Quelle audace d’entreprendre, après tant de Pères et de théologiens, un commentaire suivi du Notre Père ! Sœur Marie-Madeleine Caseau, prieure des Bénédictines de Vanves, relève le défi avec simplicité et profondeur, armée de sa pratique quotidienne de la lectio divina et d’une méthode, longuement exposée dans le 1er chapitre, qui pourrait sembler tracer un cadre un peu raide et contraignant, mais permet finalement de développer les harmoniques de chaque demande de l’oraison dominicale. Chacune est, en effet, considérée à trois niveaux : « avec Jésus », elle est replacée dans son contexte biblique ; « avec les Pères de l’Église », elle est enrichie des apports de la Tradition, éclairée par Origène, Cyprien, Tertullien ou encore Théodore de Mopsueste ou Ambroise ; « à l’horizon de l’Hodie », elle se redit, chaque jour, en communauté priante, et s’actualise dans notre vie d’aujourd’hui. En un style parfois familier, parfois traversé de fulgurances poétiques, comme la vie elle-même, nous sont ainsi ouverts, offerts, les trésors que mettent au jour la longue fréquentation de la Parole dans la lectio divina, et sa mise en œuvre dans la vie communautaire. De manière à mieux saisir le travail incessant de la grâce à travers les mots de la prière que nous a donnée le Christ, et à nous interroger sur la réponse que lui apportent nos vies à travers lesquelles ces mots prennent chair. C’est bien à « vivre » – et non seulement à réciter – le Notre Père qu’appelle cet ouvrage qui est partage spirituel d’une vocation particulière, mais surtout ouverture à la vocation universelle de fils et filles de Dieu.