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En chemin avec Ignace

Conversations avec Darío Menor

Arturo Sosa Darío Menor

« Pour que la vie religieuse puisse continuer à “cheminer” au grand air de la prophétie, elle ne peut s’arrêter de chercher. Elle ne peut se lasser de questionner profondément le monde, Dieu, sa vie et sa mission » : ainsi s’ouvre, par ces mots de sœur Jolanta Kafka (préface, p. 7), le petit livre de « conversations » que Darío Menor, journaliste espagnol installé à Rome, a menées avec le supérieur général de la Compagnie de Jésus, Arturo Sosa. Un livre qui s’inscrit dans le cadre de la célébration du 500e anniversaire ignatien : celui de la blessure d’Ignace à Pampelune, en 1521.

C’est une bonne manière d’aller à la rencontre de la Compagnie, une institution qui, dit le P. Sosa, « fonctionne sur la base de la pleine confiance en chaque personne, la profonde communication avec ceux qui prennent les décisions et la connaissance intérieure de ses membres » (p. 26), et de la spiritualité ignatienne telle qu’elle se vit et se partage aujourd’hui. Structuré autour des quatre préférences apostoliques universelles énoncées en 2019 (chapitres 6 à 9 : Montrer le chemin vers Dieu ; Cheminer avec les pauvres ; Accompagner les jeunes dans la création d’un avenir plein d’espérance ; L’éveil d’une sensibilité accrue à la Maison commune), le plan de l’ouvrage fait cheminer son lecteur du « rêve pour l’Église » à la « mission partagée », comprise comme « la dimension transversale des Préférences Apostoliques Universelles » (p. 203) – leur condition de possibilité, en quelque sorte. À noter : au terme de chaque chapitre, une proposition pédagogique faite de « points pour la prière » ou « pour la conversation spirituelle », aidera les personnes ou les groupes qui souhaiteraient se saisir des thématiques présentées, à prier ou à échanger sur chacun des points abordés.

Au fil des entretiens, à travers le cas particulier de la Compagnie de Jésus et de sa mission ecclésiale, ce sont autant de questions intéressant la vie consacrée en général qui sont abordées : quand, au détour d’une réflexion sur l’appel à « cheminer avec les pauvres », on découvre que « se mettre entre les mains de Dieu peut paraître très poétique, mais dans la pratique, c’est être entre les mains de vos frères » (p. 131) ; ou quand l’appel à la « mission partagée » est présenté comme « une école de dialogue et d’ouverture ». Mais « sommes-nous prêts à ne pas avoir le dernier mot ? », interroge le général des Jésuites (p. 203).

Au bout du compte, c’est un message d’espérance et d’ouverture qui se dégage de ces entretiens, un message qui manifeste la pertinence de la spiritualité ignatienne dans une société sécularisée : parce que « l’intériorisation de l’expérience de Dieu » a plus d’importance que la « hausse de la religiosité », « nous devons ouvrir les portes et chercher le moyen de dialoguer avec le monde » (p. 59).

La persistance de coquilles et les lourdeurs hispanisantes de la traduction ne devront donc pas décourager le lecteur motivé.

Fidélité, Bruxelles, avril 2022

224 pages · 15,00 EUR

Dimensions : 14,5 x 20,5 cm

ISBN : 9782873568801

9782873568801

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