Thomas Römer est un spécialiste reconnu de la Bible hébraïque et Frédéric Boyer est écrivain et traducteur. Ce livre à une voix est le fruit de conversations durant plusieurs mois au sujet des grands textes fondateurs de la Torah, s’interrogeant sur ce que ces textes ont encore à transmettre aujourd’hui. Huit chapitres traitent successivement des « cicatrices de la Création », d’Abraham, de Moïse comparé à Abraham (comme dans un « match »), de Jacob, de Joseph, de l’Exode, de la terre promise (donnée et conquise) et de la royauté. L’accent est clairement mis sur la diversité des traditions. Lorsqu’il y a plusieurs récits d’un même événement, par exemple en Gn 10 et en Gn 11, « tout se passe comme si un récit devait contrecarrer l’autre. Cette diversité narrative nous montre que le projet d’unité, d’un ensemble donnant accès à la connaissance de nos origines, passe par la complexité qui est celle de la vie et de toute transmission. Si la divinité parle à l’humanité, ce n’est jamais de manière univoque. Chaque récit vient interpréter l’autre, dans une sorte d’actualisation permanente » (p. 41). Les réflexions de l’ouvrage sont intéressantes, mettant bien en lumière la présence dans la Bible hébraïque de traditions diverses sur les mêmes événements. Toutefois, elles laisseront insatisfait le lecteur croyant à cause de l’absence de toute perspective théologique, de quelques raccourcis hâtifs ou de jugements excessifs, par exemple sur la doctrine du péché originel (cf. p. 23 : « La violence avec laquelle l’Église fera peser sur Genèse 2 et 3 l’interprétation du “péché originel” a d’une certaine façon “encadré” l’originalité de ces textes »).
Bayard Éditions, Paris, octobre 2021
250 pages · 17,00 EUR
Dimensions : 14 x 19 cm
ISBN : 9782227499454