Un périodique unique en langue française qui éclaire et accompagne des engagements toujours plus évangéliques dans toutes les formes de la vie consacrée.

Chronique d’Ecriture Sainte (N.T.)

Véronique Fabre

N°2008-4 Octobre 2008

| P. 283-291 |

En ce début de l’année jubilaire saint Paul, marquant le bimillénaire de la naissance de l’apôtre, la moisson des livres que les éditeurs ont bien voulu nous envoyer est abondante, bon nombre se rapportant à saint Paul et à ses écrits. Une fois n’est pas coutume, nous commençons notre recension par ces derniers. Puis viendront les études sur les Évangiles en y adjoignant les Actes des Apôtres, et enfin, des ouvrages plus généraux.

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En ce début de l’année jubilaire saint Paul, marquant le bimillénaire de la naissance de l’apôtre, la moisson des livres que les éditeurs ont bien voulu nous envoyer est abondante, bon nombre se rapportant à saint Paul et à ses écrits. Une fois n’est pas coutume, nous commençons notre recension par ces derniers. Puis viendront les études sur les Évangiles en y adjoignant les Actes des Apôtres, et enfin, des ouvrages plus généraux.

I

Un petit livre aux éditions Fidélité [1], signé par Mgr P. Warin, évêque auxiliaire du diocèse de Namur et Ph. Wargnies, professeur à l’I.É.T. de Bruxelles, est une véritable mine d’informations et offre de nombreuses clés pour aborder les écrits pauliniens de l’intérieur. Paul y apparaît comme héraut, apôtre et docteur, prophète et martyr, sage de la sagesse de Dieu. Sa double conversion le conduit à être configuré à son Seigneur. À travers cet ouvrage, Paul vient nous dire à nouveau : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1 Co 4,7).

Aux mêmes éditions Fidélité, un second ouvrage nous présente quelques textes de saint Paul [2], choisis par Ch. Delhez et préfacés par A. Decaux. Dans une première partie, des passages des Actes des Apôtres resituent la vie de Paul. Puis, les parties suivantes offrent des extraits pauliniens par thème : Paul par lui-même ; l’évangile de Paul ; l’existence chrétienne ; le souci des Communautés. Chaque extrait est introduit par quelques mots, et chaque partie par une page. Les annexes finales viennent compléter heureusement cette vue d’ensemble.

Un autre petit livre provient de M. Quesnel, exégète bien connu des lecteurs [3] : Prier 15 jours avec saint Paul. Après une introduction biographique, l’auteur propose successivement 15 extraits pauliniens pouvant soutenir la prière. Chacun est suivi d’une rapide mise en contexte, d’une méditation du passage, et finalement, d’une prière. Le tout constitue un beau parcours spirituel à l’école de saint Paul. À ce petit volume, s’ajoute du même auteur, un livre plus épais [4], Saint Paul et les commencements du christianisme. Il s’agit en fait d’une réédition de son ouvrage paru en 2001 et déjà recensé dans notre revue (cf. VC 74, 2002, 422).

Aux éditions Salvator, c’est le livre de J. Blenkinsopp, professeur émérite à l’université Notre-Dame dans l’Indiana qui a été traduit de l’anglais pour l’occasion [5]. Le sous-titre est éloquent : Une vie dans le Christ, et plus encore, le titre original : Paul’s Life in Christ. L’auteur cherche à pénétrer la vie de Paul afin d’y découvrir le dynamisme de la foi chrétienne, la foi agissante. Ainsi part-il de la conversion de Paul, et considère-t-il les étapes successives de sa vie dans le Christ. Encore un beau récit qui devrait nous inciter et nous aider à lire Paul lui-même.

La revue des Fraternités de Jérusalem célèbre l’année saint Paul en présentant, à travers plusieurs articles, les différentes facettes de l’apôtre [6]. Après l’homélie de Benoit XVI du 28 juin 2008 à la Basilique Saint-Paul-hors-les-murs, trois sections permettent de découvrir Paul, de le connaître, et de le lire (Ph 3,7-4,1 ; Col 1, 15-20 ; Ep 3, 14-21). Outre le riche apport des moines et des moniales de la Fraternité, on trouve aussi des articles de F. Vouga : « Visage de Paul », Y.-M. Blanchard : « Avec Paul à Éphèse », P. Debergé : « La tendresse de Paul » et Ch. Reynier : « Connaître l’amour sans mesure. Ep 3, 14-21 ». Belle invitation à nous mettre en route avec lui, pour nous laisser conduire, avec lui, vers le mystère de « notre grand Dieu et Sauveur, le Christ Jésus » (Tt 2,13).

Enfin, un véritable manuel Pour lire saint Paul, nous est offert par Ch. Reynier, professeur au Centre Sèvres [7]. Il s’agit, comme tous les livres de cette série, d’un ouvrage pédagogique, clair et synthétique pour apprendre à lire les écrits de Paul. Une première partie est consacrée aux origines et à la personnalité de Paul, une seconde traite des voyages de l’Apôtre et de la fondation des Églises. La troisième partie, après avoir présenté l’œuvre épistolaire dans son ensemble, introduit à chacune des lettres. La quatrième et dernière partie met en lumière les lignes directrices des lettres de Paul : le salut dans le Christ, l’homme, la vie dans l’Esprit, l’Église, la création, l’existence chrétienne. Une cinquantaine de passages des lettres de Paul sont commentés, et nombreux sont les outils pédagogiques : renvois, encadrés sur des points précis, glossaire, cartes, chronologie, pistes pour approfondir. Du beau travail !

Ajoutons encore deux volumes traitant plus précisément d’épîtres. Le premier, écrit par E. Bianchi fondateur de la communauté de Bose, concerne la Lettre aux Philippiens [8]. « Je pense que dans la vie quotidienne d’un chrétien et en particulier de ceux qui, dans l’Église, occupent des fonctions pastorales, le message de la Lettre aux Philippiens est plus que jamais nécessaire, comme un antidote contre l’idolâtrie du « militantisme chrétien » ou d’une « bureaucratie des ministères ». Dans la lettre qui nous occupe, en effet, le portrait de celui qui guide la communauté est esquissé en des traits qui placent au premier plan une profonde vie intérieure » (p. 16). Le texte paulinien, découpé en six sections, est ensuite commenté section par section, avec toujours en point de mire, le chemin d’intériorité décrit par saint Paul.

La deuxième épître n’est pas paulinienne puisqu’il s’agit de l’épître aux Hébreux [9]. Ce commentaire de F. Martin, professeur à l’Université Catholique de Lyon et décédé en 2001, fait suite aux commentaires du même auteur sur les Actes des Apôtres en 2002 et sur l’Apocalypse en 2004 (cf. Vs Cs 77, 2005, 273). Ces œuvres n’étaient pas destinées à la publication, ce sont des cours donnés aux étudiants de théologie, mais étant donné leur remarquable qualité, ses collègues ont voulu les communiquer plus largement. Celui sur Hébreux est resté inachevé, il s’arrête en He 10,23. Les questions difficiles et centrales que pose l’épître sont interprétées dans le va-et-vient entre la figure et son accomplissement. Accomplie, la figure n’a plus cours, mais elle demeure nécessaire à la reconnaissance de l’accompli. Parce que porteuse de la promesse, elle fait naître la foi. Pour l’auteur, « le vrai et l’unique sacerdoce a pour tâche de régler l’articulation problématique de la venue au monde des êtres humains par engendrement charnel et mortel d’une part et leur filiation divine d’autre part » (p. 152). Merci à l’auteur de ces pages éclairantes sur une épitre difficile.

II

Une publication de Médiasèvres se penche sur la parabole des talents chez Matthieu [10]. B. Régent, du Centre Sèvres, situe clairement son commentaire de cette parabole-énigme : « le but est d’ouvrir le texte, de montrer comment il est possible de la faire jouer et travailler de l’intérieur ; il suppose foi et confiance dans le fait que la parabole veut nous apprendre quelque chose de notre relation à un Dieu bon et aux autres ». Après en avoir proposé une traduction littérale, il la commente au fil du texte, puis en approfondit quelques thèmes, et enfin, montre comment la parabole et les analyses proposées ont des échos dans le reste de l’évangile matthéen. Un épilogue relie le parcours des Exercices spirituels de saint Ignace et la parabole des talents. Suivent en annexes, cinq lectures patristiques de la parabole. Clarté et profondeur, telles sont les qualités de ce beau parcours.

Nous retrouvons un ouvrage posthume avec le premier volume de la lecture intégrale de l’évangile de Marc [11]. J. Delorme, professeur aux Facultés catholiques de Lyon, y a travaillé durant des années jusqu’à ses derniers jours en 2005. L’œuvre fut reprise par J.-Y. Thiérault, son plus proche collaborateur, qui nous livre ici le premier tome de cet imposant commentaire. L’auteur a recours aux principes, au regard et à l’expérience de la sémiotique, sans pour autant en utiliser la terminologie ou les formalisations : « Dans l’ouvrage que nous proposons au lecteur, avons-nous produit une lecture ou un commentaire ? Il est difficile de lui donner une étiquette prédéfinie. La démarche importe plus que le résultat toujours déficient. Nous avons tenté une démarche de lecteur qui cherche à se situer à l’intersection des possibilités ouvertes par le texte et des propositions de sens qui peuvent lui être faites. L’assignation d’un sens revient toujours au lecteur, qui doit s’y risquer, mais en cherchant si elle convient à la lettre du texte considéré dans sa globalité » (p. 26). À nouveau, nous sommes pleins de gratitude pour le travail de nos prédécesseurs dont nous bénéficions maintenant.

Signalons la réédition chez Labor et Fides du premier tome du commentaire de l’évangile de Luc par F. Bovon [12], professeur à l’Université de Harvard. Celui-ci date de 1991, mais cette réédition est bien précieuse, étant donné sa qualité et la rareté des commentaires du troisième évangile en langue française. On regrette néanmoins que la bibliographie n’ait pas été mise à jour : une proposition pour les deux volumes à venir.

Les mêmes éditions Labor et Fides publient un ouvrage sur la sotériologie lucanienne de D. Gerber, professeur à la Faculté de Théologie Protestante de Strasbourg [13]. L’angle d’approche est précis : la signification sotériologique de la venue de Jésus en Luc-Actes. L’auteur en donne les raisons : « Tout d’abord parce qu’il nous paraissait obvie qu’un auteur aussi réfléchi que celui de l’œuvre à Théophile n’avait pas entrepris de raconter à sa façon la naissance et la manifestation publique du Nazaréen sans raisons précises. À quoi nous ajouterons immédiatement que c’est le « commencement narratif » du récit lucanien qui nous a décidé à l’explorer sous cet angle spécifique, étant donné l’indéniable densité du vocabulaire du salut employé en ces deux chapitres introductifs. N’est-ce pas précisément une des fonctions de l’entame d’une narration que d’en orienter la lecture ? Enfin, et peut-être surtout, il nous semblait qu’une telle recherche permettait de recentrer utilement la question du sens accordé par Luc à la mort et à la résurrection de Jésus, dans la mesure où ces deux temps forts de la destinée du Maître étaient ainsi ramenés à deux moments d’un itinéraire de vie qui, en lui-même, révélait déjà la disposition bienveillante de Dieu à l’égard des hommes » (p. 263). En conjuguant approche narrative et critique historique, l’auteur nous fait parcourir l’ensemble lucanien : l’événement initial (Lc 1-2) ; l’événement en action (Lc 3-24) ; l’événement proclamé (Ac 1-28). Les fruits de ce parcours sont recueillis dans une dernière partie : l’importance de la venue de Jésus dans le dessein sotériologique de Dieu. Ainsi nous est-il proposé de « renoncer à l’alternative entre la theologia crucis et la theologia gloriae au profit d’une sotériologie de l’avènement étroitement liée à la manifestation terrestre du Nazaréen en sa linéarité » (p. 17). D’une grande densité, cet ouvrage aidera tous les Théophiles que nous sommes à se poser des questions.

Nous avions recensé, l’an dernier, l’ouvrage d’O. Flichy, professeur au Centre Sèvres, sur la figure de Paul dans les Actes des Apôtres (cf. Vs Cs 79, 2007, 291). Ce thème revient ici dans le n° 49 de la collection « connaître la Bible » aux éditions Lumen Vitae [14], sous une forme certes abrégée, mais d’autant plus incisive et bienvenue en cette année paulinienne.

En sens inverse, le n° 7/8 de cette même collection sur les deux livres de Luc (cf. VC 71, 1999-6, 409) ayant été rapidement épuisé, son auteur, M. Gourgues le réédite sous forme de volume, avec des mises à jour et des modifications plus ou moins importantes, aux éditions Médiaspaul [15]. La première partie ajoute à la présentation de Luc et des Actes celle de Marc, mais concision, clarté et précision sont toujours au rendez-vous.

Pour l’évangile de Jean, trois livres nous sont proposés. Le premier est le guide édité par le monastère des Bénédictines de Rixensart. Après avoir lu Marc (cf. Vs Cs 77, 2005, 264-265), les Actes des Apôtres (cf. Vs Cs 78, 2006, 276-277), et Matthieu (cf. Vs Cs 79, 2007, 288-289), on en vient cette année à Jean [16]. L’entreprise est destinée à des communautés paroissiales, groupes de jeunes, groupes de foyers, etc., désireux de creuser ensemble et de partager la Parole de Dieu, dans un climat de prière et d’ouverture à la conversion. La méthodologie et les différentes étapes proposées pour chaque rencontre sont les mêmes que précédemment, mais le titre évoque la spécificité johannique : Dieu est amour. « C’est dans ces écrits et particulièrement dans l’évangile que Jésus parle le plus du Père, de son projet d’amour pour l’humanité, de sa relation avec lui » (p. 6). Ces outils s’avéreront fort précieux.

P. Prigent, professeur émérite de la Faculté de Théologie Protestante de Strasbourg édite un commentaire du quatrième évangile qui veut s’adresser à d’autres qu’aux spécialistes [17]. Il explique les mots, les idées, les images, le contexte religieux et socioculturel, en y ajoutant la réflexion, voire la méditation. « Le lecteur attentif conviendra, je l’espère, que ces pages ne développent pas un système mystique personnel, mais qu’elles suivent pas à pas, sur la pointe des pieds, avec un profond respect, les phrases du 4e évangile en une démarche que j’aimerais qualifier de méditation exégétique » (p. 11). Effectivement, il en est ainsi, les péricopes sont considérées les unes après les autres, et au fil du texte, explications et réflexions alimentent la lecture du texte lui-même. Belle invitation à nous laisser conduire par la Parole de Dieu !

Enfin un substantiel commentaire de l’évangile de saint Jean nous vient de Suisse, sous la plume de J. Zumstein, professeur à l’Université de Zurich [18]. On peut être étonné de la parution du second tome sur Jn 13-21, avant le premier ; l’auteur lui-même précise : « Cette inversion dans l’ordre de publication s’explique par l’organisation de mes recherches. Elle n’est pourtant pas privée de sens dans la mesure où une lecture attentive du quatrième évangile montre que la clef herméneutique de l’évangile est donnée dans les discours d’adieu » (p. 5). Pour chaque section du texte, on trouve une bibliographie, une traduction littérale et un commentaire. Ce dernier se déploie à deux niveaux : le corps du texte se concentre sur l’interprétation suivie des séquences de l’évangile, tandis que les notes offrent des renseignements complémentaires de tous ordres (critique textuelle, informations historiques, littéraires, etc.) ainsi que différentes interprétations. La conclusion placée après chaque péricope synthétise les résultats de l’exégèse qui précède. Il s’agit donc d’une lecture séquentielle avec toutes ses richesses propres, tenant compte aussi des autres approches exégétiques. Une grande aide pour entrer toujours davantage dans l’évangile johannique. À recommander !

III

Commençons cette dernière section plus générale avec le livre de Benoit XVI intitulé tout simplement Jésus de Nazareth [19]. Pourquoi l’intégrer à notre chronique ? Il suffit d’écouter la fin du long avant-propos : « Pour ma présentation de Jésus, je fais confiance aux Évangiles. Bien entendu, on présuppose tout ce que le Concile et l’exégèse moderne nous disent sur les genres littéraires, sur l’intention des affirmations, sur le contexte communautaire des Évangiles et de leur parole dans cet ensemble vivant. En intégrant tout cela, du mieux que j’ai pu, j’ai néanmoins voulu tenter de représenter le Jésus des Évangiles comme un Jésus réel, comme un « Jésus historique » au sens propre du terme. […] Ce livre n’est en aucune manière un acte du magistère, mais uniquement l’expression de ma quête personnelle de « la face du Seigneur » (cf. Ps 26-27,8) […] Comme j’ignore de combien de temps et de combien de force je pourrai encore bénéficier à l’avenir, je me suis résolu à publier comme première partie les dix premiers chapitres, allant du baptême dans le Jourdain à la confession de Pierre et à la Transfiguration. Dans la deuxième partie, j’espère pouvoir encore offrir le chapitre sur les récits de l’enfance, que pour l’instant j’ai remis à plus tard, parce qu’il me semblait surtout urgent de présenter la figure et le message de Jésus durant son activité publique » (p. 17 et 19). Le parcours est constitué de dix chapitres aux titres évocateurs : le baptême de Jésus ; les tentations de Jésus ; l’Évangile du Royaume de Dieu ; le Sermon sur la montagne ; la prière du Seigneur ; les disciples ; le message des paraboles (avec trois paraboles lucaniennes) ; les grandes images de l’Évangile de Jean ; deux événements marquant de l’itinéraire de Jésus : la confession de foi de Pierre et la Transfiguration ; les affirmations de Jésus sur lui-même. À lire et à relire !

Dans la foulée du livre précédent, il est intéressant de découvrir un ouvrage publié aux éditions Lumen Vitae [20]. Cinq spécialistes bien connus de nos lecteurs présentent cinq portraits évangéliques de Jésus : Jésus, le maître d’Israël (Matthieu) par D. Marguerat ; Jésus paradoxal et énigmatique (Marc) par C. Focant ; Jésus, manifestation de l’offre du salut de Dieu (Luc) par D. Gerber ; Jésus, le Fils envoyé du Père (Jean) par Y.-M. Blanchard ; Jésus secret (les « évangiles » gnostiques) par J.-M. Sevrin. Ce dernier portrait nous permet de comprendre pourquoi il n’a pas été estimé complémentaire des quatre précédents par la tradition chrétienne : le Jésus gnostique est sorti de l’histoire et transformé en illuminateur, dissous dans le mythe. Nous sommes renvoyés au Jésus historique tel que nous le décrivent Matthieu, Marc, Luc et Jean.

Place aux femmes : les Cahiers de l’École Cathédrale poursuivent leur avancée avec un ouvrage de C. Pellistrandi, professeur d’Écriture sainte, sur les femmes de l’évangile [21]. Dans la préface, Mgr Beau, évêque auxiliaire de Paris, explique que chacun des portraits de femme développés par l’auteur, invite à contempler un modèle de l’humanité rachetée. Il s’agit donc de véritables catéchèses sur la mission rédemptrice du Christ. Ainsi, grâce à une lecture attentive de l’Écriture, apparaissent la Samaritaine (Jn 4, 1-42) ; la femme adultère (Jn 8, 1-11) ; la femme malade (Mt 9, 18-26 ; Mc 5, 21-43 ; Lc 8, 40-56) ; Marthe et Marie de Béthanie (Jn 11, 1-44) ; Marie de Magdala, au point culminant du parcours. L’auteur propose en finale une homélie d’Optat de Milève dont les derniers mots éclairent rétrospectivement l’ensemble de ce bel ouvrage : « À travers Marie Madeleine, apparaît en transparence une autre femme qui est mère, épouse, Église » (p. 122).

Un gros volume de D. Marguerat, le célèbre professeur de Lausanne, regroupe 18 de ses articles ou de ses contributions à un volume collectif, sous le signe de l’aube [22] : « C’est l’aube : les couleurs changent peu à peu. Le dialogue entre Église et Synagogue est toujours ouvert, à la fois vital et irrémédiablement conflictuel. Entre Jérusalem et Rome, le christianisme cherche son identité. Plusieurs théologiens de haut niveau vont produire des écrits où se fixe la mémoire chrétienne : l’apôtre Paul avec une importante correspondance, Marc avec le premier évangile, que Matthieu et Luc réécrivent en l’étoffant d’autres sources et que Luc fait suivre de la première histoire du christianisme (les Actes des Apôtres). Nous nous arrêterons là, au seuil des années 90 » (p. 10). Ainsi s’offrent à nous quatre parties : Jésus de Nazareth, Paul de Tarse, Marc et Matthieu, l’œuvre de Luc. Grand intérêt de disposer ainsi de tous ces articles regroupés.

Les récentes éditions Excelsis nous font parvenir la traduction d’une introduction au Nouveau Testament venant d’outre-Atlantique, ayant donné lieu à une première publication en 1992, et une seconde en 2005 [23]. Cette introduction écrite par deux biblistes de confession évangélique, se concentre sur les questions historiques d’auteur, de date, de sources, d’intention, de destination et autres questions du même ordre. Les auteurs ne minimisent pas les questions de forme littéraire, de critique rhétorique et de parallèles historiques, mais veulent ne pas séparer les livres du Nouveau Testament de leur contexte historique. Chaque livre néotestamentaire est présenté, avec un bref état de la recherche ainsi que certains aspects de la contribution théologique qu’il apporte au canon. « Notre but est de permettre à de nouvelles générations d’étudiants en théologie de mieux comprendre la Parole de Dieu » (p. vii). Effectivement, ce livre pourrait répondre à bien des attentes.

Nous clôturons notre chronique par deux livres couvrant le Nouveau Testament et l’Ancien. Le premier, publié aux éditions Lumen Vitae, a son origine dans un atelier biblique sur la littérature apocalyptique dont la visée était de lire l’Apocalypse de saint Jean [24]. Les écrits de cet atelier ont été retravaillé « en vue d’une publication qui soit à la fois accessible, lisible et intéressante » (p. 9). Après une introduction à la littérature apocalyptique, la première partie s’arrête sur de grands textes apocalyptiques tels que Za 3, 1-10 ; Dn 7, 1-28, puis sur le 4e livre d’Esdras issu de la littérature intertestamentaire, et enfin sur les apocalypses néotestamentaires que sont Mc 13 et Mt 24-25. La seconde partie peut alors aborder, « avec confiance et assurance » (p. 79), l’Apocalypse de Jean : quelques chapitres, parmi les plus significatifs, sont lus et resitués à l’intérieur du livre. Finalement, la troisième partie propose une réflexion et ouvre des pistes à explorer pour aujourd’hui. Une série d’annexes fournit une mine d’informations. Ce livre est particulièrement adapté au sujet qu’il traite, puisque l’enjeu du courant apocalyptique est de décrypter le présent à la lumière de la révélation du dessein de Dieu.

Enfin, le Réseau de recherche en narrativité biblique (RRENAB) propose les Actes de son troisième colloque international qui eut lieu à Paris en Juin 2006 [25]. « Le point de vue », désigné aussi par le terme « focalisation », tel était le sujet de ce colloque. Ainsi que le dit D. Marguerat dans sa préface, « l’analyse narrative des textes bibliques affine son outillage méthodologique ». Sur ce point, le colloque a permis d’échanger les divers points de vue ! Tout d’abord trois conférences sont présentées : « Points de vue et représentations du divin dans 1 Samuel 17, 4-51 » par A. Rabatel, de l’Université de Lyon ; « Vivre pour raconter : point de vue critique et éthique lucanienne » par J. Darr, de Boston College ; « À la croisée des mondes. Aspects narratifs et théologiques de point de vue dans la Bible hébraïque » par J.-P. Sonnet, de l’I.É.T. de Bruxelles. Puis suivent les interventions des dix séminaires proposés, soit au total 28 contributions. L’ensemble est impressionnant et passionnera tous les férus de narrativité, mais servira aussi à tous ceux qui étudient toujours à neuf le texte biblique.

[1Mgr P. Warin, Ph. Wargnies, Saint Paul, coll. « Que penser de… ? » 72, Namur, Fidélité, 2008, 12 x 19 cm, 10,00 €.

[2Ch. Delhez, Réjouissez-vous ! Textes choisis de saint Paul, Namur, Fidélité, 2008, 12 x 19 cm, 144p., 6,00 €.

[3M. Quesnel, Prier 15 jours avec saint Paul, Bruyères-le-Châtel, Nouvelle Cité, 2008, 11,5 x 19 cm, 128 p., 12,50 €.

[4M. Quesnel, Saint Paul et les commencements du christianisme, Paris, Desclée de Brouwer, 2008, 14 x 21 cm, 162 p., 17,00 €.

[5J. Blenkinsopp, Paul de Tarse. Une vie dans le Christ, Paris, Salvator, 2008, 14 x 21 cm, 134 p., 14,50 €.

[6Paul Apôtre, Sources Vives 140, juillet 2008.

[7Ch. Reynier, Pour lire saint Paul, coll. « Pour lire », Paris, Cerf/Médiaspaul, 2008, 21 x 21 cm, 176 p., 15,00 €.

[8E. Bianchi, Vivre, c’est le Christ. La Lettre aux Philippiens, coll. « Spiritualité contemporaine », Paris, Médiaspaul, 2007, 13 x 20 cm, 160 p., 16,00 €.

[9F. Martin, Le sacerdoce du Fils. L’Épître aux Hébreux : lecture sémiotique, Lyon, Profac, 2007, 15 x 21 cm, 204 p., 17,00 €.

[10B. Régent, L’énigme des talents. Une lecture de la parabole de Matthieu, coll. « Études bibliques » 145, Paris, Médiasèvres, 2008, 17 x 24 cm, 160 p., 13,00 €.

[11J. Delorme, L’heureuse annonce selon Marc. Lecture intégrale du 2e évangile, I, coll. « Lectio Divina » 219, Paris/Montréal, Cerf/Médiaspaul, 2007, 13,5 x 21,5 cm, 576 p., 39,00 €.

[12F. Bovon, L’Évangile selon saint Luc (1-9), coll. « Commentaire du Nouveau Testament, deuxième série » IIIa, Genève, Labor et Fides, 2007, 17,5 x 23,5 cm, 520 p., 61,00 €.

[13D. Gerber, « Il vous est né un Sauveur ». La construction du sens sotériologique de la venue de Jésus en Luc-Actes, coll. « Le monde de la Bible », Genève, Labor et Fides, 2008, 15 x 22,5 cm, 296 p., 30,00 €.

[14O. Flichy, Luc, Paul et les Actes des Apôtres. L’histoire d’un héritage, coll. « Connaître la Bible » 49, Bruxelles, Lumen Vitae, 2007, 15 x 21 cm, 80 p., 10,00 €.

[15M. Gourgues, Marc et Luc. Trois livres, un évangile. Repères pour la lecture, coll. « Lectures bibliques » 48, Montréal, Médiaspaul, 2007, 14 x 21,5 cm, 152 p., 13,10 €.

[16Aa. Vv., Dieu est amour. Guide pour une lecture communautaire de l’Évangile selon saint Jean, coll. « La casa de la Biblia », Rixensart, Monastère des Bénédictines – Centre le Chemin, 2008, 14 x 21 cm, 112 p. (participant) et 144 p. (animateur), 7,00/et 13,00 €.

[17P. Prigent, Heureux celui qui croit. Lecture de l’Évangile selon Jean, Lyon, Olivétan, 2006, 15 x 22,5 cm, 320 p., 24,50 €.

[18J. Zumstein, L’Évangile selon saint Jean (13-21), coll. « Commentaire du Nouveau Testament, deuxième série » IVb, Genève, Labor et Fides, 2007, 17,5 x 23,5 cm, 328 p., 27,00 €.

[19J. Ratzinger, Benoît XVI, Jésus de Nazareth, 1 : Du baptême dans le Jourdain à la Transfiguration, coll. « Champs essai » 773, Paris, Flammarion, 2008, 11 x 18 cm, 432 p., 10,00 €.

[20C. Focant (dir.), Jésus. Portraits évangéliques, coll. « Trajectoires » 18, Bruxelles, Lumen Vitae, 2008, 13,5 x 19,5 cm, 152 p., 17,00 €.

[21C. Pellistrandi, Femmes de l’Évangile, coll. « Cahiers de l’École Cathédrale » 80, Les Plans sur Bex (Suisse), Parole et Silence, 2007, 14 x 21 cm, 134 p., 14,00 €.

[22D. Marguerat, L’aube du christianisme, coll. « Le monde de la Bible » 60, Paris/Genève, Bayard/Labor et Fides, 2008, 14,5 x 22,5 cm, 536 p., 27,50 €.

[23D.A. Carson & D.J. Moo, Introduction au Nouveau Testament, Charols (France), Excelsis, 2007, 18 x 25 cm, 756 p., 40,00 €.

[24A. Buekens, F. Dumortier, Catastrophes ou révélations ? L’univers des Apocalypses, coll. « Sens et Foi » 6, Bruxelles, Lumen Vitae, 2007, 15 x 21 cm, 184 p., 18,00 €.

[25Aa. Vv., Regards croisés sur la Bible. Études sur le point de vue. Actes du IIIe colloque international du Réseau de recherche en narrativité biblique (Paris, 8-10 juin 2006), coll. « Lectio Divina », Paris, Cerf, 2007, 13,5 x 21,5 cm, 480 p., 32,00 €.

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