Fruit d’une thèse doctorale soutenue à l’université Laval (Québec), l’Analyse de la réponse du lecteur aux origines de Jésus en Matthieu 1-2 se compose d’une exposition de la méthode (ch. 1) suivie de son application au texte retenu (ch. 2-4). Dans l’histoire de l’herméneutique, la critique post-moderne se caractérise par une remise en valeur de la subjectivité dans tout processus de connaissance et donc du lecteur dans la création du sens − non seulement le « lecteur idéal » mais encore et surtout le lecteur réel. « Répondre au texte », c’est enregistrer les effets (W. Iser), cognitifs et émotifs, du texte sur le lecteur que je suis en dialogue avec ceux qui m’ont précédé (histoire de la réception). Cela exige une lecture strictement séquentielle, « au ralenti », sensible aux effets de primauté et de récence (loi des premières impressions, retour en arrière lorsqu’on est parvenu au point final) ou encore à ce que produit la temporalité de l’acte de lecture en termes de suspense, de curiosité ou de surprise (M. Sternberg). La limite de l’exercice est que le texte et l’interprétation qui en est donnée sont asservis à la méthode et non l’inverse. De la mise en pratique ici proposée, nous soulignons l’attention de l’A. à la question de la masculinité (critique latente d’une masculinité hégémonique) et aux relations de pouvoir (via l’intertextualité des citations bibliques) ainsi que l’introduction de la notion de fiabilité / non-fiabilité de l’auteur, mettant le lecteur aux prises avec une énonciation déroutante : comment compter 3x14 générations en 1,17 ? quel oracle appelle le messie « nazôréen » selon 2,23 ? Reste que le close reading n’est pas sans lourdeur et que le sens d’un texte ne se donne pas uniquement à travers le questionnement progressif que suscite sa première lecture.
Collection Études bibliques. Nouvelle Série, 81
Peeters, Louvain, septembre 2019
309 pages · 82,00 EUR
ISBN : 9789042938915