Étienne Nodet est professeur à l’École biblique de Jérusalem. Il nous livre un ouvrage dont l’intention est de réparer une injustice historique, qui a fait de la religion des Samaritains une forme dégradée du judaïsme, alors qu’ils sont en réalité les héritiers directs des anciens Israélites. Il faut reconnaître que l’origine des Samaritains et leur identité sont enveloppées d’un épais brouillard dû, en grande partie, au fait que pratiquement toutes les informations sur eux viennent de sources hostiles. L’A. revisite patiemment les principales sources disponibles : le récit célèbre de 2 R 17, Esdras et Néhémie, et Flavius Josèphe, considéré aujourd’hui comme la meilleure source sur les Samaritains et dont la perspective (comme aussi celle de la Septante) est très différente. En outre, il tient compte des données archéologiques et épigraphiques. L’étude des sources est fouillée, menée avec compétence, mais est assez austère pour le lecteur. Il ressort de cette étude que les Samaritains sont descendants des Israélites de l’époque royale. La cause de leur séparation des Juifs est le processus de rénovation du judaïsme après l’exil. Privé du temple, le judaïsme s’est recentré sur la Torah, mais les Samaritains, qui n’ont pas accepté la « loi orale », sont restés extérieurs à ce processus. Les Samaritains ne sont donc pas une secte juive, mais d’anciens Israélites qui ont résisté aux changements provoqués par le courant pharisien. Le divorce final entre Juifs et Samaritains n’est pas dû à la construction du sanctuaire du Garizim, mais à sa destruction par Jean Hyrcan.
Éditions du Cerf, Paris, avril 2022
264 pages · 24,00 EUR
Dimensions : 14 x 21,5 cm
ISBN : 9782204149945