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S’en sortir avec les religieux au caractère difficile

Jeffrey Mickler, s.s.p.

N°2011-1 Janvier 2011

| P. 65-74 |

Sur ce mode humoristique qui n’empêche pas la sagacité, un ancien provincial trace le portrait de quelques types de religieux difficiles que nous reconnaîtrons peut-être ; et il nous en propose, de plus, une sorte de mode d’emploi – non sans terminer par ces personnes difficiles que nous sommes, aux yeux des autres, nous aussi…

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En tapant les mots « difficult people » (personnes difficiles) sur Google, j’ai trouvé instantanément deux cents millions de sites… Les chefs d’entreprises, les propriétaires et les employés cherchent tous des réponses pour tenter de s’en sortir avec les gens difficiles à fréquenter. La comédie de 1980 « Nine to five » traite de la vengeance de trois employées contre leur patron machiste. Dans la vie réelle, cependant, la vengeance n’est jamais une solution et avoir affaire avec des personnes difficiles n’est jamais vraiment amusant. C’est pourquoi il y a des livres comme celui de Sandra A. Crowe « Since strangling Isn’t an Option » (« Puisque étrangler n’est pas possible »). Les personnes difficiles découragent l’enthousiasme des autres et pompent la vie des organisations, comme le suggère le titre « Working with you is Killing Me » (« Travailler avec vous me tue ») de Catherine Crowley et Kathi Elster [1].

Avoir affaire avec des gens difficiles au travail est une chose. Vivre avec eux dans une communauté religieuse augmente le défi. Bien que nous puissions tous être insupportables par moments, certains religieux le sont de façon chronique, quand ils ne sont pas carrément hostiles. Le Père A. Poulain s.j., dans son livre classique du 19e siècle sur les grâces d’oraison, décrivait déjà un type de religieux difficiles :

« Une autre épreuve… est vivre avec une personne irritable qui trouve des défauts à propos de tout et ne dit jamais un mot agréable… Ces caractères difficiles ont souvent la réputation d’être très aimables à l’extérieur parce qu’ils sont remplis d’attention pour ceux dont ils ont besoin ou ceux qui ne permettraient pas eux-mêmes qu’on les tyrannise.
Ces natures nerveuses peuvent être comparées à des torpilles à cause des accusations qu’ils décochent vers ceux qui les approchent. Il est impossible d’arranger quelque affaire avec eux clairement et tranquillement. Par-dessus tout, ne laissez personne essayer de s’excuser si ils l’accusent de n’importe quoi ou essayer de leur prouver qu’ils se trompent… Le volcan sera alors en pleine éruption. De tels esprits ne seront jamais dans l’erreur. Eux seuls sont dotés d’un jugement solide.
Ces comportements montrent… un grave manque de charité. En communauté, les caractères de cette nature rendent la vie vraiment difficile aux autres et sont parfois la cause d’abandons de vocations ».

Le P. Stephen Rossetti, de l’Institut Saint Luc à Silver Spring (Maryland), dans une conférence enregistrée « Spirituality of Christian Leadership » (« Spiritualité du leadership chrétien »), décrit ces personnes comme souffrant, « de façon chronique, d’un comportement social détérioré ». Ces individus ont « une approche rigide et inadaptée de la rencontre avec autrui ». Où qu’ils se trouvent, ils divisent et perturbent la communauté. Leur charme naturel les assure d’avoir quelques supporters, mais leur courroux contre le monde, parce qu’il ne tourne pas autour de leurs besoins, les rend impossibles à vivre. Quand ils sont confrontés par l’autorité à une longue liste de plaintes à leur égard, ces gens blâment les autres et sont incapables de saisir qu’eux-mêmes ont causé quelque problème que ce soit. Le père Rossetti souligne qu’ils ont une personnalité narcissique. Lorsqu’ils sont confrontés aux autres, ils explosent dans une rage qui envoie des ondes de choc à travers toute la communauté [2]. Quelques-uns finissent par vivre dans leur propre appartement parce que les provinciaux ne peuvent trouver de communauté acceptant de tolérer leur comportement corrosif.

Rossetti affirme que les chances de les changer pour un mieux sont extrêmement minces. Les thérapies traditionnelles se sont montrées inefficaces. Il conseille de donner à de telles personnes une évaluation franche, avec des directives strictes et claires pour leur comportement. Les supérieurs doivent être compatissants, mais aussi, fermes. L’autorité a la responsabilité de faire tout ce qui est en son pouvoir pour les empêcher de terroriser la communauté et de fouler aux pieds les gens.

La position de Rossetti sur l’utilité limitée des thérapies pour faire évoluer de telles personnalités correspond à l’évaluation de Poulain au 19e siècle : « J’ai vu des personnes très religieuses essayer de soigner elles-mêmes leur irritabilité. Elles ont été incapables d’y arriver… Je pense qu’un miracle est requis pour surmonter un tel tempérament » [3].

Sean Sammon, des Frères Maristes, a effectué des recherches approfondies sur la façon d’approcher les personnes difficiles. En schématisant les travaux de Robert M. Bramson, Charles J. Keating, Robert L. Veninga et James P. Spradley, il a développé une approche pragmatique et efficace qui est présentée sur les cassettes de la Maison Saint Paul d’Alba, « Affronter la personne très difficile » [4]. Comme Poulain et Rossetti, Sammon reconnaît que les efforts pour changer les personnes vraiment difficiles sont stériles pour l’essentiel. Il suggère cependant des voies pour nous changer nous-mêmes en vue de mieux nous en sortir avec elles. Il énumère sept types de caractères difficiles. Les trois premiers types sont qualifiés d’« hostiles-agressifs » [5] : il y a les « chars d’assaut », les « snipers » et les « explosifs ».

Les « chars d’assaut » sont convaincus de leurs idées et dominent les réunions en écartant les suggestions des autres. Ils présentent leurs propres idées comme les seules raisonnables, les seules qui fonctionneront et que doit adopter la communauté ou le comité. Ils qualifient les autres approches de « stupides », de « pertes de temps » ou de « ridicules ». Sammon suggère de rencontrer le « char d’assaut » avec force et calme. Quand le « char d’assaut » commence à chambouler la réflexion en communauté, le président devrait le laisser faire pendant un moment, mais ensuite intervenir de façon abrupte : « Cela suffit à présent, nous avons entendu tes objections. Maintenant, nous avons besoin des éléments valables que peuvent donner les autres ». Le « char d’assaut » voudra très certainement ajouter quelques nouvelles objections jusqu’à ce que le président ou l’animateur l’interrompe : « nous nous occuperons de ces objections et en discuterons au fur et à mesure de l’avancement de la discussion ! ». Les participants, animateurs et supérieurs ont besoin de se positionner eux-mêmes face au « char d’assaut », en exposant clairement leurs positions, sans s’incliner, mais en évitant le conflit. Les individus hostiles et agressifs « gagnent » presque toujours dans un conflit, mais les « chars d’assaut » respectent habituellement la fermeté. Ils ont souvent des points de vue intéressants dont la communauté peut bénéficier. C’est leur façon de se comporter qui rend difficile pour la communauté de considérer loyalement et objectivement leur apport.

Les « snipers » feront des remarques qui sont à peine audibles par la personne visée. Ces remarques sont mordantes et sarcastiques et la victime est supposée en rire. Mais il ne s’agit pas ici de plaisanteries de bon aloi. Ignorer ou rire des remarques d’un « sniper » encourage les comportements inadaptés. Sammon conseille de s’affirmer face aux « snipers » en leur demandant ce que signifie réellement leurs remarques. Il leur faudra alors soit reculer, soit expliquer exactement ce qu’ils veulent dire. S’ils expliquent la remarque, elle devrait être évaluée d’une façon non défensive.

Les « explosifs » se mettent en colère quand ils se sentent frustrés et psychologiquement menacés. Souvent le groupe ou son leader sont pris par surprise et ne peuvent se figurer exactement ce qui a provoqué l’explosion. Ces éclats, selon le Frère Sammon, sont des « crises de colère adultes ». Il les compare encore à des convulsions. Il dit qu’on devrait laisser aller l’éclat jusqu’à ce qu’il décroisse et ensuite, intervenir avec une déclaration qui rassure celui qui explose ainsi et l’aide à sauver la face. Des paroles comme celles-ci peuvent être utilisées : « Je vois que tu es bouleversé et concerné par cette matière et je suis aussi dérangé que toi. Il est important que nous allions jusqu’au fond de la situation ». Dans le cas d’une réunion en groupe, l’animateur peut proposer de prendre quelques minutes de pause avant de continuer. Si une intervention respectueuse et ad rem n’a pas lieu, les « explosifs » produisent habituellement une déclaration du genre : « vous ne savez pas ce que vous faites ! je suis le seul à me soucier de la situation ! je suis fatigué d’avoir à faire avec une telle absurdité ! ». Ils peuvent alors sortir de la salle en coup de vent laissant le groupe abasourdi, frustré et irrité. Sammon croit que ce type de personnes provoque plus de réactions violentes et hostiles dans la communauté que les autres. Il presse ceux qui sont concernés de traiter de tels individus de façon égale en toute circonstance. Les « snipers », les « explosifs » et les « chars d’assaut » peuvent faire leurs pires dégâts dans la cuisine, le réfectoire ou le salon TV.

Une situation frustrante pour une communauté – que Sammon n’évoque pas – arrive aussi lorsque une personne hostile-agressive commet un impair durant la prière commune. Peut-être la pire sortie prendra-t-elle place dans la célébration eucharistique. Un religieux-prêtre du type « char d’assaut » peut utiliser l’homélie pour imposer ses idées à la communauté. Au sujet de l’homélie, les « snipers » qui concélèbrent peuvent également faire une remarque narquoise juste assez audible pour les autres concélébrants et éventuellement le premier rang de l’assemblée. Un jour, alors que les concélébrants sortaient en procession de la cathédrale après l’installation d’un évêque, j’ai entendu un prêtre décréter : « si son homélie est une indication de la qualité de son leadership, nous aurons bien du mal ». Les paroles étaient assez fortement dites pour que de nombreux prêtres entendent, ainsi que quelques laïcs dans la nef. La situation rendait cette remarque particulièrement inappropriée. Ma pensée fut « Dieu ait pitié de l’âme de ce pauvre évêque ! ». Les « explosifs », eux, peuvent crier depuis l’autel, si les parents n’emmènent pas immédiatement un enfant qui pleure. Ces manières de faire sont particulièrement difficiles à traiter parce qu’il n’y a aucun moyen de corriger l’impair durant la liturgie.

Tous ces comportements, selon le Frère Sammon, nécessitent une réponse rapide, ferme et calme. La communauté a besoin d’avancer dans sa tâche du moment et d’accomplir sa mission. Sammon insiste sur le fait que les comportements compliqués des personnes hostiles-agressives ne constituent qu’un aspect de leur vie. Ils apportent des contributions précises et ont de grandes choses à offrir à la communauté. Leur comportement mal adapté, cependant, est un obstacle à leur apport positif et le sape. Sammon souligne bien à propos qu’ils ne peuvent saisir qu’ils s’aliènent leurs pairs par leurs dramatisations. En traitant les personnes difficiles avec une force tranquille, les communautés se rendent capables de faire un usage positif de leur talent, tout en prévenant le terrorisme. Sammon met l’accent sur le maintien d’une attitude amicale avec eux, quoiqu’il en soit de leur tentatives de renverser le groupe, de tirer sur des individus ou d’emporter les gens dans leurs colères.

Les plaintifs chroniques

Sammon observe encore que les « plaintifs » ont rarement quelque chose de bon à dire à propos du leadership, de la communauté ou de sa mission. Ils ont tendance à décourager les gens et à saper le dynamisme du groupe. Ils se sentent impuissants et rendent les autres responsables de leur propre tristesse. Ils gémissent en disant que personne ne prend une décision, que le gouvernement de la communauté est horrible, et d’autres remarques semblables. Ils épuisent l’énergie des autres et ne se sentent aucune responsabilité personnelle pour quoi que ce soit. Ils ne sont pas de ceux qui résolvent les problèmes. Ils tendent à parler par absolus : « tu ne réponds jamais au téléphone » ; ou « il est toujours en retard ». Sammon suggère d’aborder ce profil en les écoutant attentivement. Nous avons tendance à ne pas les écouter ; or écouter fournit une opportunité aux plaintifs pour relâcher la pression et diminuer leur sentiment d’impuissance. En écoutant, nous pouvons faire cesser les sentiments d’isolement de ces personnes. De plus, en étant attentifs à ce qu’elles disent, nous pouvons obtenir des informations importantes et utiles.

Il faut cependant interrompre à des moments-clés. Nous devons en rester aux choses spécifiques et empêcher de dériver vers le général : « quand exactement quelqu’un a-t-il manqué de te répondre ? » ; « quelles sont les circonstances qui ont conduit un tel à être en retard ? » ; « que pouvons nous faire concrètement pour améliorer la situation ? ». Il est important de montrer aux pleurnicheurs chroniques qu’ils ont des possibilités et peuvent faire la différence pour que la communauté avance. Quand on traite avec eux, les situations à résoudre et les problèmes spécifiques doivent être présentés et les questions appropriées, posées. Cela demande de travailler et de s’affronter au problème dans la durée. Sammon suggère de donner aux plaintifs des tâches limitées à accomplir, comme de faire un compte-rendu des doléances spécifiques lorsqu’elles surviennent, de sorte que la personne en responsabilité puisse les traiter positivement à un moment donné. Sammon recommande également de ne pas accueillir les attaques personnelles de la part de plaintifs chroniques. Il faut leur dire d’adresser directement leurs remarques aux personnes concernées. Mais une offre de médiation peut parfois être faite, avec toutes les parties en cause.

Les négativistes

Ressemblant aux plaintifs chroniques (ce sont parfois les mêmes personnes), il y a ce que Sammon appelle les « négativistes ». Ce sont les rabat-joie classiques : « on ne peut rien faire » ; « ne gaspillez pas votre temps » ; « nous avons essayé l’an passé » ; « nous n’avons pas le personnel adéquat ». Ces négativistes peuvent affecter tout le groupe. Comme les plaintifs chroniques, ils sentent qu’ils ont peu de pouvoir sur leur propre vie. Ils peuvent avoir été incapables de traverser les premières déceptions de la vie. Pour les aborder, Sammon recommande instamment les points suivants : (1) évitez de vous embourber dans leur point de vue ; (2) déclarez votre propre optimisme, par exemple : « je pense que nous avons les ressources adéquates » ; (3) n’argumentez pas ; (4) ne vous précipitez pas avec des réponses à leur objections car ils objecteront également à celles-ci ; (5) demandez-leur : « quelle est la pire chose qui puisse nous arriver ? » ; (6) écoutez positivement, attendant d’entendre l’une ou l’autre chose valide ; (7) soyez préparés à avancer sans eux. Après avoir écouté tout le négatif, répondez avec quelque chose comme : « je sens réellement que nous avons ce qu’il faut pour lancer ce projet. Qui est avec moi ? »

Les religieux silencieux et sans répondant

Certaines personnes sont simplement taciturnes. Quant elles ont quelque chose à dire, elles le disent. Les personnes silencieuses et non répondantes, cependant, sont différentes. Elles refusent tout simplement de donner à la communauté et aux supérieurs des réactions sur des choses vraiment importantes. Elles sont motivées généralement par la peur ou le ressentiment. Interrogées sur une situation dans laquelle elles sont impliquées, elles peuvent avoir peur de sembler ridicules ou incompétentes et par conséquent, choisissent de ne rien dire ; le silence est leur façon d’éviter une situation inconfortable. Cependant, cela peut être aussi une expression d’agression calculée et de rancœur. Pour traiter avec ces personnes, la tâche principale est de les amener à s’ouvrir. On peut par exemple poser des questions auxquelles il n’est pas possible de répondre simplement par oui ou par non.

Les animateurs ou les supérieurs doivent s’attendre à de longs temps de silence en gardant résolument un regard amical et engageant. Restez détendu. Ne leur dites pas ce que vous pensez qu’ils ressentent, et n’essayez pas de deviner tout haut pourquoi ils refusent de répondre. Vous pouvez cependant exprimer comment vous voyez les choses de votre propre point de vue : « il apparaît que nous avons une difficulté ici et j’ai l’impression que tu ne te sens pas capable de répondre à ma question » ; ou « tu me sembles stressé et mal à l’aise avec ma question ». Vous pouvez peut-être dire aussi : « y a-t-il quelque chose à propos de quoi je peux t’aider, pour éclaircir le problème ? ». Vous ne devez pas vouloir jouer au grand inquisiteur, mais plutôt apparaître comme un compagnon en vie religieuse qui ressent le besoin de savoir ce que la personne silencieuse ou sans répondant est en train de vivre et de subir. Vous ne cherchez pas à gagner une discussion avec elle ou à la blâmer, mais simplement vous voulez l’aider à s’ouvrir. Si elle ne dit rien, excepté « puis-je partir, maintenant ? », vous pouvez lui rétorquer : « la réponse à la question que je t’ai posée est importante pour moi et nous n’avons pas fini ». Vous devriez dire cela gentiment, mais fermement. En cas de silence persistant, les supérieurs peuvent esquisser une procédure ayant pour but de répondre à la question posée. A ce moment, la personne taiseuse peut réagir très négativement, mais cette réaction constitue alors l’ouverture espérée.

Les superagréables

Certains religieux ont besoin d’être appréciés et aimés par tout le monde. Il disent toujours oui et essaient de plaire aux autres. Ils peuvent finalement se mettre les gens à dos, car ils font plus de promesses qu’ils ne peuvent en tenir ; il se peut qu’ils ne parviennent à finir aucun projet. Avec ceux là, Sammon met l’accent sur une franchise non menaçante. Faites clairement savoir qu’il est parfaitement acceptable de ne pas être d’accord et de dire non. Ne les laissez pas accepter des engagements irréalisables. Aidez-les à apprendre à se donner des limites. La façon d’apprendre ce que ces « superagréables » ressentent et pensent réellement est d’écouter attentivement leur humour et leurs blagues. C’est souvent la seule voie par laquelle ils peuvent aisément exprimer des attitudes et des sentiments négatifs.

Au-delà de la simple gestion

Les religieux hostiles-agressifs et passifs-agressifs peuvent être comparés aux grains de sable qui se logent dans les coquilles d’huître. La sécrétion du coquillage enveloppe le grain de sable et la transforme finalement en perles. Les saints nous avertissent que la vie communautaire est une croix difficile à porter. Nous la portons parce que cela nous apprend la dure leçon d’aimer ceux qui ne semblent pas avoir de respect et d’amour pour nous. Je pense à Thérèse de Lisieux. A sa mort, une de ses consœurs, peut-être un « sniper » chronique, remarqua : « qu’est-ce que la Mère prieure va dire aux funérailles ? Thérèse n’a jamais rien fait ». La seule chose qu’elle a fait était d’aimer les « plaintives chroniques », les « snipers », les « explosives », les « chars d’assaut » et autres cas difficiles qui faisaient partie de sa communauté. De cette manière, elle est devenue un guide respecté de sa communauté, une des saintes les plus aimées, la patronne des missions et un docteur de l’Église. Avant de gérer les personnalités difficiles, nous devons apprendre à les aimer. Alors, ceux qui nous trouvent fort difficiles à vivre nous aimeront peut-être autant, en dépit de tout.

[1New York, Perigree/Penguin/Putman, 1999 ; Warner Business Books, 2006. (L’auteur donne aussi d’autres références, propres aux U.S.A. ; d’une manière générale, nous avons simplifié l’annotation, N.D.L.R.)

[2S. Rossetti, The Spirituality of Leadership, Alba House, 1ère cassette, face 2.

[3A. Poulain, o.c., p. 409.

[4Robert M. Bramson, Coping with Difficult People, New York, Doubleday/Dell, 1988. Voir aussi Sean Sammon, fms, Coping with the Genuinely Difficult Person (2 heures, 3 audiocassettes, Canfield, Ohio, Alba House Communications, 1988.

[5Les autres seront des « passifs-agressifs », voir plus loin (N.D.L.R.).

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