Ce gros volume, dont le PDF est accessible gratuitement sur le site des Presses universitaires de Louvain (http://pul.uclouvain.be) retrace l’étonnante aventure de l’Association féminine des missions (AFI), rassemblant ces femmes désireuses à l’origine (octobre 1937) de partir en Chine, dans l’esprit du père Vincent Lebbe, au service des évêques chinois, pour promouvoir un laïcat autochtone bien formé. La mort prématurée de la fondatrice, Yvonne Poncelet, en 1955, ne sonna pas le glas du « groupe », qui progressa sous diverses dénominations, dont les « Auxiliaires féminines internationales », rapidement répandues, en plus de l’Asie, en Afrique, en Europe et en Amérique. S’il est toujours de taille modeste, essentiellement féminin, composé surtout de célibataires, et relativement stable dans ses domaines privilégiés d’engagements (médical, social, culturel et éducatif), le groupe accueille aujourd’hui toutes les confessions et appartenances religieuses, tous les états de vie, tous les modes d’action (professionnels ou bénévoles) et la dynamique d’engagement s’y trouve inversée, puisque les membres, féminins ou masculins, y entrent plutôt localement, alors qu’autrefois, l’entrée et l’engagement précédaient l’envoi. Toutes ces évolutions – y compris géographiques, puisque l’Asie et l’Afrique semblent aujourd’hui à la manœuvre –, et celles qui sont patiemment tracées dans ce beau travail d’histoire basé sur la récolte d’archives introuvables, illustré de multiples graphiques et photos, permet de distinguer la phase de l’origine, puis celle des remises en question (de 1966 à 1976) et, après des dissensions plus marquées que jamais, une sorte de recentrement depuis les années 1990. Ce qui pose la question partout en filigrane : « quelle identité, voire quelle originalité, dans le grand chœur des engagements de laïcs catholiques, pour l’association ? ». Et pour qui la regarde depuis la vie consacrée, comment une forme d’engagement ecclésial laïc radical a-t-il montré une si grande faculté d’adaptation qu’on n’y retrouve plus guère aujourd’hui le moteur missionnaire des origines, au profit d’« un développement global et pleinement humain » (p. 387) ? Un charisme s’est-il perdu ?