La philosophe française C. Chalier réédite quant à elle avec une préface inédite, un plaidoyer lumineux et enthousiasmant pour une réhabilitation de la lecture spirituelle de la Torah telle qu’elle s’exprime dans la tradition juive. Comment lire la Torah fait sortir de l’alternative entre lecture fondamentaliste – qui enferme la lettre dans un passé idéalisé et figé – et lecture historico-critique – qui, en déconstruisant le passé, vise à écarter tout influence possible de ces livres sur les esprits. Le trésor de la tradition juive est l’inséparabilité de la Torah écrite d’avec la Torah orale. Si, d’un côté, l’esprit ne peut se passer de la lettre car il se trouve en elle, il revient, d’un autre côté, à chaque lecteur de le faire grandir en interrogeant cette lettre, sans jamais la mépriser comme lettre morte. Ainsi, étudier la Torah est une mitsva très singulière, « difficile autant que précieuse », car en l’accomplissant, on participe aussi à la Révélation de Dieu lui-même en sa parole. La sainteté de ces livres ne se situe pas en eux-mêmes mais en raison de leur ouverture à des traditions de lectures ininterrompues : c’est bien leur densité significative inépuisable qui constitue leur caractère exceptionnel, séparé des autres livres. Un essai dense, écrit avec rigueur, d’une érudition généreuse et sans fioriture. En le refermant, on n’a qu’une seule envie : retourner à l’étude des Écritures mais aussi témoigner, une fois encore, de la richesse rationnelle et spirituelle du concept théologique de la Tradition : comment se fait-il, en effet, que la mission du Magistère au service de l’Écriture et de la Tradition soit caricaturée, même dans les milieux les plus éclairés, au seul dogmatisme contraignant et enfermant ?
Collection Sagesses, 325
Points, Paris, octobre 2019
208 pages · 7,00 EUR
Dimensions : 10,8 x 18 cm
ISBN : 9782757880623