-mêmes ». À cette fin, le Sermon est d’abord commenté au plus près, puis sont analysés les béatitudes, les antithèses, et le Notre Père. Enfin est abordée la question du lien entre le Sermon et la non-violence. Une mine !

Enfin, une lecture sémiotique du récit matthéen de la crucifixion de Jésus nous vient de Serge Wüthrich, docteur de l’Institut protestant de théologie de Paris [4]. Dans le premier chapitre, c’est le geste même de la lecture qui est interrogé, ce qui permet de présenter les outils nécessaires à l’analyse textuelle. Suit alors une analyse détaillée du récit matthéen de la mort de Jésus. Finalement, le parcours mortifère de Jésus est transformé en une expérience dans laquelle le sujet meurt au monde et à lui-même pour renaître à un nouvel espace, à un nouveau temps et à une nouvelle identité. C’est à ce prix-là que le Christ peut rejoindre la communauté des disciples. La mort devient le lieu possible d’un sens renouvelé de la vie.

Passons à l’évangile de Marc. Jean-Philippe Fabre, professeur au collège des Bernardins à Paris, publie aux éditions Lessius un ouvrage dont l’objectif est explicite [5] : « S’intéresser non pas simplement aux disciples, mais aux disciples tels que Jésus les veut au-delà du récit » (p. 11). Après une lecture narrative de Mc 1,1– 8,30, l’A. s’intéresse à la section dite « du chemin » (Mc 8,27– 10,52) ; son approche narrative permet de rendre compte de la manière dont Jésus instruit ses disciples et les introduit dans le mystère de sa pâque. Au terme, la guérison de Bartimée (10,46-52) est un médaillon qui récapitule l’ensemble de la trajectoire : l’aveugle qui suit Jésus sur le chemin (10,52) révèle les traits du disciple tel qu’espéré par Jésus. « Le chemin du lecteur disciple n’est finalement qu’effacement devant la personne du Christ qui dépasse les déficiences de celui qui le suit : seul Jésus est capable de porter un témoignage véridique, malgré, voire au cœur de la défaillance de son disciple » (p. 349).

Un ouvrage se penche sur l’altérité homme – femme à la lumière de l’évangile de Luc [6]. Rita Gagné a œuvré de nombreuses années dans le diocèse de Gaspé (Québec) pour l’éducation de la foi des adultes et en pastorale. En fréquentant les personnages du troisième évangile, l’A. a été touchée par la rencontre des hommes et des femmes qui entourent Jésus. Le parcours commence par Zacharie et Élisabeth, Marie et Joseph, Syméon et Anne. Puis permet de contempler Jésus de Nazareth, harmonie réalisée du féminin et du masculin. Enfin, sont réunis Jean-Baptiste et Marie de Magdala, tous deux précurseurs. « À leur lumière, nous tenterons de nous offrir à être, hommes et femmes ensemble, précurseurs du repas de Noces de Dieu avec l’humanité, enfin toute harmonisée dans le Christ » (p. 22).

Un deuxième livre nous propose de lire l’évangile de Luc, comme « l’évangile de la joie [7] ». Pierre Dumoulin, enseignant à l’Institut catholique de la Méditerranée, ne commente pas le texte au fur et à mesure, excepté le Magnificat, mais présente une étude approfondie de thèmes traités par Luc de façon caractéristique : Marie, modèle de la foi, Jésus et les Écritures, les Béatitudes, la suite de Jésus, la prière, l’Esprit saint, la mission, la joie, la miséricorde, la Passion, le chemin. À chaque étape, l’exposé de la révélation évangélique est accompagné d’une application à l’existence chrétienne, le but étant de « comprendre comment la Parole de Dieu s’adresse à chacun et ouvre les portes d’une fantastique espérance » (p. 12).

Nous arrivons à l’évangile de Jean avec une belle moisson : quatre ouvrages. Le premier était très attendu, il s’agit de la première partie du commentaire (Jn 1 – 12) de J. Zumstein, professeur à l’université de Zurich [8]. La seconde partie est parue en 2007 (cf. Vs Cs 80, 2008-4, p. 288), fort utile à tout lecteur du quatrième évangile. Cette fois-ci une ample introduction ouvre le recueil, puis nous retrouvons pour chaque section du texte, une bibliographie, une traduction littérale et le commentaire. Ce dernier se déploie à deux niveaux : le corps du texte se concentre sur l’interprétation suivie des séquences de l’évangile, tandis que les notes offrent des renseignements complémentaires de tous ordres (critique textuelle, informations historiques, littéraires, etc.) ainsi que différentes interprétations. La conclusion placée après chaque péricope synthétise les résultats de l’exégèse qui précède. Un véritable trésor comme en témoignent ces quelques mots : « L’évangile selon saint Jean est d’une grande densité théologique. Il ne livre pas ses secrets au lecteur pressé, mais il réclame une lecture attentive et sans cesse reprise. À celui qui prend le temps de s’approcher de ce monument de la littérature chrétienne primitive, il est donné de découvrir une interprétation de Jésus de Nazareth d’une profondeur, d’une sagacité et d’une originalité extraordinaires » (p. 8).

Un autre commentaire des douze premiers chapitres de l’évangile de Jean nous vient du Canada [9]. André Myre a enseigné à l’université de Montréal ; pour lui, la lecture du quatrième évangile, que l’on présente souvent comme réservé à une élite, invite plutôt à découvrir ce que vivre humainement veut dire. « Selon Jean, il y a deux sortes d’êtres humains : d’un côté, de soi-disant vivants qui, un jour, mourront définitivement puisqu’ils étaient déjà morts en humanité ; et, de l’autre, d’authentiques vivants qui, à travers la mort physique, expérimenteront de vivre encore d’une vie qui est pour toujours. […] Faut choisir son camp » (p. 13). Une introduction conséquente est suivie d’une traduction dans un langage d’aujourd’hui. Puis le commentaire s’appuie sur l’exégèse, tout en prenant ses distances avec elle, pour mieux faire voir l’impact du texte de Jean aujourd’hui, nous explique l’Auteur.

Jean Mansir, dominicain, écrit pour des gens qui, comme lui [10], « ont été ou pourront être éblouis dans leur foi chrétienne par cet ardent et subtil témoignage qu’est l’évangile de Jean, par le personnage troublant et fascinant de Jésus tel qu’il nous le présente » (p. 9). Il a pris le parti de suivre pas à pas le texte de saint Jean de façon à ne pas imposer à l’évangile des cadres théologiques ou littéraires a priori, mais plutôt d’accueillir « quelqu’un que nous essaierons de rencontrer et d’apprendre à connaître » (p. 14).

Enfin, un dernier ouvrage sur l’évangile de Jean [11], sous la plume de Yves-Marie Blanchard, professeur à l’Institut catholique de Paris, s’intitule : L’Église mystère et institution selon le quatrième évangile. Le but n’est pas tourné vers l’amont des textes, mais plutôt « vers l’aval, c’est-à-dire l’exemplarité des figures ecclésiales mises en scène dans le quatrième évangile, quoi qu’il en ait été de leur réalisation effective dans l’espace ecclésial du premier siècle ou début du deuxième » (p. 11). Ainsi, une première partie considère les figures d’autorité au sein de la Communauté johannique, d’abord les figures de Pierre et des Douze, ensuite les personnages nouveaux – masculins et féminins – en commençant par le Disciple bien-aimé. La seconde partie présente les métaphores johanniques de l’Église, les « paraboles » du berger et de la vigne, et l’ensemble des prédispositions énoncées dans les discours testamentaires. La figure de l’Esprit Paraclet apparait comme « clé de voûte d’une ecclésiologie johannique, élaborée dans un contexte de crise, sous-tendant la question lancinante de l’unité » (p. 123). C’est pourquoi le dernier chapitre est consacré à la première épître de saint Jean. Un superbe parcours !

II

Les éditions Cabédita rééditent le livre de Daniel Marguerat paru en 2010 aux éditions du Moulin [12], dans une nouvelle collection dirigée par l’A. : « Parole en liberté ». Un petit livre qui nous fait redécouvrir les enjeux et toute l’actualité des Actes des Apôtres : en proposant son regard à la fois d’historien et de théologien, Luc a tracé des pistes fort stimulantes.

Le célèbre hymne de l’épitre aux Philippiens (2,5-11) fait l’objet du volume 263 de la collection « Lectio divina » des éditions du Cerf, le sixième volume de la famille « Études d’histoire de l’exégèse » [13]. Après une présentation de l’hymne dans son contexte juif et vétérotestamentaire, plusieurs spécialistes exposent son exégèse patristique, moyenâgeuse et protestante. L’hymne est d’abord vu comme une loi d’humilité, puis peu à peu la réflexion théologique s’approfondit, et finalement l’analyse christologique prend le pas, tant chez les protestants que chez les catholiques : le Christ a voilé sa divinité pour assumer l’humanité, telle est sa « kénose ». L’histoire de l’exégèse de cette péricope, trop longtemps méconnue, est du plus grand intérêt.

Venons-en à saint Paul. Aux éditions du Cerf, parait le sixième Commentaire biblique du Nouveau Testament, écrit par Alain Gignac, professeur de l’université de Montréal, sur l’épître aux Romains [14]. Rappelons que l’objectif de ce commentaire est de faire apparaitre la dynamique du texte pris comme ensemble. Après une traduction de travail, la plus littérale possible, où sont abordées aussi les questions de critique textuelle, puis la bibliographie propre du texte étudié, la partie « Interprétation » – destinée à un large public – donne une explication de l’ensemble de chaque péricope en tenant compte de l’articulation du texte. La partie « Notes », plus technique, est destinée à éclairer des points relevant de la philologie ou de l’histoire. Voici donc un outil fort précieux pour lire cette somme théologique qu’est la lettre aux Romains, avec un objectif bien précis proposé par l’A. : « Lire ce qui se donne à penser dans le texte de la lettre, qui porte assurément la trace d’une expérience fondatrice de la foi chrétienne » (p. 68).

La seconde épître aux Corinthiens fait l’objet d’un « Lire la Bible » aux éditions du Cerf [15]. Édouard Cothenet, professeur honoraire de l’Institut catholique de Paris, propose un commentaire centré sur l’exercice du ministère apostolique ; en effet, c’est la seconde épître aux Corinthiens – trop peu remarquée – qui montre le mieux comment Paul a exercé sa tâche de « ministre de la nouvelle Alliance », contrant pied à pied ceux qu’il dénonce comme de « faux apôtres ». Quelques extraits des Homélies de saint Jean Chrysostome ouvrent aussi le regard sur la Tradition. On retiendra la parole sur laquelle s’appuie Paul : Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse (2 Co 12,9).

Signalons la revue Cahiers Évangile, 165, qui se focalise sur Pierre, le premier des apôtres [16]. Sept exégètes renommés présentent successivement la figure de Pierre dans chacun des quatre évangiles, puis Pierre et ses lettres, Pierre du Ier au IVe siècle, et enfin le ministère de Pierre avec une perspective œcuménique. « Au moment où le pape François se présente humblement comme l’évêque de Rome, les Cahiers Évangile ont voulu présenter les pièces bibliques du dossier » (p. 1). Pour comprendre le « ministère de primauté » du successeur de Pierre, une réflexion historique et œcuménique s’imposait, elle vient dans le dernier chapitre.

Un imposant livre sur l’Apocalypse : L’ivresse des nations. Les figures du mal dans l’Apocalypse de Jean [17]. Jacques Descreux, enseignant à l’Université catholique de Lyon, offre le fruit de sa recherche doctorale qui l’a conduit à se demander « pourquoi les visions de l’Apocalypse montrent l’oppression des serviteurs de Dieu en ce monde alors que la critique historique dément que cela corresponde à la réalité de la situation des communautés chrétiennes dans lesquelles l’œuvre a vu le jour » (p. XV). L’A. prône l’articulation des questionnements et des méthodes exégétiques, en se fondant sur l’herméneutique de Paul Ricœur. Après avoir fait la part des conventions génériques et déterminé la situation sociale des Églises auxquelles l’Apocalypse s’adresse, une analyse socio-narratologique des épisodes où interviennent des figures du mal montre comment l’œuvre persuade ses destinataires que plusieurs défis menacent leur foi. Il ressort de l’enquête une véritable radiographie du mal. Le lecteur peut alors percevoir « comment l’Apocalypse pose et élabore théologiquement la question du mal sous l’horizon de la foi pascale et de l’attente de la venue du Ressuscité » (p. 700).

III

Commençons la troisième partie sur les livres généraux avec une véritable somme qui date de 2012, mais qui nous est parvenue récemment : Le Nouveau Testament commenté [18]. Pour la première fois en français, les vingt-sept livres du NT, de l’évangile de Matthieu à l’Apocalypse, sont commentés par des exégètes actuels protestants et catholiques, chacun se chargeant du livre ou des livres dont il est spécialiste. Chaque livre apparait selon la version de la TOB et bénéficie d’une introduction qui situe son milieu historique et donne un résumé de son contenu, et d’une explication suivie au fil du texte. Des notices proposent des informations complémentaires sur le contexte et sur la réception de termes, expressions ou passages significatifs. Cette œuvre imposante est à recommander chaudement en raison de la qualité des commentateurs – bien connus des lecteurs des chroniques du NT de ces dernières années –, mais aussi en raison de l’adage augustinien : Scriptura per scripturam intellegi. Nous pourrions souhaiter une telle initiative pour l’AT : elle est à venir, avec un autre support, en provenance de Jérusalem… En attendant, un grand merci pour ce bel outil !

Un livre en deux volumes nous offre le fruit de l’enseignement dispensé de longues années à Paris par le P. Thomas Kowalski († 2003 [19]). Antoine Baron, l’un de ses émules, présente une vaste étude scripturaire et spirituelle du baptême de Jean (I) et du baptême de Jésus (II). Le premier tome commence avec l’analyse du contexte religieux juif à la fin du Premier Testament, et se poursuit avec la présentation des différentes étapes du ministère de Jean-Baptiste, de son message de conversion, de la signification du baptême d’eau. Ainsi est-il possible de comprendre le ministère de Jésus qui commence par recevoir lui-même le baptême de Jean. Le second tome nous présente ce baptême de Jésus comme onction messianique, révélation de son identité profonde de Fils de Dieu, envoi en mission de salut, invitation faite aux hommes à écouter et suivre sa voix. Un beau parcours qui montre à quel point judaïsme et christianisme sont intimement liés.

Signalons l’enregistrement du livre – déjà épuisé – de Roland Meynet : Selon les Écritures [20]. Comme indiqué dans notre recension de l’ouvrage (cf. Vs Cs 76, 2004-4, p. 276), il s’agit d’une lecture figurative (ou typologique) de la Pâque de Jésus qui approfondit notre perception du mystère pascal. Joie d’entendre l’auteur nous livrer lui-même cette lecture si nourrissante qui est encadrée d’un entretien avec l’A. et par deux articles fondamentaux de Paul Beauchamp sur l’accomplissement et la typologie.

Anne Soupa, bibliste qui fut rédactrice en chef du magazine Biblia, écrit un ouvrage sur Douze femmes dans la vie de Jésus [21] : les femmes au matin de Pâques, Marie, Élisabeth, Anne, la Samaritaine, la femme adultère, la fille de Jaïre et la femme hémoroïsse, la pécheresse chez Simon, la Cananéenne, la veuve aux deux piécettes, Marthe et Marie, Marie de Magdala. Ces douze visages de foi, disciples bien-aimées de Jésus dessinent déjà la silhouette d’une Église toute tournée vers son Seigneur. « Les femmes ont été les premières à comprendre que la Bonne Nouvelle n’est ni la sauvegarde de sa santé, ni une affaire théologique savante, ni une puissance mondaine, mais quelqu’un capable de satisfaire leur soif d’un au-delà. […] Là est l’essentiel du projet de ces pages : voir l’une puis l’autre de ces femmes, mais aussi Jésus, se fortifier au contact de l’autre, se mettre debout, en état de “marcher sa vie” dans une assurance retrouvée et dans la vraie liberté des enfants de Dieu » (pp. 8-9).

Après les femmes, les inconnus de l’Évangile [22] ! Jean Aubrun fut moine à l’abbaye de Ligugé, et a publié en 1995 un petit livre : Les oubliés de l’Évangile, constitué de portraits savoureux, à la fois humoristiques et spirituels, de personnages secondaires. Après sa mort, d’autres portraits furent retrouvés et sont publiés ici, et présentés par le P. Jean-Pierre Longeat qui fut son abbé. Ainsi se régale-t-on avec les hôteliers de Bethléem, Monsieur et Madame Zébédée, le bon et le pas trop mauvais larron, etc.

Concluons avec deux ouvrages plus généraux sur l’ensemble de la Bible. Le premier rassemble les principales communications du symposium du RRENAB (Réseau de recherches en narratologie) qui eut lieu en mai 2011 à Ottawa [23]. Le thème choisi était : « Raconter Dieu : entre récit, histoire et théologie » et une place privilégiée fut donnée aux dialogues interdisciplinaires, entre narratologie, historiographie et théologie. Plutôt que d’énumérer les essais proposés, voici les questions qui les alimentent : comment la Bible raconte-t-elle Dieu ? Celui-ci est-il, dans le monde du récit, un personnage semblable à tous les autres, le protagoniste d’une fable ou d’un récit de l’histoire ? Sait-il tout ? Peut-il tout ? Peut-il endurcir le cœur de Pharaon au point de le priver de sa liberté ? Comment la liberté de Dieu s’articule-t-elle à celle des hommes ? Juste pour mettre l’eau à la bouche, relevons la troisième conférence de Françoise Mirguet de l’Arizona State University, intitulée : « Dieu et l’art de (le) raconter ou comment en finir avec le narrateur omniscient ». Voici ses derniers mots : « En conclusion, cette représentation de l’humain et du divin dans le Pentateuque ne me semble guère nécessiter ce narrateur omniscient dont l’autorité dépendrait de son “couplage” avec un point de vue divin. L’autorité du récit semble plutôt venir de la parole humaine qui porte et transmet le récit, et de la chaîne de transmission ainsi formée. La voix est bien humaine, mais cela n’enlève rien à son autorité. Je préfère donc lire le récit biblique non seulement comme un récit humain sur le divin, mais aussi comme une invitation à la parole humaine, une invitation, entre autres, à transmettre, raconter et interpréter la parole divine qu’elle rapporte » (p. 73).

Le second ouvrage général a pour titre : Quand la Bible parle de pardon [24]. Pour Arthur Buekens, animateur de groupes bibliques, « la question du pardon est une question à la fois urgente et prégnante, tant dans ses dimensions individuelles que collectives, entre personnes et entre continents. Celle de la reconnaissance des erreurs, errements et autres fautes aussi » (p. 10). L’ouvrage cherche à éclairer la compréhension et la recherche permanente du pardon que nous sommes invités à vivre. Après une rapide traversée biblique concernant la notion de péché, l’A. propose une relecture attentive de quelques textes qui lui paraissent offrir de sérieuses pistes de réflexion pour aujourd’hui, et conclut par une nouvelle traversée biblique à propos des chemins de libération. Chaque chapitre se termine par quelques « questions pour des croyants d’aujourd’hui ». Une belle invitation à recevoir toujours davantage la grâce du pardon !

[1Évangile selon Matthieu, présentation, traduction et notes par Sœur Jeanne d’Arc, o.p., coll. « Les Évangiles », Paris, Desclée de Brouwer, 2013, 14 × 21 cm, 214 p. 11,00 €. Évangile selon Marc, 150 p. 11,00 €. Évangile selon Luc, 242 p. 11,00 €. Évangile selon Jean, 174 p. 11,00 €.

[2F. Dumortier, Les évangiles de l’enfance (Mt 1 – 2 et Luc 1 – 2), Récits historique, mythiques ou symboliques ? Villeurbane, Golias, 2014, 13 × 20 cm, 240 p., 14,00 €.

[3E. Cuvillier, Le Sermon sur la montagne (Mt 5 – 7). Vivre la confiance et la gratuité, coll. « Parole en liberté », Divonne-les-Bains, Cabédita, 2013, 15 × 22 cm, 96 p., 16,00 €.

[4S. Wüthrich, Naître de mourir. La crucifixion de Jésus dans l’Évangile de Matthieu. Lecture sémiotique, coll. « Lectio divina » 259, Paris, Cerf, 2013, 13,5 × 21,5 cm, 192 p., 18,00 €.

[5J.-Ph. Fabre, Le disciple selon Jésus. Le chemin vers Jérusalem dans l’évangile de Marc, coll. « Le livre et le rouleau » 45, Bruxelles, Lessius, 2014, 15,5 × 23 cm, 376 p., 29,50 €.

[6R. Gagné, Homme et femme. À la lumière de l’évangile de Luc, Montréal, Médiaspaul, 2013, 13 × 19 cm, 160 p., 20,80 €.

[7P. Dumoulin, Luc, l’évangile de la joie, Nouan-le-Fuzelier, Éditions des Béatitudes, 2013, 13,5 × 21 cm, 224 p., 14,50 €.

[8J. Zumstein, L’évangile selon saint Jean (1 – 12), coll. « commentaire du Nouveau Testament IVa, deuxième série, Genève, Labor et Fides, 2014, 17,5 × 23,5 cm, 424 p., 45,00 €.

[9A. Myre, « Crois-tu ça ? » Un commentaire contemporain de l’Évangile de Jean, Montréal, Novalis, 2013, 14,5 × 19 cm, 504 p., 26,00 €.

[10J. Mansir, « Je suis » : l’identité de Jésus, Fils de l’Homme et Fils de Dieu, selon l’évangile de Jean, coll. « Épiphanie », Cerf, 2013, 13,5 × 19,5 cm, 320 p., 24,00 €.

[11Y.-M. Blanchard, L’Église mystère et institution selon le quatrième évangile, coll. « Théologie à l’université » 26, Paris, DDB, 2013, 15 × 23,5 cm, 240 p., 23,00 €.

[12D. Marguerat, Un admirable christianisme. Relire les Actes des Apôtres, coll. « Parole en liberté », Divonne-les-Bains, Cabédita, 2013, 15 × 22 cm, 96 p., 16,00 €.

[13M. Arnold, G. Dahan, A. Noblesse-rocher (dir.), Philippiens 2, 5-11. La kénose du Christ, coll. « Lectio divina » 263, Paris, Cerf, 2013, 13,5 × 21,5 cm, 176 p., 19,00 €.

[14A. Gignac, L’épître aux Romains, coll. « Commentaire biblique : Nouveau Testament », 6, Paris, Cerf, 2014, 15,5 × 23 cm, 656 p., 54,00 €.

[15É. Cothenet, Paul, serviteur de la nouvelle Alliance selon la seconde épître aux Corinthiens, coll. « Lire la Bible » 181, Paris, Cerf, 2013, 13,5 × 21,5 cm, 128 p., 17,00 €.

[16M. Berder et alii, Pierre, le premier des apôtres, coll. « Cahiers Évangile » 165, Paris, Cerf, 2013, 18 × 19 cm, 72 p., 9,00 €.

[17J. Descreux, L’ivresse des nations. Les figures du mal dans l’Apocalypse de Jean, coll. « Biblical Tools and Studies » 17, Louvain, Peeters, 2013, 17 × 24,5 cm, 704 p., 92,00 €.

[18C. Focant et D. Marguerat (dir.), Le Nouveau Testament commenté. Texte intégral, traduction œcuménique de la Bible, Montrouge/Genève, Bayard/Labor et Fides, 2012, 16 × 19,5 cm, 1248 p., 34,90 €.

[19A. Baron, Aux origines du rite baptismal, le baptême de Jean (vol. 1), Paris, Mediaspaul, 2014, 14 × 21 cm, 136 p., 13,00 € ; Le baptême de Jésus (vol. 2), 136 p., 13,00 €.

[20R. Meynet, Selon les Écritures, lu par l’auteur CD MP3 « Dire la Parole », Le Coudray-Macouard (Fr.), Saint-Léger Productions, durée totale 7 heures, 2013 pour la version sonore, 20,00 €.

[21A. Soupa, Douze femmes dans la vie de Jésus, Paris, Salvator, 2014, 14 × 21 cm, 252 p., 20,00 €.

[22J. Aubrun, Les inconnus de l’Évangile. Ces femmes, ces hommes, ces enfants que Jésus a croisés, Paris, Médiaspaul, 2014, 11 × 18 cm, 152 p., 15,00 €.

[23Chr. Dionne et Y. Mathieu, Raconter Dieu. Entre récit, histoire et théologie, coll. « Le livre et le rouleau » 44, Bruxelles, Lessius, 2014, 14,5 × 20,5 cm, 208 p., 19,50 €.

[24A. Buekens, Quand la Bible parle de pardon, Namur, Fidélité, 2013, 13,5 × 20,5 cm, 144 p., 10,95 €.

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