Largement diffusé en raison du rôle ecclésial de l’auteur et de la fonction de l’éminent destinataire, ce petit opuscule répond au Président de la République française qui avait prié les responsables des cultes de « partager leurs réflexions sur l’événement singulier qu’est la crise sanitaire que le monde entier traverse » (introduction). Prenant au sérieux la « valeur d’avertissement » de l’épidémie, le Président de la Conférence des évêques de France présente ses pensées sous quatre mots tirés, de même que son fil conducteur sapientiel, de la tradition biblique. La mémoire de l’événement invite à rendre possible par exemple un logement digne pour tous, et la scansion d’un vrai repos dominical pour les personnes, les villes, la nature. Le corps marqué par la mort sociale ou individuelle est celui de personnes en relations, auxquelles l’accompagnement affectif et spirituel importe autant que la prise en charge technique. La liberté du culte et la liberté intérieure sont en jeu quand l’État bienveillant semble décider de tout : il s’agit plutôt de valoriser les corps intermédiaires en les rappelant à leurs responsabilités. L’hospitalité aux plus proches a pu prendre la place du souci des migrants, alors même que la pandémie rappelle la solidarité universelle : alléger la dette des pays d’Afrique, répartir autrement les dépenses militaires de l’Europe, comprendre que la vraie force vient de chaque être humain capable d’habiter son corps, sa maison, de construire avec d’autres la maison commune, pour y donner librement cette hospitalité où goûter « la saveur du temps où l’éternité se donne déjà ». Voilà un style, une audace, une fierté chrétienne qui réjouissent, mais surtout s’organisent en une pensée politique praticable, au moment où la pandémie semble faire retour.
Collection Documents d'Église
Bayard - Éditions du Cerf - Mame, Paris, juin 2020
58 pages · 5,00 EUR
Dimensions : 11,5 x 17,1 cm
ISBN : 9782204142021