Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.
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Après ses « Libres propos » du numéro précédent (Vs Cs 94, 2022-4, 29-44), le théologien au service du Secrétariat du Synode des Évêques sur la synodalité nous fait en quelque sorte assister à la lecture des synthèses des Conférences épiscopales qui ont permis, en septembre-octobre dernier, l’élaboration collective du Document pour l’Étape Continentale (DEC).
Au moment où débute la deuxième étape synodale (une phase continentale, après la phase diocésaine et avant la phase universelle) du Synode sur la synodalité, un canoniste et ecclésiologue belge, membre de la Commission théologique au service du Secrétariat général du Synode, et par ailleurs impliqué dans la récente Conférence ecclésiale de l’Amazonie, rend compte de l’avancement des travaux.
Longtemps vicaire général du diocèse de Liège, professeur à l’Université catholique de Louvain et à l’Institut catholique de Paris, canoniste réputé, l’abbé Borras figure parmi les vingt-cinq membres de la commission théologique du prochain Synode des évêques. Il présente ici les nouvelles dispositions canoniques en matière de droit pénal.
Le prochain Synode des Évêques sera sur la synodalité ! L’abbé Alphonse Borras, qui achève son long mandat de Vicaire général du diocèse de Liège, nous propose, avec sa compétence de canoniste et d’ecclésiologue patenté, d’y voir l’occasion de réfléchir au style synodal propre à la vie consacrée, dans une Église communion.
La profession publique des conseils évangéliques prédispose à œuvrer pour « ce monde qui vient », avec l’espérance d’une humanité réconciliée. Or, la réconciliation résulte de la miséricorde de Dieu, du pardon dont il prend l’initiative. À partir de quelques récits emblématiques de l’Écriture, l’auteur montre comment peut s’opérer un travail de réconciliation entre humains. Il poursuit en traitant de la réconciliation avec soi et de la réconciliation avec autrui. À ce stade, il s’agit d’entrevoir ensemble un avenir possible où le pardon, en définitive, est d’abord reçu, ensuite donné comme une grâce.
Les scandales des abus sexuels qui ont secoué ces derniers temps de nombreux diocèses des Églises aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis d’Amérique ainsi qu’au Canada ont attiré les médias avec les effets pervers que l’on sait. Ces drames, surtout, ont ébranlé la confiance des fidèles vis-à-vis des religieux (principalement, mais il faut signaler aussi le succès du film, par ailleurs de grande qualité, de Peter MullanThe Magdalena Sisters , Lion d’Or à Venise en 2002, mettant en cause les pensionnats pour jeunes filles « ayant fauté »). Il nous a paru nécessaire de proposer dans nos pages une information rigoureuse, certes technique et demandant une lecture attentive, concernant les mesures édictées par le motu proprio Sacramentorum sanctitatis tutela. Ce texte a d’abord été l’objet d’un exposé lors d’une session au Centre Spirituel Notre-Dame de la Justice (Rhode-Saint-Genèse, Belgique). Nous remercions l’abbé Borras de l’avoir retravaillé pour en permettre la publication ici.
Après avoir peut-être étonné avec la parution de son article « Considération sur le crépuscule de la vie religieuse en Occident » (V.C. 1999, 3, 163-176), l’abbé Borras étoffe ici sa réflexion en trois moments : - La catholicité de l’Église locale, où « c’est dans cette merveilleuse variété tendue vers une admirable unité, témoignage multiple du même Évangile que, parmi les baptisés, certaines personnes font le choix de ne vivre que pour Dieu seul. » - La vie consacrée dans le réseau paroissial, où « l’articulation de la vie consacrée avec les paroisses dépend d’abord de l’identité de chaque institut, de son charisme, de son patrimoine spirituel, de ses constitutions, etc. » - Risques et chances du moment présent, développe de manière convaincante la nécessité de déployer ensemble « deux pastorales » (« d’éveil » et « d’encadrement », pour faire bref) où le ridimensionamento de la vie consacrée trouve sa place et sa signification. L’abbé Borras nous en donne une analyse pénétrante et stimulante toute de confiance en la part inestimable que représente le don de la vie consacrée à la pleine catholicité de l’Église « en ce lieu ».
Le titre est provocateur. Mais le propos n’est pas sans espérance. Certes, il y a des seuils irréversibles, ou prétendus tels. Ils ont été depuis longtemps déjà désignés : fin de la chrétienté, post-modernité, fin de l’eurocentrisme (au moment où émerge l’euro !), et d’autres encore. Mais l’auteur ne se contente pas du diagnostic. Il ouvre des perspectives où la vie religieuse reconnaîtra des espaces ouverts au redéploiement très humble de son radicalisme évangélique dans le dépouillement et la nouveauté de la fidélité créatrice. L’Église attend cela d’elle et lui donnera d’y répondre. Ne pas le lui offrir serait contrister l’Esprit.
Sous un titre interrogateur et quelque peu provocant, l’auteur propose une réflexion pastorale stimulante à propos de la question des ministères dans la situation actuelle de nos communautés chrétiennes (paroissiales en particulier). La situation de pénurie est décrite sans dramatiser et les attitudes concrètes demandées à tous, sont suggérées avec un sens sûr de la communion ecclésiale et, pour les consacré(e)s, du Mutuae relationes si souvent invoqué.
Pour poser des jalons théologiques et canoniques fort éclairants au sujet des communautés dites nouvelles, l’abbé Borras rappelle d’abord le cadre ecclésiologique où peuvent se distinguer « communautés hiérarchiques » et « communautés associatives ». Possédant conjointement, à la différence des instituts de vie consacrée, les trois “pôles” ecclésiaux évoqués, les communautés nouvelles n’assument cependant pas, à la différence des Églises particulières, toute la mission pastorale. Le « modèle heuristique » dont relèvent ces groupes nouveaux représente ainsi une sorte de « condensation ecclésiale » propice à la vie diocésaine où elle s’insère.