Dans la collection des livres récents sur ce navrant sujet (on n’ose parler de chapelet, malgré l’illustration de couverture), l’enquête de l’auteur, journaliste qui « n’est ni religieuse, ni même catholique », comme le précise Stéphane Joulain dans sa préface, recueille des témoignages de ces « femmes oubliées », et retrace la mise au jour de bien des crimes sexuels par leurs victimes, depuis les premières lanceuses d’alerte américaines jusqu’à celles que l’on trouve à Rome aujourd’hui, en passant par Michèle-France Pesneau de Trosly-Breuil, « Marie » (prénom d’emprunt) de Nouan-le-Fuzelier ou Cécile, agressée par son accompagnatrice spirituelle (et non sa maîtresse des novices, comme affirmé à la légère et corrigé depuis par l’auteur et par l’éditeur à la requête de la personne injustement incriminée [1]) au diocèse de Rouen. Le « grand silence » qui s’est étendu sur tous les continents est analysé, au fur et à mesure des témoignages, dans ses conditions de possibilité. Les réponses de l’institution ecclésiale aussi, en Italie et en France notamment, et celles de la justice des hommes. La finale dit bien tout l’objectif de ce nouveau dossier : « peut-être qu’en lisant ces lignes, une victime étranglée comprendra que se taire, c’est renoncer à vivre et que cette culpabilité qui la ronge n’est pas la sienne ». Elle trouverait aussi les lieux et les moyens pour qu’advienne un meilleur avenir.
[1] Notre recension d’origine, parue dans le n° 2021-2, a dû être modifiée. Une erreur de ce genre de la part de l’auteur atteste, si besoin était, de l’extrême vigilance nécessaire à ce genre d’enquête. Il est plus que regrettable d’ajouter, même involontairement, le mal d’une injuste calomnie au mal qu’on veut dénoncer.
Artège, Perpignan, octobre 2020
208 pages · 17,00 EUR
Dimensions : 14 x 22 cm
ISBN : 9791033610168