Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.
L’auteur nous est bien connu : il est un des témoins privilégiés de l’évolution de la vie religieuse depuis le Concile. Dans une conférence donnée en Italie en septembre dernier, il tente de faire le point de la situation. Son intention est de « saisir sur le vif les dynamismes qui ont traversé la vie religieuse, dans sa communion aux puissants mouvements qui, depuis un quart de siècle, ont travaillé l’ensemble de l’Église de Dieu ». Redécouverte du lien essentiel avec l’Église locale, relecture d’identité qui supprime les cloisonnements et relativise certaines différences, déplacement massif des effectifs au profit des « jeunes Églises », humanisation de la vie appelée à rendre témoignage à l’existence et à la présence de Dieu : telles apparaissent certaines grandes lignes de cette évolution. Chemin de pauvreté appelé à devenir chemin de grâce. [Résumé, fait sur le manuscrit que le P. Tillard a eu l’obligeance de nous communiquer, de la conférence donnée par lui le 8 septembre 1986 au Convegno Nazionale « Testimoni » (La Mendola, Italie), publié avec l’aimable autorisation de cette revue.]
Quel est le sens de l’engagement des religieux et religieuses dans les problèmes et les espoirs des hommes ? En des pages denses, le P. Tillard rappelle que cet engagement naît toujours de la communion au vouloir de Dieu sur l’homme en besoin de salut. Ce salut est aussi celui de la « qualité de l’humanité », pour qu’advienne l’homme que Dieu veut. Aussi y a-t-il lieu d’être-avec les hommes, mais non pour que surgisse n’importe quel homme. Il s’agit de chercher à faire apparaître, là où nous sommes, la vérité de l’homme, déchiffrée dans l’Évangile de Dieu. C’est ainsi que le souci du salut de la « qualité de l’humanité », vécu en solidarité avec les non-croyants, implique une conviction chrétienne qui nous distingue d’eux et nous interdit d’être des alliés inconditionnels. Ce sera particulièrement sensible en tout ce qui regarde la dynamique de réconciliation, sans laquelle il n’y a plus d’Évangile. La vie religieuse est appelée à en être signe. Dans une seconde partie, l’auteur invite à la vigilance et à la lucidité évangéliques, sans lesquelles l’être-avec est aveugle. Et il évoque quelques domaines plus spécialement impliqués dans l’engagement pour « l’homme que Dieu veut ».
Dans l’exposé théologique qu’il fit à la troisième rencontre interaméricaine des religieux, le Père Tillard a proposé aux religieuses et religieux d’Amérique latine, qui sont plus proches des pauvres, d’intensifier leur prière et le lien de celle-ci avec leur action. Inversement, il a invité ceux et celles du Canada et des États-Unis, dont la vie de prière semble ravivée, à y découvrir la force de se tenir, avec le Christ, « du côté des pauvres ». N’avons-nous pas aussi, chacun selon notre vocation et notre mission, à relever le même défi ?
L’auteur prend acte d’un fait : nombre de religieux et de religieuses de vie active entrent dans le monde du travail et dans ses solidarités. À son avis, il s’agit là de fidélité à leur mission, saisie dans la relation entre évangélisation et promotion humaine. C’est dans ce lieu nouveau que sont les chantiers du monde avec leurs dimensions culturelles et socio-politiques qu’ils entendent manifester le déjà du Royaume et communier au vouloir divin qui est que ce monde devienne autre. Mais il y faut certaines conditions. Tout d’abord, être habité par une vision évangélique de l’homme ; ensuite garder une liberté critique dans ses solidarités mêmes. De plus, le religieux aura toujours la préoccupation du témoignage et de la confession de sa foi ; il portera ce témoignage dans une appartenance ecclésiale et communautaire : celle-ci est sa solidarité première, celle qui vivifie toutes les autres.
Pour comprendre l’obéissance religieuse et spécialement la forme qu’elle prend dans l’Ordre de saint Dominique, l’auteur nous invite à distinguer obéissance religieuse et discipline, à prendre conscience des divers « espaces » où se vit l’obéissance et des problèmes que cela pose, notamment quant au rôle du supérieur. Il demande ensuite à l’histoire de nous éclairer et brosse à larges traits l’histoire des grands fondateurs : Pachôme, Basile, Bernard. Ceci nous amène à découvrir deux visages complémentaires de l’obéissance : celui qui privilégie la « koinônia » fraternelle, celui qui accentue le rôle du supérieur « tenant la place du Christ ». Puis il situe et décrit brièvement l’obéissance dominicaine comme une « koinônia » au service d’un projet apostolique. Extrait résumé de l’article « Aux sources de l’obéissance religieuse », qui sera publié dans le n° 7 (juillet-août 1976) de la Nouvelle Revue Théologique, que nous remercions pour son obligeance.
Conférence donnée par le P. Tillard à l’Assemblée générale des Moniales de France, en 1972, reproduite avec l’aimable autorisation du Lien des Contemplatives. L’auteur a récemment développé les mêmes thèmes dans son livre Devant Dieu et pour les hommes. Le projet des religieux, Paris, Cerf, 1974.
Chapitre du livre Religieux : un chemin d’Évangile, à paraître en 1974 aux Éditions Lumen Vitae, Bruxelles, publié avec l’aimable autorisation de celles-ci.
I. Les préalables Pour avoir quelque chance d’aboutir à des résultats valables, notre réflexion doit s’appuyer sur une recherche sérieuse [1]. On peut en décrire comme suit les principales étapes. Diagnostic de la situation présente Cette première étape doit percevoir les malaises qui existent un peu partout au plan du...