Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.
Connue de nos lecteurs pour sa plume de biographe, l’auteure met à profit sa connaissance native de l’allemand pour s’intéresser, via la correspondance conservée, aux relations d’amour de la grande Carmélite – un visage personnel apparaît ici, qui ne s’exprime nulle part ailleurs avec cette fraîcheur et dans cette vulnérabilité.
Née à Lausanne, pharmacienne, docteur ès lettres et licenciée en théologie, Sophie Binggeli, dont le doctorat européen a porté sur sainte Edith Stein, appartient au cercle restreint des connaisseurs chargés de la traduction en français de son œuvre. Membre d’un institut séculier, elle enseigne la théologie à Paris, notamment à la Faculté Notre-Dame du Collège des Bernardins. La partie de l’entretien consacrée au commentaire de l’œuvre de Bert Gerresheim, à Cologne (Mémorial Edith Stein) est accessible en vidéo (cliquez ici !).
Déjà croisée comme archiviste de l’ordre du Carmel en Belgique, sœur Christiane Meres, luxembourgeoise de Bruxelles, nous livre une autre facette de son talent, en nous invitant à la rencontre de deux femmes émouvantes ; leur trajectoire s’éclaire d’une troisième, à l’ombre de la Croix.
Sur la somptueuse question des relations de Gertrud von Le Fort avec Édith Stein (eu égard notamment au Dialogue des Carmélites), l’un des heureux traducteurs des œuvres allemandes de la sainte Carmélite nous livre ici l’étude décisive, du point de vue historique, certes ; mais il nous montre aussi l’étonnante rencontre, dans la « nuit allemande », de deux très hautes destinées spirituelles qui ne cessent de nous inspirer.
On n’a peut-être pas encore remarqué la « doctrine » de Sœur Bénédicte de la Croix à propos des vœux religieux. L’auteur nous la propose, à partir des traductions nouvelles de l’œuvre, dont de larges extraits nous sont ainsi offerts. La vie religieuse est entendue par Édith Stein comme vocation, les conseils évangéliques comme signes de consécration, la chasteté, comme virginité, la pauvreté comme libération, et par dessus tout, l’obéissance, comme configuration au Christ, parce que, en définitive, la Trinité est le modèle de la vie des vœux. Un enseignement dont l’actualité n’a pas fini de nous impressionner.
L’auteur de l’ouvrage récent Le féminisme chez Edith Stein (Paris, Parole et Silence, Collège des Bernardins : Essai, 2009) réunit dans cet article des lettres de la sainte, en traduction originale, qui illustrent de façon remarquable la crise existentielle et la quête douloureuse de sens qui fut la sienne au moment de la première Guerre mondiale jusqu’au jour de son baptême. Le Christ lui donna la lumière décisive sur sa destinée et sur son appartenance au peuple juif. Marquée par la foi de sa mère juive, elle découvrit le sens de l’élection d’Israël et y resta fidèle jusqu’à sa mort à Auschwitz.
On sera peut-être surpris d’apprendre que la prière d’Edith Stein trouve dans le mouvement liturgique français, puis allemand, l’une de ses sources. Mais on verra aussi comment le dialogue solitaire avec Dieu est prière de toute l’Église, vie eucharistique, offrande sacerdotale, « chemin du Fils inspiré par l’Esprit et tourné vers le Père ».
Les pages qui suivent (reprenant une conférence donnée le 26 mars 2000 à Blangy-sur-Ternoise, France) donnent accès à quelques intuitions steiniennes concernant la figure de la femme et plus spécifiquement à propos de la virginité. Il se présente en plus comme une bonne introduction à la vie et à l’œuvre (publiée déjà en français) de la sainte. Le caractère, dira-t-on « inchoatif », de la pensée forte et originale d’Edith Stein appelle une élaboration en lien avec le reste de ses écrits et, surtout, de son évolution spirituelle ultérieure qui en éclairent la profondeur secrète. Le travail de Sophie Binggeli nous la laisse espérer.
On connaît les controverses qui assombrissent la reconnaissance « officielle » de la sainteté d’Edith Stein. La publication de cette belle causerie du P. Gianni Bracchi ne veut que donner à nos lecteurs et lectrices l’occasion de méditer encore l’exceptionnelle figure de cette femme chrétienne, carmélite morte de sa « mort juive » et qui, comme telle, appelle notre vénération.
Servant admirablement le livre du P. Bouyer qu’elle présente et commente, Madame Anne-Marie Pelletier déborde la simple notice bibliographique pour nous donner une exigeante et lumineuse réflexion théologique sur le thème, également cher au P. Bouyer : « Mystère et ministères de la femme » dans l’Église. Prévenant les objections que le choix des figures féminines présentées ne peut manquer de faire naître, l’auteur, par un recentrement et un approfondissement en tous points remarquables, nous conduit loin des polémiques auxquelles le sujet nous a trop souvent habitués. Les questions délicates ne sont pas évacuées mais situées et éclairées par une réflexion qui se hausse au plan de la reconnaissance mutuelle dans la communion de l’Église, tour à tour dispensatrice et bénéficiaire des biens mêmes de Dieu.