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Déjouer les logiques abusives

Perspectives bibliques à la suite du rapport de la CIASE

Philippe Lefebvre Sophie Ramond Paul Agneray Erwan Chauty Marguerite Léna Béatrice Oiry Christophe Pichon Christophe Raimbault

Même si nous ne l’avons pas reçu de la part de l’éditeur, comment passer sous silence le Cahier Évangile dédié au discernement des logiques abusives, rédigé par des exégètes, suite au rapport de la CIASE ? « Ces articles, écrit le Comité de rédaction, réfléchissent à la manière dont le mensonge est à la racine du mal, et en particulier, l’usage mensonger de la Parole » (p. 2), et cela, en arpentant l’Écriture, « afin que la logique du texte biblique – et non tel ou tel texte – nous apprenne à accueillir la parole des victimes et à ouvrir des chemins d’espérance » (p. 3). Ph. Lefebvre ouvre le Cahier par des « propos liminaires sur les abus » via cet éclairage biblique. B. Oiry et Paul Agneray voient, à la racine du mal, la parole de Dieu détournée (« Ainsi, Dieu vous a dit... »). E. Chauty s’interroge sur ce qui est vraiment arrivé à Dina (Gn 34), alors même qu’elle se tait, et Dieu aussi – la figure de Judith sera leur revanche tardive. S. Ramond tâche de penser, à cette même lumière biblique, la responsabilité dans les abus sexuels sur personnes mineures commis au sein de l’Église catholique : le cycle de David, la promesse faite à Ézéchiel d’un vrai retour et d’une purification dans l’Esprit, la résurrection de Jésus nous disent que « quand l’inacceptable survient, Dieu ne se retire pas », mais aussi, que la vie chrétienne ne peut être qu’une vie de conversion en actes. Chr. Pichon entend dans le récit de la passion (Mt 26-28), résonner la parole malade des puissants, avec tous ses symptômes, et la parole retrouvée de la victime qui entre progressivement dans un silence durable, d’où surgit le double cri de la croix (Mt 27,46 et 50), avec Dieu pour seul allocutaire. Le Ressuscité reprendra la Parole pour la relancer (Mt 28,10), en sorte que tout opprimé puisse trouver dans l’évangile les mots qui dénoncent l’imposture et permettent de s’adresser à Dieu. La première aux Corinthiens (Chr. Raimbault) montre assez le lien entre la personne abusée en son corps et le corps du Christ lui-même. Oui, la Bible est chemin royal de liberté (M. Léna) pour qui est mis par l’imprévisible Esprit à l’abri d’une lecture servile autant que des limites de la subjectivité. On sait gré à ces exégètes d’en avoir fait la saisissante démonstration.

Mots-clés Abus Écritures

Collection Cahiers Évangile, 201

Éditions du Cerf, Paris, septembre 2022

72 pages · 10,00 EUR

Dimensions : 18 x 19 cm

ISBN : 9782204150118

9782204150118

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