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La femme du Seigneur

Madeleine Delbrêl en ses œuvres

Claude Langlois

Lorsqu’un universitaire, historien renommé du catholicisme au féminin, tel Cl. Langlois, s’attaque à la figure si attachante de Madeleine Delbrêl, cela donne un essai imposant (plus de 400 pages) et une analyse précise et fouillée de ses textes embrassant les Œuvres complètes récemment publiées, mais aussi quelques inédits. Avec la volonté de la laisser se raconter elle-même, mais surtout de dévoiler les facettes de sa personnalité qui intéressent particulièrement l’A. : la poétesse et la mystique. Une approche moins empathique que celle à laquelle nous ont habitués ses éditeurs et commentateurs, Gilles François et Bernard Pitaud, mais fondée sur une critique rigoureuse du langage, disséquant les variations des versions données au fil du temps sur sa conversion ou ses relations avec les communistes. Une approche aussi moins synthétique qu’on aurait pu l’attendre, finalement distribuée en quatre thèmes différents formant les quatre parties de l’ouvrage : les textes autobiographiques (I), l’histoire de l’édition de ses œuvres (II), les tentatives de ses jeunes années pour être reconnue comme poète et amorcer une carrière littéraire (III) et la place que, dans l’Église, peut trouver une femme par son action et ses écrits (IV). Thèmes transversaux, on le voit, et qui, sans s’astreindre à une chronologie précise, parcourent en tous sens les différentes étapes de la vie de Madeleine pour dégager, selon la formule éclairante de l’A., ses identités simultanées. Malgré cette structure éclatée qui laisse dans l’ombre des aspects importants de la vie et de l’œuvre de Madeleine – tels, par exemple, ses écrits abondants sur la vie communautaire, adressés à ses équipières –, bien des découvertes seront opérées grâce à cet essai et des perspectives nouvelles ouvertes, telle celle d’une Madeleine, plus mystique qu’on ne la connaissait [1].

L’A., qui ne cache pas son admiration pour ses dons poétiques, se propose d’aider à mieux entrer dans l’écriture multiple, segmentée, souvent hermétique ou trop répétitive de Madeleine (p. 15). C’est ce qui rend cet essai précieux, en permettant par ce biais de l’analyse littéraire d’avoir une vision renouvelée de l’œuvre et de la personnalité de Madeleine Delbrêl ; c’est aussi ce qui le réserve sans doute aux lecteurs ayant déjà quelque familiarité avec l’auteur spirituel et l’assistante sociale d’Ivry, plus habituellement présentées.

[1L’A. consacre ainsi presque tout un chapitre à ses relations épistolaires avec son directeur spirituel, l’abbé Lorenzo, que, jeune convertie, elle tance au nom de Jésus...

Éditions du Cerf, Paris, septembre 2022

404 pages · 25,00 EUR

Dimensions : 15,5 x 24 cm

ISBN : 9782204148047

9782204148047

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